Svartanatt
Svartanatt
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La nouvelle scène rock suédoise est pléthorique au point qu’il est très difficile de se mettre à jour. Si Graveyard, Blues Pills, Hallas ou encore Night (entre autres) ont eu le droit à des éloges sur albumrock, Svartanatt est jusqu’à présent passé sous nos radars. La preuve, il faut attendre 2020, soit quatre ans, pour que leur premier album ait le droit à une chronique en bonne et due forme. Certes, la formation est moins célèbre et peut-être encore un peu velléitaire sur cet opus inaugural, mais elle mérite largement le détour pour qui apprécie le hard-rock inspiré par le tournant des années 1960-70.
Issus de Stockholm, ces jeunes musiciens ont le goût de retrouver l’esprit de ces années dans leur style pilo-vestimentaire, leur musique et leur son. Ce dernier ressort de façon assez brute, presque fait-maison (il semble que ce soit une décision esthétique plus qu’un défaut de production), sans parler des claviers analogiques rappelant les années 1960, et du chanteur (Jani Lehtinen) à la voix rauque qui évoque la chaleur du dixieland.
Du reste, il y a du The Doors (dans les claviers), du Alice Cooper ("Nightman"), de Rory Gallagher période hard-rock ("Filled Up With Darkness"), du Space-Rock (le superbe et répétitif "Dreams" qui renoue avec Hawkwind) et du Blue Oyster Cult ("Dead Mans Alley" et "Secrets of the Earth")… Des références suffisamment variées et originales au regard de cette scène revival pour qu’il soit judicieux de les souligner. Une certaine modernité peut parfois venir contrebalancer cette dimension (l’introduction et le refrain de "Times are Changing"). Svartanatt nous amène à reconsidérer l’esprit d’une époque (bien que ce ne soit qu’une partie de la scène qui l’intéresse, il n’y pas de progressif par exemple) dont il extrait la substantifique moelle pour composer son univers fait de hard-rock à l’ancienne et sans concession.
Certains morceaux ont même un potentiel élevé auprès des amateurs : le heavy "Demon" (dont un bel extrait live met en valeur le groupe sur scène) impose sa mélodie et ses riffs efficaces portés par des nappes de claviers, le slow "Thunderbirds Whispering Wind" aux relents sudistes (magnifique jeu de claviers), ou le duo final "Secrets of the Earth" / "Destination No End" assez envoûtant.
Pour ceux qui veulent voir de quoi est capable la scène renouvelée du hard-rock traditionnel (suédois, cela va de soi désormais) en étudiant les recoins, Svartanatt s’offre comme une belle découverte. Un groupe qui possède aujourd’hui deux albums à son actif et qui pourrait bien faire parler de lui à l’avenir.
A écouter : "Demon", "Secrets of the Earth"