Slomosa
Tundra Rock
Produit par
1- Afghansk Rev / 2- Rice / 3- Cabin Fever / 4- Red Thundra / 5- Good Mourning / 6- Battling Guns / 7- Monomann / 8- MJ / 9- Dune
Je dois ici remercier la rédaction d’Albumrock et certains membres de mon entourage, sans qui cette chronique n’aurait très certainement pas vu le jour. J’avais vaguement entendu parler de Slomosa à la sortie de leur premier opus (Slomosa, 2020), mais je n’avais même pas prêté une oreille distraite à l’album au chameau. De toute façon, les Queens of the Stone Age norvégiennes étaient à l’époque restées dans l’underground de la scène stoner où elles jouissaient tout de même déjà d’une solide réputation. Quatre ans plus tard, un deuxième album arrive enfin dans les bacs et sa sortie fait tant de bruit qu’elle parvient à piquer ma curiosité puis à me faire tomber sous le charme d’une des plus belles sorties stoner de l’année.
Son intitulé, Tundra Rock, fait évidemment référence au Desert rock des années 1990, bien que les landes gelées de Norvège entrent immédiatement en contraste avec l’aridité des terres californiennes. Notamment quand dès l’introduction, le bluesy "Afghansk Rev", aérien et planant, déploie les brumes glaciales de l’arrière-pays de Bergen, là où à l'inverse, l’orientalisant "Dune" évoque aussi bien Monster Magnet que le camélidé du premier opus.
En plus de ce titre d'album en forme d’hommage malicieux, la comparaison avec Queens of the Stone Age vient immanquablement du fait d’une inspiration assumée par le groupe (dont les débuts, à la fin des années 2010, consistaient en un ponçage du répertoire de QOTSA), mais aussi d’une inclinaison un peu plus mélodique voire pop, qui agrémentent la plupart des compositions. "MJ" s’inscrit pleinement dans cette filiation, de même que "Battling Guns" (étonnement lancé par un intermède sobre au piano - "Good Mourning"), le plus 90s et le plus pop des morceaux qui, malgré sa répétitivité, s’éloigne un peu des terres stoner – tout en servant de prétexte à leur engagement pour la cause palestinienne.
L’articulation entre une grande mélodicité et l’esthétique stoner fondée sur un riffing épais et fuzzy digne des 90s, est la grande qualité de la musique de Slomosa. Ainsi, "Monomann" associe son riff fuzzy aux lignes mélodiques du chant. Le tantrique "Red Thundra" lorgne sur la pop en alternant chants féminin (de la bassiste Marie Moe) et masculin, pour un rendu sublimement accrocheur où les lignes musicales se déroulent comme un mantra, si bien que la moindre variation (notamment la montée en puissance finale) devient un événement saisissant. De même, le riff entraînant de "Rice", presque dansant par sa basse chaloupée, apparaît ensuite un peu plus planant quand le chant arrive pour entrer en dialogue avec la guitare, et plus atmosphérique encore quand est joué le solo cristallin et résolument moderne.
Le manifeste de Slomosa semble bien être "Cabin Fever", un tube usé sur scène à la manière d’un teaser irrésistible. Il témoigne de la subtilité de leur écriture qui parvient à toujours maintenir la puissance et la lourdeur qu’exige leur volonté de demeurer dans leur registre stoner, tout en restant d’une suavité captivante. Là encore, QOTSA les avaient précédés, même si selon moi, Slomosa réussit à faire mieux en restant plus intègre à leur style d’attache.
Ce n’est plus un secret pour personne, et nous ne sommes pas les premiers à l’affirmer parmi les critiques rock, mais la scène Stoner vient de trouver un nouveau porte-drapeau avec Slomosa qui confirme ici son potentiel. Fini l’underground, place à la cour des grands.
À écouter : "Rice", " Red Thundra", "Cabin Fever", "Battling Guns"