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Critique d'album

Kings of Leon


When You See Yourself


(05/03/2021 - - Garage rock sudiste - Genre : Rock)
Produit par

Note de 3/5
Vous aussi, notez cet album ! (23 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 2.0/5 pour cet album
"Dommage de manquer de sincérité, surtout lorsque l’on n’a rien à dire."
Diego, le 30/06/2021
( mots)

Le crépitement des oignons dans la poêle chaude. Un filet d’huile d’olive pour leur permettre de cuire délicatement, de roussir pour prendre cette coloration qui appelle la gourmandise. Il s’agit d’un art délicat, de leur permettre de chanter sans tourner le potard à un point qui les ferait brûler, telle une enceinte poussée au-delà de ses limites par un ampli.
Le ressac de la houle, cet appel à la sérénité et à la zénitude, à la fois régulier, prévisible, rassurant et surprenant. C’est autant de galets qui s’entrechoquent à chaque ondulation du voile marin, autant de grains de sable qui glissent en couche les uns sur les autres, pour créer ce paysage sonore harmonieux.
L’air mélodique des mésanges bleues et des fauvettes à tête noire, douce mélodie printanière aux oreilles des profanes, réel échange d’information pour quiconque maîtrise quelques notions d’ornithologie acoustique. Solistes perchés, ces créatures rivalisent d’ingéniosité et de créativité pour composer des chants sensationnels, et pour autant identifiables et reconnaissables. Une vraie patte artistique en somme.
Le bruit quasi-continu des feuilles d’olivier délicatement poussées les unes contre les autres par le mistral, concert de percussion feutré et élégant, qui ne jurerait pas dans une section rythmique teintée de jazz.
Le chant de la première cigale, précurseur de la chaleur estivale à venir, faisant frotter ses ailes avec la virtuosité d’un guitariste (un peu bloqué sur la même gamme pentatonique, on vous l’accorde).
Le tonitruant remous d’une cascade fracassant la surface de la rivière dans laquelle elle se jette. Une intensité incroyable, épuisante et fascinante.
Pour autant que l’on pousse l’exercice à la recherche de sons naturels non accessibles à l’oreille humaine dans un environnement direct, des sites internets d’instituts de biologie marine (*) proposent des exemples de vocalises de mammifères tels que la baleine à bosses, sensationnelles Callas des mers, au répertoire sonore hallucinant.

La liste pourrait continuer encore longtemps. Vous l’aurez peut-être compris, il s’agit ici de tenter de mettre à l’honneur ce que le monde a à offrir de plus beau à nos humbles canaux auditifs. Le récent confinement a permis à certains écosystèmes d’augmenter leurs développements (on pense notamment aux cachalots méditerranéens, auxquels les HLM flottants qui servent de bateaux de croisières ont foutu la paix pendant quelques mois). Il parait même que des oiseaux ont été entendus à Paris en avril 2020. Des études scientifiques ont conclu sur le bénéfice de ces paysages acoustiques, bien trop souvent considérés comme de la pollution sonore (**).
De pollution sonore il va être question dans cette chronique. Le jugement est partial, sévère, probablement un peu injuste. C’est assumé. C’est également à la hauteur des attentes pour un groupe aussi côté.
Kings of Leon donc. Les Strokes du Sud, devenus U2 du Sud… Et si on laissait le Sud tranquille ?
Les premiers opus de la fratrie Followill (en réalité trois frangins et leur cousin), avaient ce bon goût de rock garage honnête, inspiré, avec la juste quantité de production crados qui leur donnait cette authenticité et cette identité sudiste donc. S’en est suivi le virage power pop, avec les tubes planétaires "Use Somebody" et surtout "Sex on Fire", massacré dans tout karaoké qui se respecte.
Le dernier album des Kings, WALLS, n’avait pas réellement créé de remous, tant il était inoffensif. On trouvait tout de même quelques qualités dans ce disque, même si la recherche de tubes radiogéniques dans les compositions du groupe semblait tourner à l’obsession.
Le successeur, intitulé When You See Yourself, emboîte globalement le pas. Les premiers singles ne sont pas désagréables, en particulier "The Bandit", plutôt entraînant sans être renversant, mais l’écoute des titres dans l’ordre chronologique de l’album réserve une autre expérience. Celle de l’ennui. L’opener propose une intro interminable qui se veut tout en tension sans jamais de relâchement et finit par lasser, malgré les rebonds de basse égayant les arpèges de guitare peu inspirés et surtout très répétitifs !


