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Critique d'album

Judas Priest


Stained Class


(10/02/1978 - Columbia - British heavy - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Exciter / 2- White Heat, Red Hot / 3- Better by You, Better Than Me / 4- Stained Class / 5- Invader / 6- Saints in Hell / 7- Savage / 8- Beyond the Realms of Death / 9- Heroes End
Note de 5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Un album qui renforce une identité musicale et trace la voie au Metal, sans autre forme de procès"
François, le 25/08/2021
( mots)

1990, Nevada. Avant de connaître une nouvelle vague de succès grâce à la sortie de Painkiller au mois de septembre, les membres de Judas Priest sont sur le banc des accusés. Plus que le procès d’un groupe, c’est la condamnation du Metal qu’on essaye d’obtenir, les fantasmes les plus farfelus s’exprimant sous fond d’hypocrisies sociale et religieuse. Leur crime supposé ? Avoir glissé des messages subliminaux dans leur musique, des "Do It" qui auraient poussé deux de leurs fans au suicide. 


Remontons le temps. En 1985, à Reno, deux jeunes adultes nouent un pacte autodestructeur. Pour Ray, le canon enfoncé dans la gorge aboutit à une balle fatale, mais la mort manque son rendez-vous quand son ami James Vance rate son coup pour finir complétement défiguré et handicapé. Pour la famille du dernier, la raison de cet acte est à chercher du côté de leur groupe préféré, Judas Priest. Le procès finira par donner des explications bien plus convaincantes – et soulignera l’hypocrisie de la famille, entre un beau-père alcoolique, violent et accro aux jeux, ainsi que deux jeunes qui sombraient dans des addictions multiples et un goût morbide pour les armes et les meurtres de masse (il semble que le suicide aurait pu se transformer en un Columbine avant l’heure). 


Dans le documentaire qui revient sur cette histoire (Dream Deceivers : the Story behind James Vance vs. Judas Priest), on découvre également l’obscurantisme chrétien de la mère de James Vance qui voit le diable se glisser dans les paroles des Metal Gods. Une expression typique de la mentalité inquisitrice de la partie conservatrice des Etats-Unis qui avait déjà attaqué le groupe suite à "Eat Me Alive" (Defenders of the Faith, 1984). A l’époque, c’était la femme d’Al Gore et son Parents Music Resource Center (le fameux logo "Parental Advisory", c’est eux) qui mettaient à l’Index les groupes de Metal selon les paroles de leurs chansons. 


Lors du procès de 1990, le titre à mettre sur un bûcher s’intitule "Better By You Better Than Me", reprise de Spooky Tooth (Spooky Two, 1969), un exercice de cover que le groupe pratique régulièrement (Gun et Joan Baez avait été repris auparavant, puis ce sera Fleetwood Mac sur l’album suivant). Le procès établira qu’il n’y avait aucun message subliminal dans ce morceau qu’ils n’avaient même pas composé … Il sera joué pour la première fois en live quelques jours après la résolution de l’affaire afin de promouvoir Painkiller … Aux Etats-Unis. Une belle provocation mais aussi une opportunité pour mettre en avant un titre qui est très bien réinterprété dans une version Heavy et tranchante, au sein d’un album qui ne l’est pas moins. 


En effet, Stained Class est comme un point d’étape dans l’évolution esthétique du groupe : l’apparition du symbole au trident qui devient leur logo officiel est à ce sens évocatrice. Si les trois premiers albums montraient une progression vers un Heavy Metal renouvelé, Stained Class est un moment où leur style a besoin de se poser plus assurément. Il s’agit donc d’un album très metallique et brut, véloce et sans concession. 


Une tempête qui commence sur "Exciter", au rythme soutenu et aux guitares bavardes multipliant les notes avec rapidité, et déferle encore sur "Stained Class" au refrain hymnique et à la cadence militaire ou sur le caverneux "Heroes End". D’excellents titres qui donnent le ton, et ressortent d’un album qui, par son homogénéité, peut aussi sembler manquer de relief ou de variété par rapport aux autres opus. On pense notamment à "White Heat, Red Hot", "Invader" (avec des relents sabbathiens encore sensibles), "Saints in Hell", ou "Savage" (un peu trop vite oublié, malgré un rythme entraînant et un solo bien senti). De bons morceaux, assurément, mais un peu classiques (avant l’heure) au regard de l’histoire longue du genre : c’est le salaire de la stabilisation stylistique. 


Paradoxalement, au sein de cet exercice (relatif) de brutalisation, le moment le plus mémorable semble être la plus belle ballade du groupe, "Beyond the Realm of Death", superbement mélancolique et plombante, qui trouve un écho dérangeant dans le destin des deux jeunes Américains susmentionnés. 


Avec le recul, on se rend compte du chemin parcouru par ce nouveau courant du rock  qui prend le nom de Metal. Pour cela, le procès de Reno saute aux yeux : il marque certes la défaite de la réaction face à ce style mais surtout, au regard des excès du genre en termes de paroles comme d’imagerie, les membres de Judas Priest paraissent aujourd'hui comme des anges (ou presque) alors qu’ils sont sur le banc des accusés. Musicalement, le groupe pose également une pierre importante dans cette seconde décennie des années 1970, notamment avec Stained Class, traçant le chemin pour les décennies à venir, mais demeure très soft par rapport aux évolutions futures. Etre pionniers, c’est aussi essuyer les plâtres. 

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