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Critique d'album

The Killers


Pressure Machine


(13/08/2021 - Island Records - New Wave - Genre : Rock)
Produit par

1- West Hills / 2- Quiet Town / 3- Terrible Thing / 4- Cody / 5- Sleepwalker / 6- Runaway Horses / 7- In The Car Outside / 8- In Another Life / 9- Desperate Things / 10- Pressure Machine / 11- The Getting By
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Tueurs à l'arme noble"
Julien, le 24/08/2021
( mots)

Un nouvel album cousu dans la pudeur et la discrétion sonne comme une hérésie à l’évocation de The Killers. Le groupe de Las Vegas nous avait habitué aux sorties en grande pompe à coup de pléiade de singles publiés en éclaireurs d’albums aux qualités plus que discutables : voir le grandiloquent et prétentieux Wonderful Wonderful en 2017, ou la longue litanie, dépourvue d’intérêt, Imploding The Mirage sortie en 2020 et que le groupe n’a jamais pu défendre (ou vendre) sur scène pour les raisons que l’on sait.  


La bande de Brandon Flowers est en roue libre depuis un sacré moment : le désintérêt des rédacteurs d’Albumrock envers les publications des américains le prouve ainsi la dernière chronique existante sur le site (Day and Age en 2008) faisait déjà état d’un groupe pour lequel “il n’y a plus rien à attendre”. Leur renommée “Les Tueurs” l’ont obtenue il y a 15 ans avec leurs deux premières publications studios époustouflantes et qui ont, à l’époque, réglé leur compte au paysage de la New Wave. Hot Fuss et Sam’s Town voyaient The Killers adresser un clin d’œil cynique à U2 et autres Depeche Mode : le territoire de ces derniers allait devenir celui du quartette de Vegas sans aucune contestation possible. Et puis plus rien, ou du moins plus grand-chose, si ce n’est quelques exploits isolés : “Human”, “Runaways”. Le groupe fait en revanche étalage de toute sa classe sur scène en articulant ses shows autour de ses deux premiers albums. La magie vocale de son chanteur et le travail sonore du guitariste Dave Keuning se chargent d’asseoir l’indéniable renommée du quartette quand on parle du live. Captivant, énergique, étincelant… nombreux sont les superlatifs pour raconter un concert de The Killers. Tranquillement assis sur leur stèle The Killers forment un groupe capable de donner vie à la nostalgie, jamais paresseux mais leurs choix musicaux deviennent de plus en plus douteux au fil de leur publications musicales et font des américains ce groupe dont définitivement il n’y a plus rien à attendre. Et puis …


Et puis 2020, la Covid-19, cette parenthèse infinie qui réduit au silence la vie de la musique. C’est dans ce silence que Brandon Flowers va puiser les prémices de Pressure Machine :
Everything came to this grinding halt, it was the first time in a long time that I was faced with silence. Out of that silence this record began to bloom” (“Tout s’est arrêté brutalement, c’était la première depuis très longtemps que j’étais confronté au silence. Et c’est de ce silence que l’album a commencé à germer”)


Le chanteur américain de 40 ans délaisse l’horizon pour se replonger dans ses racines, celles qui l’ont vue grandir dans la petite ville de Néphi dans l’Utah : l’Amérique rurale, celle des champs de blés à perte de vue et de l’illusoire “rêve américain”. Flowers va tout du long des 12 chansons qui composent cette production raconter l’histoire des locaux. Explicitement. Chacune des pistes démarrent par une petite interview des habitants de Néphi portant un regard somme toute déprimant sur leur situation où ils abordent tour à tour des thèmes qui vont de la consommation de drogues, au suicide, en passant par la foi religieuse jusqu’à la perdition.
Faut-il voir au travers ces histoires la volonté du groupe d’avancer en 2021 dans l’ombre de la pudeur ? Certainement. Ce qui est certain en revanche c’est que les interviews des habitants de Néphi donnent à l’album son ambiance, ses couleurs pour lui apporter toute sa saveur. 


