Monster Truck
Sittin' Heavy
Produit par Eric Ratz
1- Why Are You Not Rocking ? / 2- Don't Tell Me How To Live / 3- She's A Witch / 4- For The People / 5- Black Forest / 6- Another Man's Shoes / 7- Things Get Better / 8- The Enforcer / 9- The Flame / 10- New Soul / 11- Enjoy The Time
Ils s’appellent Monster Truck, et sortent leur second album Sittin’ Heavy… Est-ce que vous sentez le message subtil qu’on essaye de nous faire passer ? On est là pour faire du gras, du sale, du riff bien baveux. D’un côté, oui c’est un peu vrai. Mais au final, c’est quand même un peu plus que ça.
Monster Truck, c’est avant tout une formation à la progression fulgurante sur ces cinq dernières années. Originaire du Canada, le groupe est porté par une politique de mise en avant des groupes nationaux qui permet à ses premiers singles de passer régulièrement à la radio. Leur premier album (Furiosity, en 2013) est même nominé à l’équivalent canadien des victoires de la musique (ce qui a beaucoup plus de valeur que par chez nous, mais pas trop quand même). Monster Truck va ensuite tourner avec Slash, dont ils assureront la première partie au Zénith de Paris en 2014, mais aussi Deep Purple, Alice In Chains, et tout récemment Nickelback.
Pour un premier album, Furiosity posait déjà quelques bases solides. Riffs typés stoner, comme chez beaucoup de groupes de hard rock en ce moment (coucou Graveyard) et solis typés blues (comme… Partout en fait), et du coup les fameuses ballades bluesy qui vont avec ("For The Sun" était un régal, bien que trainant un peu en longueur). Mais Monster Truck affiche une pêche vraiment singulière, notamment en haussant le tempo, et un traitement de la guitare cru et sincère qui donne un côté heavy aux riffs. On retrouve bien entendu tous ces ingrédients dans Sittin’ Heavy. Et sans aller jusqu’à dire que Monster Truck s’est creusé la tête pour réinventer la recette, ce second album dépasse ce qu’on avait découvert en 2013.
Passons sur "Why Are You Not Rocking ?", titre court et intense calibré pour lancer le disque comme un coup brutal d’accélérateur vous scotche à votre siège. Monster Truck démontre tout son talent pour ciseler le rythme et les mélodies de ses chansons avec "Don’t Tell Me How To Live". Intro guitare/voix, à peine accompagné par la batterie, avant que le riff ne se casse pour suivre la voix de Jon Harvey sur ce "Ain't nobody gonna tell me how to live" qui conclut chaque couplet. Le morceau devient plus costaud, répète le même schéma, et accompagne la voix jusqu’à un refrain beaucoup plus fin et lyrique où apparaissent des leads en guise de petits ornements décoratifs. Un solo classique avant de terminer le morceau sur cette même cassure qui sert un peu de fil rouge à tout le titre. 4 minutes 30 de parfait rock n’ roll.
Dans un style complètement différent, "For The People" remonte vraiment aux racines du rock avec une rythmique pleine de groove qui laisse de côté les power chords bourrinés pour du rockabilly soigné. C’est sans doute le titre le plus original du disque, et un de ceux dans lesquels Jon Harvey montre le plus de progrès au chant. Lui qui était parfois criard à force de pousser sur sa voix reste ici dans des notes assez hautes mais sans donner l’impression d’hurler derrière son micro. Le temps d’un solo, la rythmique se transforme en un genre de tapping main gauche loin d’être évident, et presque plus impressionnant que le solo en lui-même. "For The People" est la bonne surprise de l’album.
Les quelques notes de clavier qui lancent "Black Forest" indiquent qu’on tient là la première ballade de Sittin’ Heavy. Un morceau long de plus de cinq minutes, et qui commence d’une façon assez classique avec une jolie petite mélodie sur fond d’orage. C’est l’entrée de la guitare qui lui donne toute une énergie et en fait une power-ballade entre blues et classic rock. Et finalement, "Black Forest" est avec "Enjoy The Time" le seul morceau un peu plus apaisé de l’album, qui trouve là un équilibre intéressant. Plutôt que de verser dans l’extrémité des deux pôles en balançant du gros son sur 10 pistes pour verser ensuite des larmes sur les deux dernières, le groupe va chercher plusieurs couleurs dans chaque morceau. Que ce soit dans le flanger de "She’s A Witch", le clavier de "Things Get Better" ou la lourdeur de "The Flames", Sittin’ Heavy est en ça un disque assez complet, hétérogène mais cohérent.
Monster Truck sera de retour à Paris début avril, pour un concert à la Maroquinerie dont il sera la tête d’affiche. L’occasion de découvrir sur scène ce que Sittin’ Heavy nous promet, à savoir du gros son et du hard maîtrisé. Jeunes gens, n’hésitez pas et foncez.
Pour se faire une idée : "Don't Tell Me How To Live", "For The People", "Things Get Better"