
Gang Clouds
Time Makes Us Wiser
Produit par


Selon un adage ancestral bien connu :"qui fait des singles de Noël part avec un avantage de dix points". Ten points donc pour les flamboyants rockeurs du 62 j’ai nommé les Gang Clouds, le trésor le mieux caché dans plusieurs départements à la fois (calmons nous: dans les Hauts de France). Ils ne sont d'ailleurs pas si confidentiels, puisqu'on avait pu les apercevoir et même leur parler au Main Square en 2023.
Gang Clouds c’est un line up qui a un peu tourné depuis douze ans pour trouver une stabilité aujourd’hui permettant la sortie de leur premier album. Mais l’atmosphère amicale qui envoie du bois du grenier où ils avaient pris l’habitude de répéter reste la même. Ce lieu de création, à la forme triangulaire, a des airs de cabanes (stylées) "A frame" - selon leur propre description - des Etats-Unis, et ça tombe plutôt bien tant leurs inspirations nous amènent bien à l’ouest, pas loin du label Sub Pop.
Un pétulant bric à brac d’influences pop des sixties cependant soigneusement agencé, au vu du souci du détail apporté à l’élaboration des titres et de leurs mélodies. A l’image de "My Youth", qui n’a de nonchalant que son intro chapeau Stetson, le piano laisse place à des choeurs et cordes sur un fond de refrain doux amer, mais dont les notes retombent inexorablement sur des accords majeurs pour un résultat jamais cafardeux. Même l’apitoiement devient gentiment conquérant avec "True Love" qui clame "I’m a desperate case but everyone deserves true love". On peut penser à Erland and The Carnival pour le côté ludique touche à tout, et à Sir Macca qui est souvent partout mais ici surtout sur le pont.
Les ponts c’est des passerelles et il y en a plein - et ils sont souvent inattendus dans le bons sens - dans cet album qui clame une sagesse (puisqu'il se nomme Time Makes Us Wiser) mais qui est rempli de fraicheur des Polyphonic Spree ("At Last Summer Ends") et d’Arcade Fire en plus fréquentable. "But Tonight", titre "ancien" reconditionné, a des petits airs gothiques (mais Tim Burton reste californien) rattrapés par l’irréprochable "May" qui ressuscite les Bewitched Hands (ce revirement à trois minutes). Une fanfare un peu magique ces Gang Clouds qui savent voguer loin et voir large tout en gardant un style reconnaissable.
Oui, on s’amuse mais on n’improvise pas tant que ça à Arras, et si on superpose les instrus dans un titre, c’est toujours cadré au service de la mélodie. "Will You Send Me an Old-Fashioned Christmas Card (This Year)" avait ce ton mi désabusé, mi décadent - avec la parenthèse dans le titre qui va bien - et annonçait en 2022 le ton du Gang: celui d'un collectif d’un genre suffisamment rare en France pour en être passionnant. La météo est au beau fixe pour Gang Clouds!