Mono

La carrière du groupe démarrait pourtant par une belle histoire...
En 2001, les meilleurs groupes post-rock de l'époque (les Godspeed You! Black Emperor, Mogwaï et autres Explosions in the Sky) faisaient escale au Japon pour quelques dates. Quatre jeunes japonais ressortirent à jamais chamboulés de ces intenses concerts et décidèrent de s'épanouir en jouant à leur tour de ce rock si particulier, fait de montagnes russes vertigineuses, capable de mettre un auditoire entier dans des états physiques hors du commun.

Les premiers essais du groupe furent concluants, on retiendra tout particulièrement le monumental "e(com)" sur le précédent LP, formidable progression de plus de 15 minutes démarrant dans la plus belles des instrumentations de guitares pour finir dans un chaos noise sans nom, d'une puissance terrassante.

Pour ce troisième album, on apprit que Mono allait se faire produire par Albini. Tout s'annonçait bien donc, car on ne pouvait s'empêcher de fantasmer sur le résultat de cette possible conjugaison de talents réunis. Malheureusement, Mono allait montrer les limites de son inspiration en se retrouvant incapable de jouer autre chose que du sous GY!BE, ou du sous Mogwaï. Pour un groupe à l'étape de son 3è album, il n'est pas bon de s'enfermer dans la citation d'influences omniprésentes, le groupe faisant donc alors preuve d'un réel manque de personnalité, et donc d'identité. Les coups de maître sont quand même là, mais se font trop rares pour que l'ensemble soit sauvé. La première moitié de "16:12" est splendide, mais aussitôt gâchée par la suite, plagiée sans délicatesse sur un thème de GY!BE. "2 candles, 1 wish" et "Halcyon" possèdent même des mélodies parfois à la limite du ridicule. Seul "Just Snow" réussi à faire sortir de l'ennui (ou de l'énervement) l'auditeur qui, par surprise, se verra chamboulé dès le début du titre par un riff entêtant d'une rare beauté. Riff qui, en progressant lentement le long du morceau, gagnera assez de force pour au final réussir à déplacer un continent entier en un bref éclat de violence d'une intensité aussi efficace que mémorable.

Dans l'absolu, l'album reste tout de même de facture correcte et saura satisfaire quelques uns. Mais mieux vaut d'abord passer par l'écoute des deux premiers (et impeccables) albums de Mogwaï et de la discographie indispensable des (très) grands Godspeed You! Black Emperor.