Quella Vecchia Locanda
Quella Vecchia Locanda
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1- Prologo / 2- Un Villaggio, Un'Illusione / 3- Realtà / 4- Immagini Sfocate / 5- Il Cieco / 6- Dialogo / 7- Verso La Locanda / 8- Sogno, Risveglio E...
Le rock progressif italien se meut largement dans un compromis musical entre les influences locales dans les thèmes ou sonorités (ainsi que dans la langue), le substrat rock anglo-saxon, et les emprunts aux musiques plus complexes que ce soient le jazz, la musique dite classique ou contemporaine. Un album se situe à la parfaite confluence entre ces sources d’inspirations : la première sortie éponyme de Quella Vecchia Locanda.
Le groupe romain dispose d’une certaine richesse instrumentale en mêlant à une formation rock la traditionnelle flûte, ainsi que le violon. Les morceaux, assez courts, ainsi que la variété des styles visités, donnent à cette œuvre un côté patchwork ; malgré tout, elle demeure très attachante et bien écrite.
Le "Prologo" qui ouvre l’album est un des plus beaux titres : musique traditionnelle mêlée aux sons électriques, puis passage purement progressif accordant violon et claviers, moments complètement énervés en contraste avec d’autres beaucoup plus calmes servis par des claviers typés 70’s (donnant lieu à un moment de grâce sur le "Luce …"). En cinq minutes, la richesse de la musique proposée est impressionnante. Avec "Verso la Locanda", il fait partie des titres les plus progressifs de l’album.
Question variété, les pistes offrent un bon aperçu des registres possibles : ainsi, on peut retracer l’histoire du rock progressif de ses origines psychédéliques aux relents hippies (Realtà") et sa flûte, qui regarde dangereusement du côté de Led Zeppelin ("Baby I’m Gonna Leave You" aux arpèges), le heavy prog’ de "Un Villagio, un’Illusione" qui rappelle Jethro Tull dans son duo basse/flûte ("Bourrée"), et les inclinaisons pour la dissonances et l’expérimentation (introduction de "Immagini Sfocate", le tullien "Il Cieco"). Soulignons que le jeu de basse de même que celui de la flûte sont réellement dans la lignée de Jethro Tull dont l’esthétique est souvent convoquée : sur "Verso la Locanda", on retrouve des thèmes proches de Thick as a Brick sorti un peu plus tôt dans l’année.
Le groupe puise bien sûr son inspiration dans la musique savante, à la fois romantique (Chopin) et baroque (Corelli) sur "Sogno, Risveglio E", quand ce n’est un petit clin d’œil à Pachelbel sur "Un Villagio, un’Illusione". Pour ce qui est jazz, "Il Cieco" peut comporter des passages issus de ce genre musical, mais il sera davantage investi dans le second volet de leur œuvre.
Les claviers sont assez peu présents pour un groupe italien, bien que des titres comme "Il Cieco" et "Dialogo" les mettent en avant. Ils sont la plupart du temps en arrière-plan, à moins qu’ils ne nourrissent une introduction. De plus, si vraiment ils finissent par devenir au cœur de propos comme sur "Sogno, Risveglio E", c’est dans un son classique évincé des nouveautés permises par les claviers modernes.
Cette richesse qui sent bon l’honnêteté et parfois l’artisanat, fait de Quella Vecchia Locanda une référence dans la discographie du rock progressif italien.