Molly Hatchet
Flirtin' with Disaster
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1- Whiskey Man / 2- It's All Over Now / 3- One Man's Pleasure / 4- Jukin' City / 5- Boogie No More / 6- Flirtin' With Disaster / 7- Good Rockin' / 8- Gunsmoke / 9- Long Time / 10- Let The Good Times Roll
En 1978, Molly Hatchet avait déjà imposé son univers visuel en choisissant de s’en remettre à Frank Frazetta : si cette inscription au sein de l’heroic-fantasy détonnait dans l’espace codifié du rock sudiste, elle permettait de se distinguer de ses homologues et Flirtin’ with Disaster allait prolonger cette démarcation esthétique. Néanmoins, musicalement parlant, Molly Hatchet peinait à présenter une identité un tant soit peu affirmée sur son premier opus, très académique et légèrement anémique – ce à quoi ce deuxième opus allait remédier.
Le tube prohibitionniste inséré en début d’album, "Whiskey Man", fait office de dévoilement : la cavalerie métallisée et la voix agressive en introduction n’empêchent certes pas le titre de basculer sur un riff boogie-rock accompagné d’harmonica, mais l’identité sonore de Molly Hatchet gagne en puissance, et ce sans compter un solo en twin-guitars, propre à la marque sudiste, qui est parfaitement exécuté. Dans un registre très similaire, "Flirtin' with Disaster" ouvre la seconde face avec encore plus de superbe et de vélocité – les claviers conférant davantage de grandiloquence. Et ce sont toujours les guitares affutées qui dopent l’introduction de "Boogie No More", un titre qui adopte un registre éprouvé avec un certain talent grâce à une accélération bienvenue et à un solo interminablement virtuose. "Long Time" est également une belle surprise avec ses arpèges nimbés des brumes des Everglades – qui seront recyclés plus tard, moyennant quelques nuances.
De façon générale, Molly Hatchet reste globalement proche de Lynyrd Skynyrd et ne se montre pas toujours très inventif, mais le groupe a trouvé le moyen de croître en énergie par rapport à l’album précédent, comme en témoignent les pièces convenues "Good Rockin'", "One Man's Pleasure" et ses claviers bien moins judicieux que sur "Jukin' City". Et s’il est vrai que leur version d’"It's All Over Now" reste supérieure à l’originale (des Valentinos, soit la famille Womack) et à celle plus connue des Rolling Stones), il s’agit toujours d’un morceau de type boogie-rock un peu dépassé pour la fin des 1970’s - "Dreams I'll Never See" avait été un choix plus judicieux l’année précédente. Cette touche un peu ringarde colle hélas encore à la peau du combo qui décline cette esthétique boogie-rock sur "Gunsmoke" ou "Let the Good Times Roll". C’est certes 100% sudiste, mais on a connu le style plus entreprenant.
Dans la discographie de Molly Hatchet, Flirtin’ with Disaster est souvent considéré comme étant leur plus grande réussite : il s’agit dans tous les cas d’un classique du southern rock, à défaut d’être un chef-d’œuvre.
À écouter : "Whiskey Man", "Boogie No More", "Flirtin' with Disaster", "Long Time"