Metallica
St. Anger
Produit par Bob Rock
1- Frantic / 2- St. Anger / 3- Some Kind of Monster / 4- Dirty Window / 5- Invisible Kid / 6- My World / 7- Shoot Me Again / 8- Sweet Amber / 9- The Unamed Feeling / 10- Purify / 11- All Within My Hands
Autant le dire tout de go : St Anger est un album médiocre. La réputation et l'amour que l'on peut porter à leurs géniteurs n'y change rien. Il faut se rendre à ce triste constat. On est en droit d'être exigeant avec eux, même si leurs grands sursauts créatifs sont plutôt derrière eux. Les Four Horsemen s'étaient fait désirer, 6 ans après leur dernier véritable album (je ne compte ni la compilation de reprises, ni le live symphonique) et il est certain que la genèse de ce nouvel opus a été quelque peu chaotique puisque réalisée sans bassiste (le producteur Bob Rock tient la basse sur le disque).
Le credo est clair : retour au bourrinage. Comme éveillés d'un long coma, la bande à Hetfield se souvient brusquement qu'elle n'est faite que pour une seule chose : l'agression sonore. De l'agression, il n'est question de rien d'autre dans St Anger. "Frantic", qui ouvre l'album est à ce titre on ne peut plus limpide : introduction apocalyptique façon Slayer, il inaugure les hostilités de manière explicite. On est tout de suite conquis, passé la surprise car on peine à reconnaître le groupe. Guitares très basses, pas de solo. Bon. On passe avec délice de plages en plages, puis de plus en plus, on décroche. Le son Metallica a incroyablement perdu de sa substance, à plusieurs niveaux. On a l'impression de toujours entendre la même chanson, comme si St Anger déroulait les différentes variations d'un même prototype, surtout au niveau du riff, qu'on jurerait avoir déjà entendu deux plages auparavant. Alors que le génie d'Hammet était de proposer des riffs violents mais si efficaces qu'on se mettait à les fredonner, il semble s'être ici contenté d'arroser tout à la kalachnikov en se calant sur la batterie, ce qui occasionne, certes, quelques moments jouissifs ("Some Kind of Monster", l'intro de "St Anger").
Ce manque de renouvellement reste au final assez choquant. Quant à Hetfield, on sent que l'alcool est passé par là. Son chant, qui avait déjà perdu de sa superbe, ne contient plus une goutte de venin. Pire, il commet même des structures en couplet chanté/refrain gueulé que même le dernier groupe de néo-metal à la mode renierait ("Shoot me Again"). On a l'impression que Metallica veut faire la nique à toute cette nouvelle génération métal qui semble menacer son règne. Je les soupçonne d'avoir voulu sonner comme un System of a Down en plus bourrin. Mais pourquoi donc ? Ce combo mythique n'a rien à prouver à qui que ce soit. Les kids savent encore faire la différence entre un Master of Puppets et le dernier Papa Roach (sinon, c'est grave). Pourquoi sacrifier la mélodie sur l'autel du "tout en puissance" ? Même la batterie de Lars Ulrich, bien mixée en avant comme toujours, si elle conserve son caractère, verse dans un déluge de doubles pédales parfois indigeste, manie à laquelle le danois nous avait pourtant peu habitué. En gros, St Anger sonne comme du Anthrax en plus heavy, ce qui n'est pas un reproche, mais Metallica avait su évoluer tout en conservant son identité (je suis un fervent supporter de Load/Reload)... force est de reconnaître que ça n'est pas le cas ici.
Malgré tout, le groupe s'est fait plaisir en préparant cette galette, voilà peut-être pourquoi ce 8ème opus ressemble plus à un boeuf entre musiciens milliardaires qui testent la résistance des amplis de leur clinquant studio qu'un réel album. Les Metallica sont de retour, c'est ça la bonne nouvelle. St Anger a permis de revoir ces légendes vivantes dans d'épiques concerts. Et ça, c'est le plus important, non ?