The Cult
Choice of Weapon
Produit par Chris Goss, Bob Rock
1- Honey From A Knife / 2- Elemental Light / 3- The Wolf / 4- Life Death / 5- For The Animals / 6- Amnesia / 7- Wilderness Now / 8- Lucifer / 9- A Pale Horse / 10- This Night In The City Forever
Comment transmettre mon envie de vous faire découvrir le neuvième album de Ian Astbury et de son compère de toujours Billy Duffy sans la peur de vous révéler une part de nostalgie en avouant que The Cult c'était autrement plus bandant avant ? Cette envie semblait feinte car ce groupe culte aux influences amérindiennes, que j'avais jadis tant aimé grâce à son chanteur doué d'un charisme et d'un charme vocal presque sans égal, n'avait, selon moi, plus rien à donner. Avec les années, la beauté plastique en moins, à l'heure où le rock gothique n'est pratiquement plus qu'une question d'esthétisme et qu'un vieux groupe de hard rock ne peut plaire qu'à des quasi cinquantenaires, ce "couple mythique" (sans cesse complété par un line-up différent), qui avait réussi à faire le joint entre ses deux mondes, devait se retrouver dans une impasse...
Un a priori coupable que je me dois de démentir ici pour une raison essentielle : les Cult sont toujours restés intègres et authentiques dans tout ce qu'ils ont fait jusqu'ici. Et lorsque l'on suit une telle ligne de conduite, il y a forcément des moments dans une longue carrière où ce que l'on propose artistiquement est à nouveau en phase avec les attentes d'un plus grand nombre. Sans anticiper sur l'éventuel succès de Choice of Weapon, il semble que ce soit bel et bien le cas pour cet album. S'il ne changera rien à l'histoire du rock, cet opus enregistré à l'ancienne avec les producteurs Chris Goss (Masters of Reality, QOTSA etc...) et Bob Rock, déjà présent sur Sonic Temple (1989), bénéficie d'un travail raffiné dans ses arrangements et ses choeurs, tout comme dans les nuances et les crescendo qu'il recèle.
Une polyvalence que l'on retrouve dans la voix de Ian Astbury qui s'autorise quelques parties plus intimes, près du micro, tout en douceur lors des superbes "Elemental Light" et "This Night In The City Forever". Un registre dans lequel il avoue préférer chanter alors qu'il s'est révélé au monde musical grâce à sa puissance vocale. Sans se reposer sur leurs lauriers quelque peu fanés, même si le single "For the Animals" sonne comme du bon vieux Cult, les morceaux hard rock peuvent encore combler les fans d'un groupe qui n'avait rien délivré depuis 5 ans (Born Into This). Les riffs sortis par Billy Duffy de sa cultissime Gretsch White Falcon font toujours leurs effets et la section rythmique est à la hauteur avec le batteur John Tempesta qui nous joue du lourd bien senti. Mais si vous êtes sensible à l'ésotérisme que peut incarner The Cult, il y a également quelques choses en plus, ici ou là, à l'instar de la cinématique "Life > Death" ou de la très Jim Morrison ("A Pale Horse").
A l'image de la pochette, Ian Astbury, masqué et coiffé de plumes et de cornes, évoque l'esprit de l'album : "mon visage est couvert d'un masque, en guise de solidarité avec le mouvement Occupy et le printemps arabe. On a vu tant d'images de jeunes gens dans les rues avec le visage couvert. Les cornes représentent le croissant de lune. Le manteau rappelle le punk-rock et je porte un t-shirt du film Gangs of New York et des colliers tibétains qui sont de petits crânes faits d'os de yak. Il y a beaucoup de symbolismes dans cette image." A l'évidence, The Cult n'est donc jamais devenu un banal groupe de hard rock made in L.A, Ian Astbury et Billy Duffy y vivent pourtant depuis 20 ans. Choice of Weapon en témoigne et s'adresse aussi aux femmes en louant l'esprit et la conscience de l'énergie féminine avec leur progression dans la culture et leur entrée dans les zones de pouvoir.
La préservation de la nature, la lutte contre toutes les tyrannies (morales, physiques et financières) et l'acceptation du pouvoir des femmes, du choix de nos armes pour les défendre ou les combattre va dépendre notre bien-être présent et futur. C'est dans l'air du temps mais c'est ce que Ian Astbury porte en lui depuis longtemps. Pour cela aussi, Choice of Weapon mérite une écoute (d')aujourd'hui.