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Critique d'album

Frank Zappa


Over-Nite Sensation


(07/09/1973 - Discreet - Rock, jazz, avant-garde - Genre : Rock)
Produit par Frank Zappa

1- Camarillo Brillo / 2- I'm the Slime / 3- Dirty Love / 4- Fifty/Fifty / 5- Zomby Woof / 6- Dinah-Moe Humm / 7- Montana
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Plus accessible que ses prédécesseurs, Over-Nite Sensation marque le début d’une des périodes les plus fameuses de Frank Zappa"
Franck, le 20/05/2023
( mots)

Si Waka/Jawaka et The Grand Wazoo sont aujourd’hui considérés comme des indispensables au sein de la luxuriante discographie de Frank Zappa - des œuvres virtuoses et foisonnantes qui ont à elles seules définies les contours du jazz fusion -, ces albums ont été de cuisants échecs commerciaux lors de leurs sorties en 1972, en plus de constituer un véritable gouffre financier*. Bien obligé de revoir sa copie, le multi-instrumentiste américain bifurque alors vers une approche nettement plus accessible, reformant pour l’occasion une ultime mouture de son indéfectible groupe des Mothers of Invention. Over-Nite Sensation, treizième album (hors live et B.O.) associé à l’œuvre de Frank Zappa, se veut ainsi plus concis et abordable en revenant à des structures plus conventionnelles avec chant.


Le grand écart de style est perceptible dès l’ouverture de l’album avec la mélodie prégnante et aguicheuse de "Camarilli Brillo", un morceau entrainant qui sous sa structure linéaire permet de mettre en avant de manière parfaitement lisible et harmonieuse une large panoplie d’instruments (cuivres, percussions en tout genre, piano, guitare folk…). L’album prend même des tournures funky, voire même pop, avec l’exaltant "Dirty Love" qui interpelle instantanément avec son groove imparable, ses paroles facilement assimilables et sa section rythmique basse-batterie prédominante. L'aspect dynamique et enjoué est également renforcé grâce à la participation de Tina Turner & The Ikettes** qui assurent les chœurs sur plusieurs morceaux du disque.


Accessibilité ne rimant pas avec conformisme, Zappa continue bien évidemment de faire du Zappa ! On retrouve ainsi les habituelles extravagances chères au guitariste moustachu, que ce soient dans l’aspect théâtral et grand-guignolesque d’un "Fifty-fifty", composition débridée typiquement zapaïenne marquée par la prestation endiablée de Ricky Lancelotti (inimitable chanteur à la voix cassée), ou encore ce penchant pour la lubricité et l’esprit paillard à l’image des paroles explicites de "Camarilli Brillo", voire délibérément salaces sur "Dinah-Moe Humm" (« I knew right away she was really gonna cum, So I got down to it… » / « J'ai tout de suite su qu'elle allait jouir, alors je m’y suis mis »). La portée sexuelle est d’autant plus forte que Zappa opte pour un parlé-chanté qui renforce grandement la perception vicieuse de la chose... On peut aisément supposer que les textes de l’album sont une des raisons (si ce n'est la raison) pour laquelle Turner et les Ikettes insistèrent pour ne pas être créditées...


Qu’on aime ou pas le personnage (Zappa a toujours revendiqué son côté vulgaire et provocateur), on ne peut que s’extasier devant tant d’inventivité et de maitrise technique. Nous avons clairement à faire à une troupe de musiciens surdoués capables de s’adonner à l'improvisation et à la profusion instrumentale à travers une orchestration millimétrée. En plus des Mothers - dont la variante de 1973*** est assurément la plus mémorable -, nous profiterons des interventions toujours aussi savoureuses de Sall Marquez (trompette sur "Dinah-Moe-Humm"), Jean-Luc Ponty (qui se livre à un fabuleux solo de violon sur "Fifty-fifty") ou encore Ian Underwood, grand fidèle de Zappa qui enrichit une nouvelle fois les compositions de sa polyvalence instrumentale (clarinette, flûte et saxophone).


Finalement, le génie de Frank Zappa réside en partie dans l’insolence de sa musique : celle d’oser confronter la virtuosité et l’argot, mais aussi de bousculer les codes du rock et du jazz grâce sa liberté de ton et son fort penchant pour l’absurde. La palme revient ainsi au titre "Montana", une chanson à la structure imprévisible (devenue par la suite un passage obligatoire en concert), qui, en bonne parodie du rêve américain, conte l’histoire d’un homme se lançant dans la culture de fil dentaire...


Enjoué et accessible tout en se montrant aventureux (pour ne pas dire sulfureux), One-Nite Sensation marque une étape décisive dans la carrière de Frank Zappa. L’album permet en effet à l’artiste américain de s’ouvrir à un plus large public - un public qui lui restera fidèle par la suite -, mais aussi d’ouvrir le pas à une quadrilogie d’albums de grande qualité (complétée par les opus Apostrophe (‘), One Size Fits All et Bongo Fury), pour ce qui est considéré par beaucoup comme étant l’âge d’or des Mothers of Invention.


 


* En 1972, Zappa était allé jusqu’à mettre sur pied son propre orchestre big band. L’orchestre du Grand Wazoo était alors composé de 22 musiciens émérites. 


** The Ikettes était le groupe de choristes qui accompagnait les concerts de Ike Turner et sa femme, la chanteuse Tina Turner dans les années 1960.


*** The Mothers of Invention est composé entre 1973 et 1975 de Napoleon Murphy Brock (chant, saxophone), George Duke (claviers), Ruth Underwood (percussions), Chester Thompson (batterie), Tom Fowler (basse), Bruce Fowler (trombone) et Ralph Humphrey (batterie). 

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