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Critique d'album

Kaiser Chiefs


Duck


(26/07/2019 - Polydor Records - Brit-rock - Genre : Rock)
Produit par Ben H Allen

1- People Know How To Love One Another / 2- Golden Oldies / 3- Wait / 4- Target Market / 5- Don't Just Stand There, Do Something / 6- Record Collection / 7- The Only Ones / 8- Lucky Shirt / 9- Electric Heart / 10- Northern Holiday / 11- Kurt vs Frasier (The Battle For Seattle)
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Ils sont de retour !"
Mathilde, le 13/08/2019
( mots)

On s’était coltiné la programmation de la playlist de leur quatrième album (oui car les gars n’étaient pas foutus de le faire eux mêmes), on avait saigné des larmes de sang et de honte pour la perfide Albion et ses groupes "lads-oh oh oh-qu’on aime bien" sur leur dernier effort (effort!) Stay Together de 2016 qui ne ressemblait à rien (de bien) et surtout de moins en moins à eux. Alors est-ce que perdre son batteur/compositeur, se délester du poids (et de son intégrité) en faisant le jury à The Voice fait diminuer son talent avec? Pour l’instant on part sur la réponse: oui/ absolument/ fauteuil qui se retourne/ je te veux dans mon équipe toute pourrie.


Faut pas se le cacher, pendant les deux premiers titres on serre les fesses. Car c’est pas nul mais pas loin. Les adjectifs élaborés manquent face à cette vacuité musicale et ce manque d’engagement. Les Anglais trempent le petit orteil au lieu de de se jeter à l’eau, enfin les gars choisissez un chemin (nom d’un chien)! Pour l’instant on part sur un camaïeu de rose d’une tenue qui viendrait de chez Camaïeu (allez, qui réussit à vraiment aimer cette marque?). C’est fade et sans réel intérêt. C’est sûr que les Chiefs n’ont plus vingt ans et que les chansons cheesy d’ado ne sont plus de leur âge, mais de là à intégrer un sitcom avec Vanessa Hudgens, il doit certainement y avoir une autre voie. Parlons de voix (transition), Ricky chante différemment et sans doute mieux. Être coach à The Voice et faire ses vocalises et autre warm up avec Tom Jones a sûrement aidé. Sourire au lieu de nasiller a un effet bénéfique et c’est un premier bon point pour l’album.


On démarre donc avec "People Know How To Love One Another" qui se présente aussi cucul que son titre, un hymne positif gluant en mode "Si t’es content d’être là tape dans tes mains", même si on perçoit une ressemblance mélodique avec "Everything Is Average Nowadays" et l’espoir point au bout du tunnel. Vient "Golden Oldies" où Ricky parle de Noël et ça s’annonce dandinant et sautillant sur les couplets, et puis le pré-refrain et refrain foutent la moitié du travail par terre. Allez les gars on est presque sur une chanson correcte dans son entièreté! Et c’est avec joie que cet espoir est confirmé par le troisième titre qui a de la gueule, qui monte en puissance et éclate sur un refrain anglo-anglais post-pop-punk mouvance 2004 (on y entendrait presque une tendance Lily Allen), enfin! Et quelle joie d’enchainer avec "Don’t Just Stand There Do Something", qui renoue directement avec les deux premiers albums. Les lads de Leeds sont ils de retour? Dès le quatrième titre on se surprend à penser: "Hé-oh-mais-attends, quelle est cette douce mélopée?", "Target Market" est un slow qui est tout fait acceptable, entre le sirupeux Duran Duran et l'avisé Maximo Park. Oui, 2019 est l’année où les Kaiser Chiefs reviennent avec leur morceaux martelants et piquants et qui donnent envie de danser et on ne leur demandait pas plus, et pas moins.


Était-ce se rapprocher (à nouveau) du sacro saint Mark Ronson (pas au niveau de la production) et de faire une cover de "Record Collection" qui a constitué un début de solution? Sûrement car Mark sait surfer sur la vague de l'industrie musicale et a l'esprit lucide, il a récemment écrit L’art subtil de s’en foutre : un guide à contre courant pour être soi même, et c’est peut être la recette suivie par le groupe: ne pas chercher ce qu’il ne sont pas et se concentrer sur les ressources à disposition. Ne pas copier pour mieux exister. Les Kaiser Chiefs ont confié dans une récente interview ne pas vraiment apprécier leur premiers albums qui étaient selon eux trop bâclés, et qu’ils préféraient maintenant les faire mijoter façon ragoût middle class. Le groupe avoue aussi ne pas avoir voulu faire de compromis niveau identité et d’étirer cette dernière sans la détruire, c’est sans doute cet équilibre qui les rend à nouveau attachants.


Bon, on trouve aussi des ratés Disney Channel ("Lucky Shirt", "Northern Holidays") mais il y a bien la moitié de l’album qui se laisse écouter, soit au moins deux fois plus que les deux albums précédents. Après si vous voulez du 100% Kaiser Chiefs et un achat rentable d’album, mieux vaux  vous tourner vers leur best of Souvenir: The Singles 2004-2012 à base de beaucoup de voyelles braillées "Ooooooh-ooooooohhhhh", "Na na na na na", "Ruby Ruby Ruby", "Ahahahahaaa", voyelles braguettes aussi car on y trouve beaucoup de chansons sur la drague et les filles. De ce côté-là la gouaille des anglais est aujourd'hui intacte et permet de faire fuser des paroles telles "99 problems, and every single one with a flake" sur "Wait" qui sont aussi aigres-douces que "Everyday I Love You Less And Less". Avec "Target Market" on rit aussi gentiment: "You are my target market, You’re the only one I wanted to impress, My demographic, In a vintage party dress".


Cet album est tel un éclat de rire franc et harmonieux entendu à la débottée dans un café. Ou comme la piscine publique dans Stranger Things (ou celle qu’on pourrait supposer sur leur pochette d’album très David Hockney) c’est pas ouf mais ça fait bien plaisir d’y aller. Duck est charmant et ça redonne espoir pour ces groupes qui se trouvent face au fatal moment où ils sont contraints de faire du neuf avec du vieux, sans changer leur sonorité de départ. Les plus forts transforment l’essai en pimpant leur musique avec d’autres influences, pour les autres, comme les Chiefs, mieux vaut s’accrocher à  son propre slibard. Quinze ans après leur premier album et une tournée en passant par Wembley pour supporter les anecdotiques The Who, les Chiefs ont voulu, comme une sorte d’urgence nostalgique (assez en vogue en ce moment) revenir aux sources, à l’essentiel, à la substantielle moelle de leur ADN. Eh ben pas trop tôt les potos.

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