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Critique d'album

Iron & Wine and Ben Bridwell


Sing Into My Mouth


(17/07/2015 - Brown Records, Black Cricket - Folk dream team - Genre : Chanson / Folk)
Produit par Sam Beam, Ben Bridwell

1- This Must Be the Place (Naive Melody) / 2- Done This One Before / 3- Any Day Woman / 4- You Know Me More Than I Know / 5- Bulletproof Soul / 6- There's No Way Out of Here / 7- God Knows (You Gotta Give to Get) / 8- The Straight and Narrow / 9- Magnolia / 10- Am I a Good Man? / 11- Ab's Song / 12- Coyote, My Little Brother
Note de /5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"Les deux barbus les plus excitants de la folk échouent à rendre leur disque de reprises mémorable"
Nicolas, le 02/09/2015
( mots)

Certains albums, sur le papier, partent d’une bonne idée et font diablement envie. Ainsi, le fait de voir réunis sur un même disque deux des plus grands songwriters de la vague pop-folk indé américaine a de quoi faire frémir. Inutile de rappeler les mérites de Sam Beam, aka Iron & Wine, le barbu qui a dépoussiéré la folk roots et qui, de sa cuisine, a progressivement migré vers les studios d’enregistrement en instillant à sa musique des racines modernes avec une franche réussite. Idem pour Ben Bridwell, l’autre barbu, frontman et tête pensante de Band of Horses et auteur de chansons tout aussi magnifiques que celles de son collègue. Donc oui, a priori, Sing Into My Mouth, le projet réunissant les deux hommes et consistant à reprendre des morceaux d’autres artistes pop  pour les folkiser, Talking Heads, Sade, John Cale, Spiritualized, etc, met l’eau à la bouche.


Sauf qu’à l’arrivée, on déchante quand même beaucoup, et ce pour de nombreuses raisons. La première est que Beam et Bridwell n’ont pas vraiment cherché à instiller de la cohérence à leurs interprétations. On a donc plus affaire à une collection de morceaux glanés au petit bonheur la chance et chantés selon l’inspiration du moment. De fait, on peine à comprendre, par exemple, comment la voix des deux américains peut aussi bien se marier sur l’inaugural “This Must Be The Place”, parfaite entrée en matière et feuille de route idéale pour un dessein de cette envergure, alors que l’organe de Bridwell, exaltant son émotion, jure tellement sur le titre suivant, “Done This One Before”. De la douceur écorchée du duo, on passe à une exercice quasi-solo surjoué qui crée une cassure et un décrochage assez net à l’écoute. Autre écueil de taille, la slide guitar. Les deux folkeux se sont dits qu’il serait sans doute bon d’imprimer une touche country à leurs balades, mais le recours systématique aux glissements de bottleneck irrite passablement quand on sait que de tels arrangements sont prépondérants sur les six premiers morceaux, notamment sur “Anyday Woman” au point de phagocyter complètement la gratte sèche et l’accordéon de ce joli titre sensible. Ce n’est qu’à partir de “God Knows” et ses notes de trompettes et de clarinette qu’on commence à percevoir un semblant d’originalité dans l’accompagnement, même si la slide ne disparaît jamais complètement du disque. Un titre par ailleurs intéressant dans son traitement pyschédélique embrumé qui nous fait passer de l’autre côté de ce miroir folk poussiéreux. Troisième et dernier écueil, le choix de ne se focaliser que sur des balades douces-amères dont certaines, malgré toute l’énergie mise dans leur interprétation, échouent à passionner. “You Know More Than I Know” est ainsi de ces titres irritants dans sa ringardise, sans compter qu’il cumule les deux défauts pré-cités jusqu’au point de rupture. D’autres pièces, à l’inverse, sont tellement mièvres qu’elles échouent à se montrer intéressantes et mémorables (“Bullet Proof Soul”, indigente).


Ne boudons malgré tout pas complètement notre plaisir. Ben Bridwell et Sam Beam sont de très bons chanteurs et d’excellents instrumentistes, sans compter que parfois, certains de leurs choix font mouche. On adhère par exemple sans réserve à “There’s No Way Out Out Of Here”, réinterprétation futée d’un morceau de David Gilmour avec des secondes voix travaillées et une palette sonore intéressante où s’invite fort à propos un orgue Hammond parcimonieusement et judicieusement mis en valeur. Dans le même genre que “God Knows”, avec ses nuances de cuivres et de voix psyché matraquées d’écho, “Magnolia” parvient également à tirer son épingle du jeu de fort belle manière. Ailleurs, c’est le songwriting, donc la chair et le sang des morceaux choisis, qui fait la différence, on pense notamment à la belle mélodie, triste, lancinante, de “Am I A Good Man” sur laquelle se déchaînent en arrière plan les claviers les plus divers, ou encore à “Ab’s Song”, de très très loin le meilleur titre du lot malgré sa bien trop grande brièveté. Et comme par hasard, c’est un simple guitare sèche - voix. Quelle ironie.


Il faut plutôt prendre ce album mené conjointement par Sam Beam et Ben Bridwell comme une récréation parmi d’autres projets se voulant plus “sérieux” et une sorte d’exercice de style mené sans réelle recherche de résultat. On s’étonne malgré tout de constater que les deux hommes s’avèrent nettement plus à l’aise avec leurs propres compositions qu’avec celles des autres, preuve en est, certainement, que l’épreuve des covers ne peut pas être surmontée par n’importe qui, même si, de prime abord, les deux hommes semblaient être taillés pour relever un tel défi. On se rabattra donc sur les prochaines productions studio d’Iron & Wine et de Band Of Horses, même si, à la lumière des résultats on ne peut plus mitigés de Ghost on Ghost et de Mirage Rock, on ne soit pas forcément si pressés que ça d’attendre des nouvelles de ces deux barbus qui, fut un temps, ont réellement rayonné sur la folk indie américaine...

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