Nick Mulvey

Après avoir relaté ses doutes et les épreuves traversées sur un premier volet paru plus tôt cette année, Dark Harvest pt.2 apparait pour Nick Mulvey comme l’album de la résolution et l’aboutissement d’un voyage douloureux. Si la discographie du Britannique a toujours été traversée par des élans de spiritualité, ce dernier opus témoigne d’une conversion religieuse totale avec des chansons qui abordent aussi bien la thématique de l’humilité et de la remise de soi face à une entité supérieure que la guérison spirituelle et l’apaisement dans la foi. Nick Mulvey présente ainsi ce second volet comme un remerciement à ce qui réconforte et qui restaure : la communauté, la famille, la transcendance.

Ce deuxième volet se veut donc traversé d’une énergie positive à l’instar du titre d’ouverture "Every Open Heart", influencé par les rythmes des musiques du monde et qui invite à prendre le parti de l’espoir ou encore de l’americana entrainante de "Wild Atlantic Way" et son entrecroisement chatoyant de flûte et de violon. Sans grand changement par rapport au premier volet, on retrouve ces mélodies mi douces mi amères qui restent en tête et ce jeu en picking énergique sur "For Real"  ou encore sur "Supernatural Healing". Lorsque le tempo ralentit, on retrouve cette tristesse en apesanteur habillé du humming typique du natif de Cambridge sur "East of Eden" et on se laisse sans mal embarquer par le flot mélodique de cette folk à fleur de peau.

De fait, si le langage de la musique est universel, l’imagerie religieuse très appuyée présente sur tous les titres et cette invitation répétée à lâcher prise pour se consacrer à une vérité ineffable et divine peut finir par lasser à l’instar d’un "Amen" ou d’un "Find Me" peu mémorables dans leur écriture et d’un "Handing it Over" dépouillé qui repose surtout sur son texte…

Dark Harvest pt. 2 est avant tout le témoignage d'un "born again", et il prend le risque de ne pas parler à tout le monde. Avec un niveau d'écriture en baisse et une certaine redondance par rapport au premier volet, cette dernière production s’aliénera les auditeurs allergiques à l’évocation du sacré et prendra même le risque de lasser les autres. Si la musique est moins bonne, il ne reste plus que le message, et ce dernier peut diviser. Mais après tout, comme le dit l'apôtre Paul dans la lettre aux Galates, "Chacun récolte ce qu'il a semé"...