Night
Raft of the World
Produit par
1- Fire Across the Sky / 2- Surrender / 3- Under the Gallows / 4- Omberg / 5- time / 6- Strike of Lightning / 7- Winds / 8- Coin in a Fountain / 9- Where Silence Awaits
Alors que Night s’apprête à diffuser son quatrième album au mois de septembre 2020, il aurait été dommage de ne pas mettre en avant ce groupe auparavant et de préparer le terrain pour souligner l’intérêt d’une telle sortie. En effet, cette formation suédoise, issue de l’exceptionnelle vague revival (qualitativement et quantitativement) qui touche ce pays scandinave, fait partie de ce qu’on fait de mieux actuellement. J’ai découvert Night assez récemment, alors qu’ils étaient proposé en première partie d’Hallas, dans une tournée reportée puis annulée pour cause d’épidémie mondiale. Cela permet de souligner une petite injustice : alors que Night est une formation qui est active discographiquement depuis plus longtemps (les deux groupes se sont formés en 2011 mais Night a sorti son premier album en 2013), elle bénéficie d’une aura plus réduite que ses compatriotes. La comparaison a du sens, au-delà de la nationalité commune, puisque malgré des différences réelles entre les deux, ils partagent un même univers musical marqué par le hard-rock et des grands noms des 1970’s. Un morceau comme "Time", mis en exergue pour la promotion de l’album, est le meilleur exemple de cette proximité.
Raft of the World, troisième opus, marque un tournant qualitatif par rapport à Soldiers of Time (2015) : bien qu’étant un très bon album, ce dernier était un peu convenu, témoignant d’un réel savoir-faire qui manquait néanmoins de personnalité. De plus, les références au heavy des années 1980 (NWOBHM et assimilés ricains) diminuent au profit de celles des 1970’s, déjà présentes auparavant mais moins substantielles. Ce réalignement esthétique est accompagné d’un travail de composition et d’écriture très inspiré, dont l’aboutissement ne pouvait être qu’un album époustouflant.
Il va falloir s’accrocher pour affronter les flots enflammés évoqués en couverture, car dès l’introduction de "Fire Across the Sky", on comprend que la fougue de Night est amenée à déferler irrémédiablement. Un excellent titre qui emporte l’auditeur par son hard-rock chaloupé (presque funk) et émeut avec un refrain d’une puissance solennelle renforcée par des claviers mesurés. Il est représentatif d’un album fait de riffs imaginés par des orfèvres, d’interventions de guitare dignes de Wishbone Ash et de Thin LIzzy ("Under the Gallows"), mais surtout, d’un hard-rock mélodique qui n’hésite pas à convoquer Blue Oyster Cult, un groupe rarement utilisé par la scène revival. On retrouve des références au culte de l’huitre bleue sur le divin "Surrender", notamment dans la mélodie du chant, un titre très réussi qui manie bien le combo arpèges/traits saturés et qui possède un refrain accrocheur. Le magnifique "Winds", après son intro sudiste (type Outlaws), est peut-être encore plus significatif de cette inspiration.
Difficile de négliger un seul des titres de Raft of the World tant tout est parfaitement brodé. Le long "Strike the Lightning" est absolument envoutant avec son refrain hymnique, le reposant et riche en effets "Coin in a Fountain" vous embarquera dans son univers cinématographique (western), enfin, le riff hallucinant de "Where Silence Awaits", qui n’a d’égal que son excellent chorus, termine l’album glorieusement sur une touche heavy.
Night brille de ses jeunes musiciens talentueux, des guitaristes qui jouent aussi proprement qu’ils déroulent des riffs et chorus remarquables, une section rythmique carrée et un chanteur à la voix rauque mais puissante qui pourra peut-être solliciter un temps d’adaptation (ce ne fut pas mon cas mais des retours en ce sens me sont parvenus). Un groupe harmonieux où l’osmose fonctionne pleinement, qui signe peut-être le sommet de sa carrière - cette remarque est, reconnaissons-le, un peu audacieuse, Night étant dans ses vertes années. Réponse le 11 septembre 2020 avec High Tide – Distant Skies.
A écouter : "Fire Across the Sky", "Under the Gallows", "Where Silence Awaits"