Pamela Hute
Turtle Tales From Overseas
Produit par
1- Hysterical / 2- My Dear / 3- Don'T Help Me / 4- Chocolate Soup / 5- Parachute / 6- You Call Me Dear / 7- You Made Me Lady / 8- Tell Me More / 9- Umbrella / 10- Friend / 11- Taste it / 12- Pink Safari
Drôle d'histoire qu'est cet album au plaisant nom. En 2009, Pamela Hute et ses deux acolytes Ernest Lo et Igor Bolender se prennent par la main et sortent leur opus de treize titres en autoproduit. Alors qu'il allait poindre, Vincent Frèrebeau, patron de Tôt ou Tard (Thomas Fersen, Peter Von Poehl…) lève les bras au ciel et stoppe l'engrenage en leur proposant de les prendre sous son aile, avec Guess What!, son nouveau label. Sitôt dit sitôt fait, Turtle Tales From Overseas passe par d'autres mains, et sort en 2010.
''Clair-obscur'', terme rapidement utilisé dans multiples bouches, dès qu'un contraste est à pointer du doigt. Si l'on s'arrête à la définition pure, basée sur l'art pictural, le clair-obscur ''crée des effets de contrastes parfois violents'' ou encore il ''permet d’augmenter la tension dramatique, de figer les attitudes à un moment précis, de mettre en volume les personnages et de donner l’illusion du relief''. Toutes ces descriptions définissent plutôt adroitement l'album de Pamela Hute, qui touche sous divers aspects cette fameuse opposition. Partons pour commencer de la pochette, qui pose le ton, toute de sobriété et d'ombre vêtue. Le visage a moitié visible, de grosses lunettes vissées sur le nez, le regard mal posé, tout ce sombre et ce mystère de prime abord intrigue, et n'appelle qu'à être percé. Le titre à lui seul interpelle également, Turtle tales from Overseas, soit ''Contes de tortue d'outre-mer''. Creusons. Douze morceaux, dont les titres passent de ''Hysterical'' à ''You call me dear'' ou ''Pink safari'' sans aucun soucis éthique, et nous n'allons pas nous en plaindre. On passe également du rock ciselé, pétillant et électrique, (''Taste it'', ''Umbrella'', ''Hysterical'') à du plus ténébreux, jouant sur les lenteurs et sur le sourd (''Chocolate soup'', ''Friend'', ''Tell me more''). On croise aussi du très sombre et mélancolique, ambiance comme aiment les filles (''Pink safari''), mais aussi du pêchu, sans guitare et aux allures fifties, total décalage avec le reste de l'album (''Parachute''). Les synthés y sont pour beaucoup dans cette ambiance bulleuse, presque cosmique et dure à définir, mais les guitares replacent bien la demoiselle dans sa pop-rock anguleuse. Sa voix donne bien évidemment une vision différente de l'opus, permettant une schizophrénie passagère, vascillant entre douceur et fougue éléctrique ... La folie a du bon.
Poussons le vice et zoomons encore. La bipolarité est travaillée jusque dans le cœur même des morceaux. Outre cette voix cristalline mélangée à un son bien rockeur-tatoué, on ne s'étonne pas lorsqu'un morceau attaque sobrement pour éclater en plein milieu, comme une crise passagère. Une instrumentation de mâles, habillée et gérée par une voix des plus féminines. Ou peut-être l'inverse, on ne sait plus, on perd le sens de la logique, et on vacille tout le long de l'opus. Tantôt Dolly, tantôt The XX, Pamela Hute conjugue le rock au féminin sans hésitation et sans retenue, ce qui n'est pas pour déplaire à ses écouteurs.