La platitude mélodique semble être de rigueur également sur "100,000 People", 5'44 pour ce titre où l’on peine à déceler trois notes de basses. L’écoute devient un exercice de patience de moine taoïste.


Des pistes comme "Golden Restless Age", "Stormy Weather" ou "Echoing" sont cruelles tant elles donnent envie d’y croire : les guitares sont quasi incisives, la rythmique en place, bien que la compression excessive ne fasse pas du bien aux titres. Jusqu’à ce que le refrain tout en pseudo retenue ne fasse retomber le soufflet. Ces morceaux sont tout de même suffisamment bien construits pour éviter l'accident industriel et sauver les meubles un tant soit peu.


Thématiquement, il est extrêmement difficile de trouver un fil conducteur à l’album. Non pas que l’on soit systématiquement à la recherche des indices d’un concept-album, mais, à défaut de révolutions mélodiques, on est en droit d’attendre des chansons de 5 minutes ou plus qu’elles nous prennent la main pour nous mener quelque part. Ici la main est molle, un peu moite et ne semble pas franchement savoir où aller ("Supermarket" revendique même "I’m going nowhere, If you got the time").


"Claire & Eddie" propose un retour en arrière aux racines country du groupe qui n’est pas désagréable mais s’éternise un peu. Idem pour un "Fairytale" gavé de réverb. Quant à "Time in Disguise", les règles de la bienséance imposent une impasse sur ce titre qui ne mérite pas plus que ces quelques mots.


Sur "A Wave", la famille Followill tente une nouvelle métamorphose en essayant de se changer en Coldplay du Sud. Les ficelles sont tellement grosses qu’elles en deviennent caricaturales. Nous ne serons pas surpris de retrouver à la prod Mister Markus Dravs, producteur de… la bande à Chris Martin of course. L’indolence de la réalisation de ce titre amplifie le sentiment de gâchis, car les idées mélodiques de base sont plutôt bien senties… La route qui mène aux stades remplies serait-elle pavée de bonnes intentions ?


En bref, cet album des KOL n’augure rien de bon pour la suite de la carrière d’un groupe un temps considéré comme faisant partie de la crème de l’indie. Si le cœur vous en dit, penchez-vous plutôt sur la liste en début de chronique pour passer un bon moment sonore. Et si vraiment, c’est du post-punk ou de la cold wave qui vous botte, allez plutôt écouter Turn On The Bright Lights ou Antics, mais passez votre chemin sur ce When You See Yourself.


 


(*): https://www.nps.gov/glba/learn/nature/soundclips.htm (ce n'est qu'un exemple)


(**): https://www.pnas.org/content/118/14/e2013097118

Commentaires
DiegoAR, le 08/07/2021 à 11:27
@Nyny pour le coup, mon aversion pour ce disque est tout ce qu'il y a de plus sincère :) s'il existe des contre arguments, ne pas hésiter à les poster ici, c'est après tout un endroit propice à la discussion, et je serais (très !) curieux de lire une défense de KOL ! @Daniel merci beaucoup !!
MathildeAR, le 08/07/2021 à 09:07
De toutes façons moi j'ai jamais pu les encadrer. Fin. ;)
Daniel, le 01/07/2021 à 16:33
Kings Of Leon me laisse indifférent. Mais, à mes yeux (et si j'étais le président du jury, ce qui n'est pas le cas), la chronique mérite formellement une palme d'or rédactionnelle. Je me suis fait balader pendant quatre paragraphes (dont le premier mériterait de figurer en préambule d'un recueil sur la gourmandise). Quelle idée vraiment géniale d'évoquer tous ces sons qui nous procurent du plaisir puis de parler d'un album qui exaspère les tympans. Après des dizaines d'années à lire des chroniques, je suis particulièrement heureux d'être encore "surpris". Merci beaucoup pour ça. Je dois cuisiner des oignons pour le repas du soir et je me régale à l'avance de les "entendre" chanter la gourmandise. Mais je n'ai pas encore choisi le disque qui va m'accompagner en cuisine...
Nyny, le 30/06/2021 à 19:04
"Dommage de manquer de sincérité, surtout lorsque l’on n’a rien à dire« ….. Comme cette critique