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Critique d'album

Noir Désir


Tostaky


(10/12/1992 - Barclay - - Genre : Rock)
Produit par

1- Here It Comes Slowly / 2- Ici Paris / 3- Oublié / 4- Alice / 5- One Trip, One Noise / 6- Tostaky (Le Continent) / 7- Marlène / 8- Johnny Colère / 9- 7 Minutes / 10- Sober Song / 11- It Spurts / 12- Lolita Nie En Bloc
Note de 4.5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"La pierre angulaire du rock français. Pas moins."
Gregory, le 01/03/2010
( mots)

Tostaky, contraction de Todo esta aqui (tout est là) ne pouvait se nommer autrement, tant ce mot sied à la perfection aux douze morceaux composant l'album. Tout est vraiment là, dans un explosif mélange de rock abrasif et de poésie incantatrice. En 1992, le groupe bordelais était parvenu à se faire une place sur le devant de la scène française, à la faveur de concerts hystériques. En revanche, ses deux précédents albums (Du Ciment Sous Les Plaines et Veuillez Rendre L'Ame à qui elle appartient) manquaient de cette flamme qui anime les quatre musiciens une fois sur scène, la faute à une production pas franchement merveilleuse, bien que les chansons en disaient déjà long sur le potentiel du groupe.

Mais voilà, en 1992, le grunge règne en maître sur les bandes FM et Kurt Cobain est devenu l'incarnation du christ pour toute une génération. En choisissant Ted Niceley (Fugazi, Girls Against Boys) comme producteur, Noir Désir sait qu'il va entrer en liaison directe avec l'Amérique du Nord-Ouest,  celle du punk-rock chevelu et des guitares barbelées. Il ne s'agit pas là pour autant d'une pâle opération marketing, d'un opportunisme désuet mais plutôt d'une mise en phase avec ce son nouveau. Car tout en conservant cette plume à la précision chirurgicale, Bertrant Cantat et sa bande s'approprient la tension électrique qui depuis deux ans fait graviter le monde autour de Seattle. 

"Crawl like a thunder slug" ("Remuant comme une larve de tonnerre") clame Cantat en ouverture de l'album, sur "Here It Come Slowly" et son riff déchaîné, brûlant comme un incendie d'été, comme pour annoncer la couleur à ceux qui n'auraient pas encore compris la fièvre qui va habiter chaque note et chaque parole du groupe tout au long du disque. Et ces paroles, ce sont donc en anglais qu'elles démarrent, comme un clin d'oeil aux cousins d'outre-atlantique sans qui cette démence n'aurait été possible. De l'anglais d'abord, puis  du français ensuite sur "Ici Paris", second morceau dont les breaks renvoient directement à Nirvana et son "Smell Like Teen Spirit". Mais l'espagnol et l'allemand feront aussi des apparitions remarquées, respectivement sur "Tostaky" et "Marlène". C'est dire des écarts que manipule avec intelligence le groupe, passant également de morceaux énervés comme "Ici Paris" donc,  à des compositions plus retenues comme sur "Oublie" ou sur "It Spurs". Mais là où l'intensité atteint son paroxysme, là où Noir Désir creuse un fossé avec ses précédents albums, c'est bien sur "Tostaky", le morceau. Il y a ce riff, encore un, mais cette fois ci plus que jamais paroxystique, concis et bref, de ceux qui vous accrochent aux tripes et ne vous lâchent plus. Il y a aussi cette voix, qui foudroie, qui pousse à l'hystérie par ce simple appel en forme de boutade: "Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien". Puis après plusieurs minutes de frissons, d'étonnements, au travers de "7 minutes", "Sober Song", "Johnny Colère", arrive la conclusion nommée "Lolita Nie En Bloc". "Un ange passe" nous y est-il fait remarquer tandis que les guitares retentissent encore pour finalement s'éteindre subitement. Il aurait fallu être sourd pour ne pas le remarquer tout au long des quarante-six minutes écoulées.

En parvenant enfin à capter cette énergie brute, presque animale sur ce disque, Noir Désir a ainsi prouvé qu'un cap avait été franchi dans son parcours déjà riche de trésors plus ou moins cachés. Mais au-delà du brio d'un seul groupe, ce fut toute une page du rock français qui venait d'être tournée. Car en parvenant à égaler les formations britanniques ou américaines sans pour autant tomber dans le pastiche, Noir Désir a ouvert la voie à toute une génération de groupes français décomplexés, de Luke à Deportivo, en passant par Eiffel ou No One Is Innocent.

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