Sex Pistols
Nevermind the Bollocks, Here's the Sex Pistols
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1- Holidays in the Sun / 2- Bodies / 3- No Feelings / 4- Liar / 5- God Save the Queen / 6- Problems / 7- Seventeen / 8- Anarchy in the U.K. / 9- Submission / 10- Pretty Vacant / 11- New York / 12- E.M.I.
1977. L’Angleterre se prend en pleine poire la vague punk, mouvement musical, vestimentaire et idéologique issu du ras le bol de la jeunesse britannique envers toutes les valeurs puritaines établies. Et même si les Sex Pistols ne sont ni les premiers à faire du punk (Les Damned les ont précédés), ni les plus intéressants (d’autres albums comme le premier des Clash sortis à la même période restent de qualité supérieure), aucun autre album que le Nevermind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols n’a réussi à mieux synthétiser aussi bien l’attitude punk ‘77. Peu importe si les quatre musiciens ne savaient ni jouer correctement en concert, ni chanter. L’intérêt de cet album est ailleurs : dans les paroles d’abord dans lesquelles Johnny Rotten déversent toute sa hargne et sa haine pour la politique en place, son cynisme cinglant et mordant, sa provocation gratuite et vicelarde. Les Sex Pistols représentent aussi comme personne la Fuck You Attitude grâce à Rotten qui réussit à se faire virer de la maison de disques après la sortie du premier single ou le légendaire Sid Vicious, drogué à mort, accessoirement bassiste débutant, accusé de la mort de sa petite amie et qui meurt d’une overdose peu après sa sortie de prison.
Il était important de bien préciser l’attitude de ce groupe avant d’entamer la critique de leur seul album officiel (beaucoup de compilations autour de faces B, inédits bancals, carrière solo de Rotten... ont vu le jour ensuite avec un intérêt plus ou moins douteux) car la production de cet album reste quand même plus sage que ce qu’on pourrait en attendre. Mais il reste quand même une influence majeure pour de nombreux groupes depuis. Les classiques “God Save The Queen” et “Anarchy In The U.K” ont été repris des milliers de fois avec toujours le même message anticonformiste efficace et jouissif à gueuler en coeur. Car la force de cette musique vient d’une part de l’efficacité et la simplicité des riffs et d’autre part de la puissance des refrains composés d’hymnes qu’on se surprend à chantonner ou hurler, c’est selon.
Aucun groupe avant eux et bien peu après eux se permettent de critiquer leur propre maison de disques (“E.M.I”), d’insulter à tour de bras tout ce qui bouge (“Bodies”, “God Save The Queen”). Ils seront le point de départ de toute la vague Punk, Néo-Punk ou même Punk-Rock des années à venir (écoutez seulement l’introduction de “No Feelings” et vous saurez d’où viennent les chansons de Green Day). “Submission” transpire l’influence des Clash (à moins que ce ne soit l’inverse ?), on retrouve les coeurs caractéristiques du punk (“Pretty Vacant” ou “Holidays in the Sun”) pendant les refrains. “Seventeen” marque le début du Ska-Punk.
A travers les années, cet album est devenu une référence majeure dans l’histoire du Rock grâce à sa qualité musicale originale et excitante mais surtout grâce aux frasques ultimes de Rotten ou Vicious qui pousseront les excès à leur extrême limite. Le Punk n’est pas une histoire de fringues déchirés et de coupe de cheveux mais c’est une affaire d’attitude, de révolte et ça on a tendance à l’oublier un petit peu de nos jours. Ce groupe est tellement déjanté et marginal qu’il se sabordera peu de temps après la sortie de Nevermind the Bollocks... comme si tout avait été dit sur ce disque aussi dangereux qu’une chaîne de vélo en pleine tête.