Sleigh Bells
Reign of Terror
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1- True Shred Guitar / 2- Born to Lose / 3- Crush / 4- End of the Line / 5- Leader of the Pack / 6- Comeback Kid / 7- Demons / 8- Road to Hell / 9- You Lost Me / 10- Never Say Die / 11- D.O.A.
Pop tabassée, riffs acérés, attitude rentre-dedans, morceaux abrasifs, le premier album de Sleigh Bells, Treats paru en 2010, avait généré un accueil dithyrambique à coups de qualificatifs tous plus violents ou industriels les uns que les autres. Le duo de Brooklyn, composé de Derek Miller, ex-guitariste de la formation hardcore Poison The Well, et de Alexis Krauss au chant, frappait d’emblée les esprits en appliquant une formule aussi simple qu’efficace : une voix pop éthérée et des riffs de guitare métal, saupoudrés de boucles électroniques. Bref, un mix dance punk assez surprenant, poussé sur la vague de la hype par la contestable M\.I\.A\. Une image de durs encore renforcée en concert, où le duo joue en permanence sur la dualité entre une Krauss modèle poupée eurodance et un Miller limite cliché métalleux hargneux. Ajoutez donc un mur d’amplis en fond de scène pour renforcer l’image de gros son, et le tour est joué.
Si Treats avait frappé fort d’emblée, ce surprenant vainqueur critique de l’année 2010 posait pourtant une question cruciale : jusqu’où le duo new-yorkais allait-il pouvoir pousser une formule finalement assez limitée sur papier ? En guise de réponse, voici le second opus du groupe, Reign of Terror. Sneakers féminines ensanglantées et camouflage militaire ornent la pochette, le ton est donné d’emblée. Les deux yankees n’ont nullement l’intention de se départir de cette image décapante qui leur va si bien. En route donc pour le règne de la terreur, au propre comme au figuré.
Saturation à tous les étages, compressions à la limite de l’excès, redites du premier opus, Reign of Terror donne plus l’impression d’un joyeux bordel que d’un album structuré. Pire encore, certains morceaux ("Crush") filent droit vers le putassier et donnent l’horrible impression de subir un collage musical foireux entre un môme qui écouterait Slayer en voiture et les basses douteuses d’une boîte à touriste de la Costa Brava. Où quand l’audace et l’avant-gardisme frisent avec le mauvais goût et le mauvais plan média. L’alternance entre pop-synthétique et riffs métal se perpétue plages après plages, mais le combo s’avère plus désordonné que jamais. C’est gentillet, parfois très adolescent, mais l’immédiateté du premier album ne semble plus à l’ordre du jour.
Au contraire, le groupe, sans doute conscient qu’il à quelque chose à prouver, se lance dans des élucubrations sonores qui virent bien trop vite à la bouillie tapageuse. Cela joue vite et fort, mais cela sonne surtout comme une soirée pour ado qui aurait été (mal) enregistrée par un ingénieur du son sous kétamine. Pas - ou trop peu - de mélodies, des constructions musicales limite branlantes, un usage du chant sucré pop qui vire à l’écœurement, la coupe est pleine. A force de vouloir trop surprendre, le duo se retrouve victime de ses propres gimmicks et lâche l’auditeur, qui n’en redemande pas. On aurait bien voulu, mais on n’a franchement pas pu. Et ce n’est pas la récente reprise foireuse de l’abominablement saoulant "Irrepleacable" de Beyoncé qui risque de nous faire changer d’avis. Triste bilan.