
Walter Astral
Eclipse
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1- Aube / 2- Soleil / 3- Mirage / 4- Chasseur D'éclipse / 5- Zénith / 6- Serpent Mental / 7- Turbofée / 8- Nitrolutin / 9- Crépuscule / 10- Pleine Lune / 11- Lune / 12- C'est Exquis / 13- Nadir / 14- Pourquoi / 15- Eclipse / 16- Nouvelle Lune


Walter Astral est un groupe surprenant. Ses deux membres, Tristan Thomas et Tino Gelli, ont l’air de hippies tout droit sortis des années 70 avec leur look cheveux longs, moustache et la tenue bigarrée qui va avec. Pourtant leur musique, qualifiée de acid techno ou de psy-trance est plutôt associée à la scène électronique. Mais un peu comme Air qui avait été rattaché à la French Touch malgré des influences 70s évidentes, ce duo emprunte de nombreux ingrédients à d’autres univers.
L’album débute par un instrumental tripant de 9 minutes construit sur un arpège de guitare classique et des synthétiseurs analogiques et on a l’impression d’entendre du Air ou du Steven Wilson qui aurait été remixé par Justice. S’en suit un morceau court et chanté, plus représentatif de la formule développée par ce duo : ils chantent en français, à deux, assumant des voix naïves et non travaillées à la Flavien Berger. Tino Gelli vient d’un univers pop et apporte le côté musicien, jouant de la guitare, mais aussi d’un instrument magique… A l’écoute on est persuadé d’entendre un oud, sentiment renforcé par les gammes orientales jouées dès qu’il apparait. Mais il s’agit en fait d’un banjo à 6 cordes récupéré dans le grenier de Tristan, et celui-ci contribue très fortement à l’identité sonore unique du groupe. De son côté, Tristan vient de la techno et apporte les beats qui donnent envie de secouer la tête et de bouger le popotin ainsi que les tripatouillages sonores qui régalent nos oreilles. L’exemple le plus marquant de cette association incongrue est atteint sur "Nitrolutin" où on croirait entendre Tom Morello revisitant le solo de "Killing in the Name" avec Skrillex sur un morceau de Drum’n’bass. L’album est parsemé d’intermèdes planants joués à la guitare classique, durant lesquels on a véritablement l’impression d’être en plein psychédélisme sixities. Sur "Chasseur d’éclipses", les mélismes d’orgue évoquent le Pink Floyd des débuts, tandis que l’idée d’habiller l’instrumental d’enregistrement de personnes racontant leurs souvenirs d’une éclipse rappelle la démarche similaire sur Dark Side of the Moon. Walter Astral développe un univers très travaillé, aussi bien visuellement que dans les textes qui évoquent la nature, les astres et des questionnements métaphysiques. En effet, sans y paraître et avec une légèreté d’apparence, ils parlent d’angoisse ("Serpent mental") ou de questions existentielles ("Pourquoi").
L’univers sonore et visuel imaginé par Walter Astral est aussi original que prenant. Il y a un côté "formule" qui pourrait éventuellement lasser à la longue, mais celle-ci est d’une efficacité redoutable et ce premier album s’écoute en boucle. On attend de voir comment elle évoluera sur les albums suivants. Si vous avez été conquis et que vous n’avez pas eu votre dose avec Eclipse, sachez qu’un EP (Hyperdruide) était sorti en 2022 sur lequel vous pourrez découvrir 5 titres supplémentaires.