Pressure Machine est à l’opposé d’une production grandiloquente bâtie pour partir à la conquête des ondes FM ou des stades. Le dernier album de The Killers se veut contemplatif et raffiné. Un disque délicat qui, comme souvent dans ce genre de concept, comporte quelques lacunes que nous allons évacuer d’emblée avec le titre “Desperate Things” et sa lenteur agrippante qui enferme l’auditeur dans une mélodie pompeuse dont l’auditeur n’arrivera jamais à se défaire, un passage fait de larsen finit d’anéantir tout espoir de trouver une étincelle et ce morceau constitue le seul véritable loupé de l’album. 


La force de cette septième production de la bande de Vegas réside dans ces arrangements gracieux qui viennent apporter aux différentes compositions un côté rustique mais surtout très organique qui s’avère tout aussi inattendu que savoureux. Ici comment ne pas penser au titre “Quiet Town”, et ses breaks poussiéreux à l’harmonica qui épousent superbement les arpèges de guitares enrobés de réverb. Un titre délectable totalement habité par son propos et dont la production impeccable vient amplifier cette forme authentique d’honnêteté. Du côté des influences on pensera inévitablement ici à Bruce Springsteen tant les intentions de Flowers se rapprochent de celles du Boss. S’il fallait s’en convaincre le titre suivant “Terrible Thing” se charge de faire taire les doutes sur l’affiliation assumée entre le groupe de Las Vegas et le chanteur de “Streets of Philadephia”. La tendre douceur de “Runaway Horses” renvoie, elle, aux registres folks des albums solo de Mark Knopfler


Ce nouvel opus marque aussi le retour du guitariste Dave Keuning, absent lors de l’enregistrement du précédent effort du groupe. Un comeback réussi et indispensable au succès de cet album tant l’instrument à six cordes transporte certains titres dans des sphères radieuses. “In a Car Outside”, peut-être le meilleur titre de Pressure Machine, voit les lignes de guitares s’enrouler progressivement les unes aux autres pour finir dans 1min30 d’un outro exclusivement musical absolument majestueux. Keuning nous rappelle aussi à quel point son jeu est intelligent sur un “Cody” baigné dans un solo à la fuzz qui vient marquer une rupture des plus subtile pour un morceau jusque-là très conforme au registre de nos Tueurs. Cette conformité dans la mécanique du quartette du Nevada sonne également de tout son classicisme sur “Sleepwalker”.
Le talent de Brandon Flowers n’est pas en reste : sa ligne mélodique sur “In Another Life” est implacable et porte à elle seule tout l’intérêt contenu dans cette piste. Enfin, et surtout, le chanteur de The Killers étale toute sa palette vocale de façon bluffante dans le titre éponyme de l’album où les changements d’octaves sont ahurissants de facilité avant de s’effacer dans l’harmonie déchirante du tourbillon d’un solo au violon. 


Finalement c’est dans le titre d’ouverture “West Hills” que se trouve le parfait résumé du propos musical de Pressure Machine : à la fois mystique et vaporeux, il faut tendre l’oreille pour apprécier toutes les subtilités qui dévoilent tour à tour des artifices magiques de mandoline ou de violons qui viennent emporter le morceau dans des sphères aériennes.


Loin de tout excès boulimique, The Killers nous proposent avec Pressure Machine un album au registre inattendu qui forme une parenthèse exquise lors de son écoute du début à sa fin. A la fois réfléchi, cérébral et tangible, l’ensemble est extrêmement convaincant et, n’ayons pas peur des mots, on écoute ici le meilleur album du groupe américains depuis Sam’s Town en 2006. Reste à voir si la bande de Brandon Flowers saura renouveler ces belles intentions alors que le groupe nous parle déjà de sa prochaine production à venir.

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Commentaires
Mathildealbumrock, le 10/09/2021 à 11:07
Il sont de retour ! Bon album vraiment !