Evangelicals

Vous aimez la pop grandiloquente ? Vous appréciez les bidouilles en tous genres, les sonorités barrées, truffées d’effets à gogo et d’expérimentations loufoques sur fond de mélodies pop ? Alors jetez vite une oreille à Evangelicals, vous ne le regretterez pas. Les évangéliques, un bon petit patronyme, qui d’entrée colle une belle étiquette mystique sur le dos de ces quatre garçons américains qui sortent là leur second opus. Pas grand-chose à voir avec la religion, même si un côté mystique indéniable se dégage de leur musique. A vrai dire, il suffit d’écouter cet album une fois, pour comprendre où le groupe veut en venir.

L’atmosphère musicale de The evening descends ne cesse de passer du glauque au joyeux tout au long de l’album, toujours entre deux eaux, comme emprisonné entre rêve et cauchemar, sans jamais ne privilégier ni l’enfer ni le paradis. L’ambiance nocturne de l’album évoque bon nombre d’influences récentes. On songe bien sûr aux expérimentations et au bricolage made in Animal Collective, mais aussi au côté grandiloquent que l’on retrouve chez Arcade Fire ou Broken Social Scene.

Le rock indie des Evangelicals fait vite mouche et cet album s’impose tout naturellement comme l’une des meilleures nouvelles de ce début 2008. On retrouve une pop inventive, à la fois pleine de maîtrise et de folie.

D’entrée, la petite ballade folk éponyme affiche une voix frêle et des chœurs légers et introduit parfaitement la suite. Puis le rythme s’accélère gentiment, les morceaux se suivent sans jamais se répéter. Le psychédélisme est de sortie, rappelant notamment les Flaming Lips ("Midnight vignette"). Entre mélodies pop acides et mélanges vocaux, on se délecte des bidouillages et des bruitages parfois complètement effrayants (notamment sur l’excellent single "Skeleton man", dont la construction rappelle le meilleur de My Morning Jacket).

Que de références donc, mais toujours cette musique assumée, truffée de détails et de bruits en tous genres nous maintenant dans une atmosphère à la fois rassurante et cauchemardesque, comme dans un rêve bizarre. On retrouve ce paradoxe et une variété infernale jusqu’au sein d’un seul et même morceau : passages complètements différents, tout en évolution, en boucles et en alternance.

Les fonds sonores effrayants (sirènes, hurlements, synthés grinçants) font place à des petits bijoux de mélodies, comme sur le très psycho "Party crashin’". La folie et les guitares saturées sur fond électro de "How do you sleep ?" étonnent, là où le calme et les mélodies des deux derniers morceaux de l’album nous font nous réveiller en douceur. Il ne faudrait pas oublier le jouissif "Bellawood", sorte de post punk hanté joué façon Beetlejuice, ni les morceaux plus apaisés, entre ballades à la Band Of Horses et comptine enfantine nous rappelant que le monde du rêve est bien celui des enfants ("Snowflakes").

The evening descends est un album fantastique très réussi, qui rend totalement dépendant et qui ajoute sa pierre à l’édifice d’une pop en perpétuel besoin de renouvellement. 2008 commence très fort ; les Evangelicals nous ont prévenu !