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Critique d'album

Ted Nugent


Ted Nugent


(00/09/1975 - Epic - Hard Rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Stranglehold / 2- Stormtroopin' / 3- Hey Baby / 4- Just What the Doctor Ordered / 5- Snakeskin Cowboys / 6- Motor City Madhouse / 7- Where Have You Been All My Life / 8- You Make Me Feel Right At Home / 9- Queen of the Forest
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"La révolution conservatrice du Hard Rock US"
François, le 07/09/2025
( mots)

N’en déplaise aux esprits chagrins pourfendeurs d’un wokisme fantasmé, la rédaction d’Albumrock a, sans désaccords internes, décidé de blacklister les artistes et les groupes visés par des accusations d’agression sexuelle – le choix est donc de prendre le parti de victimes très probables et pourtant très rarement reconnues comme telles par la justice (1). Vous y verrez peut-être une forme de cancel culture ayant pour terrible conséquence de ne plus mettre en avant sur un webzine francophone, des violeurs potentiels qui, par ailleurs, continuent de faire la tournée des plus grands festivals. Est-ce vraiment au niveau des événements décrits dans le chef-d’œuvre de Nathaniel Hawthorne ?


Cependant, les débats ont été plus partagés au sujet des idées politiques défendues par les artistes et les groupes, principalement quand celles-ci relevaient de l’extrême-droite et donc, promouvaient les différentes mesures discriminatoires et illibérales qui y sont associées. Quiconque flirterait avec le (néo)nazisme n’aurait bien sûr pas sa place dans nos colonnes, mais qu’en est-il des ultraréactionnaires insurrectionnels comme Jon Schaffer (Iced Earthnota bene, le groupe s’est désolidarisé du leader) ou du volubile Ted Nugent qui, l’âge avançant, se radicalise aussi vite qu’il perd en inspiration ?


Fervent soutien de la branche la plus conservatrice du Grand Old Party, trumpiste convaincu, Ted Nugent est depuis toujours un ardent défenseur du port d’arme - à tendances survivalistes. L’individu est détestable, passablement idiot et vulgaire, mais il a joué un rôle essentiel dans l’histoire du rock, à une époque lointaine où il était plus occupé à révolutionner la guitare qu’à donner son avis (non sollicité) sur l’actualité politique, nourri par une frustration qui s’accroît à mesure que ses compétences artistiques s’éteignent. Néanmoins, son poids dans les années 1970 exige qu’on revienne sur son cas, moyennant ces quelques précisions liminaires.


Ted Nugent est indissociable du Michigan qui l’a vu naître, et de la ville de Détroit où The Amboy Dukes viennent d’atterrir après leur départ de Chicago, afin de s’affirmer comme la plus grande formation psychédélique du Midwest et de proposer une alternative à la scène énervée proto-punk de la capitale de l’automobile (The Stooges, MC5). L’intégration du guitariste en 1967 permet au groupe d'atteindre ce statut, tant sa virtuosité instrumentale saute aux oreilles, au point d’apporter à leur musique une dimension de plus en plus progressive (notamment sur Marriage on the Rocks/Rock Bottom en 1970). Son talent lui permet d’obtenir une place prépondérante si bien que les derniers albums du groupe sont signés Ted Nugent’s Amboy Dukes (Call of the Wild – 1973, Tooth, Fang & Claw – 1974), anticipant une prise d’autonomie et une carrière soliste.


C’est ainsi que Ted Nugent prend part à la transition géographique du Hard-Rock depuis le Royaume-Uni vers les États-Unis, déjà bien documentée sur Albumrock : celle-ci avait commencé en 1973 avec l’émergence discographique de Blue Öyster Cult, Aerosmith et Lynyrd Skynyrd, et trouve en 1975 un nouveau porte drapeau, ainsi qu’un hymne - "Stranglehold". Ce seul titre rend l’album indispensable, moins pour son riff lancinant que pour l’inventivité du chorus aux multiples péripéties, toutes plus inventives les unes que les autres et minutieusement tissées pour ne jamais tomber dans la seule démonstration de virtuosité ou la bouillie de notes sans mélodies. Il s’agit indéniablement d’un des plus beaux soli de l’histoire du rock.  


L’opus comporte en outre plusieurs excellentes compositions, du riff démentiel de "Stormtroopin’" à l’introduction épique de "Snakeskin Cowboys", qui contraste avec son riff unificateur entre Glam Rock à la T. Rex et rock US à la Grand Funk. Plus classique, le véloce "Motor City Madhouse" développe un hard-rock’n’roll à slide dont le pont, qui annonce le solo, se rapproche des premiers albums de Blue Öyster Cult. Le substrat blues est sensible sur "Where Have You Been All My Life", de même que sur "Hey Baby", principalement intéressant pour son introduction qui ouvre un titre chaloupé à la Aerosmith, groupe que pourrait également évoquer le fluide "Just What the Doctor Ordered" ou encore le très US (et assez Heavy par moment) "Queen of the Forest". Il faut noter une légère prise de risque avec "You Make Me Feel Right at Home", cotonneux, jazzy et à cheval entre les 50s et les 60s.


Durant les années 1970, les productions de Ted Nugent sont globalement excellentes, mais ce premier opus reste indétrônable, en grande partie grâce à "Stranglehold", son chef-d’œuvre absolu. Par la suite, la qualité de sa discographie déclinera avec de rares éclaircies, à l’image de ses interventions publiques. Une leçon pour beaucoup d’artistes tentés de croire que l’accès à l’espace public leur accorderait un blanc-seing, voire des compétences, pour intervenir sur n’importe quel sujet.


(1) En ce qui concerne la France, voir le rapport (tristement éloquent) du Sénat de 2025. Sénat Rapport sur la prévention récidive viol et agressions sexuelles | vie-publique.fr


À écouter : "Stormtroopin", "Stranglehold", "Snakeskin Cowboys"

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