
The Halo Effect
March Of The Unheard
Produit par Oscar Nilsson
1- Conspire To Deceive / 2- Detonate / 3- Our Channel To The Darkness / 4- Cruel Perception / 5- What We Become / 6- This Curse Of Silence / 7- March Of The Unheard / 8- Forever Astray / 9- Between Directions / 10- A Death That Becomes Us / 11- The Burning Point / 12- Coda


Fondé autour d'ex-membres du groupe In Flames et emmené par Mikael Stanne connu, entre autres, pour être le chanteur actuel de Dark Tranquillity, sont les composantes qui permettent à The Halo Effect de justifier sa place dans la catégorie de ce que l'on appelle trivialement les "supers-groupes". Réunis par les liens humains plutôt que la recherche d'une popularité démocratisée, le quintet voit sa renommée s'émanciper, à la surprise de ses créateurs, jusqu'à tutoyer une forme consécration avec leur nomination aux Grammy suédois. Une réputation solide, qui sera un peu plus appuyée par la scène, dont les performances vaudront au groupe d'intégrer les tournées de mastodontes du metal tels que Meshuggah et Machine Head. Autant de conquêtes prodigieuses acquises à la force du seul premier album. Voilà donc le lourd héritage avec lequel ce second opus, March Of The Unheard, qui nous intéresse aujourd'hui, doit composer.
Prévisible, c'est ainsi que l'on pourrait qualifier les premiers instants de ce nouvel album. On retrouve la bande de Göteborg exactement là où l'avait laissée trois ans plus tôt : au cœur du death-mélodique, joué dans tout ce que le registre peut avoir de traditionnel. "Conspire To Deceive" renoue avec un son direct et sans fioritures, assumant son adhésion totale avec le patrimoine du style tel qu'il nous était présenté dans les années 90.
Nous voilà projetés au cœur de la tempête, portée par la célérité rythmique, où les growls de Mikael Stanne prennent des allures de tonnerre incessant sous le déluge mélodique de la guitare lead. Un ouragan dont l'absence totale d'accalmie s'accompagne d'une pesante redondance. Le phrasé mélodique s'essaye malgré tout à quelques variations stylistiques avec une ligne aux sonorités proche du punk ("Detonate") ou en prenant des allures d'hymne pour marins aguerris ("Cruel Perception"). Ces tentatives d'évolutions qui ne suffisent pas à rompre avec le sentiment d'inertie qui émane de ce début d'album. Tout n'est pas à jeter pour autant. Dans cette brume répétitive, l'inventivité de The Halo Effect donne parfois lieu à des instants tout aussi inattendus que jouissifs à l'image de "What We Become" et son riff "Muse-sien" aux délicieux échos de "Stockholm Syndrome".
A ce stade, on se dit que March Of The Unheard manque de substance. Sans être impersonnel, le death-melodique des Suédois souffre d'une fâcheuse absence de profondeur ; bien loin du charisme d'un groupe comme In Mourning qui, dans cette même branche du metal, parvient sans mal à nous emporter dans un panel d'émotions par les incessantes variations contenues dans ses compositions. Cette richesse The Halo Effect la caresse, mais n'ose pas s'y aventurer comme sur un "Our Channel To The Darkness" dont on regrettera l'absence des arpèges acoustique au-delà sa seule introduction. Il faudra atteindre "This Curse Of Silence" et son thème chamanique pour voir les Suédois s'aventurer dans la prise de risques avec succès. L'alliance de cette piste instrumentale avec le morceau éponyme "March Of The Unheard" permet au disque d'enfin rompre avec la platitude. Voilà un morceau à la rythmique variée, avec des vrais breaks et une richesse émotionnelle qui, portait par le haut niveau technique de ses auteurs, nous renvoie au tout meilleur de ce que peut proposer le death-mélodique tel qu'il peut être joué par un groupe comme Be'Lakor. "Between Directions" évolue également dans une sphère complètement différente avec ses apparats symphoniques qui habillent superbement la musique du quintet. Un titre où Mikael Stanne s'ouvre aux lignes de chant clair du plus bel effet. Une forme vocale entendue précédemment sur le morceau "Forever Astray", dont on se dit qu'elle aurait mérité d'être un peu plus présente pour offrir à March Of The Unheard un surplus d'alternance émotionnelle.
La seconde moitié de March Of The Unheard permet à The Halo Effect d'extraire son nouvel opus du brouillard insipide induit par la redondance de ses intentions initiales. Finalement, ce second album devrait contenter l'auditorat conquis par son devancier en insistant sur l'urgence dans laquelle est bâtie leur son death-melodique. Un registre qui, sans doute, confirmera la pertinence des Suédois dans leurs performances en live. Mais, pour soutenir l'écoute d'un album dans son entièreté, il était nécessaire que le groupe nous offre autre chose. A cet effet, l'évolution de Mikael Stanne en voix claire est une vraie réussite. L'orientation symphonique semble également être une direction que le groupe parait vouloir creuser pour la suite, si on se fie à la piste instrumentale chargée de refermer le disque : "Coda".
Il faudra au moins cela pour faire vivre un style qui, pris dans sa seule face brutale, pourrait laisser croire qu'une écoute distraite est suffisante pour en saisir l'entièreté de son propos.
A écouter : "March Of The Unheard" ; "Between Directions"