Silmarils

Pourquoi ne pas revenir quelques minutes sur un des albums qui a marqué le paysage sonore français... Echoué dans nos bacs en 1995, cette première galette de nos banlieusards de Silmarils à eu la riche idée de secouer les fondations du rock frenchy pour y incruster sa fusion métal/rap, sans aucun doute aspirée dans la brèche ouverte en cette époque par quelques opus comme La Peau de No One Is Innocent.

Pas moins de onze brûlots transpirant l'urgence et la rage nous sont alors balancés dans les oreilles. Tout commence avec "Cours Vite", véritable hymne incendiaire mêlant riffs hargneux au possible saupoudrés d'une goutte de funk, et un phrasé plutôt bien porté. Il est vrai que la force de cet album éponyme repose beaucoup sur les textes de David Salsedo, n'hésitant pas à aborder certains sujets plutôt glissants comme la religion ("Victime De La Croix"), l'immigration ("Fils D'Abraham"), la mondialisation/américanisation ("Killing Da Movement") et bien d'autres, toujours en évitant les clichés faisant défauts à une partie du rap hexagonal. Pour l'époque, le son est violent à souhait et la production suffisamment bien ficelée pour se laisser encore écouter aujourd'hui.

Bon, bien sûr, tout n'est pas bon à prendre. Certains morceaux comme "L'Agresse" et sa touche hip-hop de bas étage ressemble trop à un délire musical pour être pris au sérieux (comme quoi Enhancer n'a rien inventé...). Et que dire de "Just Be True" armé de ses beats électros à qui l'âge n'a pas fait du bien... Mais ces quelques écarts sont bien vite oubliés avec les grandes claques que l'on prend dans la tronche en se passant "Je Ne Jure De Rien" ou "Mackina".

Après ce coup d'éclat, les Silmarils n'ont malheureusement plus rien produit d'aussi brûlant et vivifiant. Malgré un Original Karma plus que prometteur, les autres disques n'arriveront pas à la cheville de ce défouloir auditif et les textes n'accrocheront plus autant nos oreilles. Dommage. Mais ça nous laisse quand même de quoi se frotter un peu les épaules.