The Maccabees
Wall Of Arms
Produit par
1- Love You Better / 2- One Hand Holding / 3- Can You Give It ? / 4- Young Lions / 5- No Kind Words / 6- Wall Of Arms / 7- Dinosaurs / 8- Kiss And Resolve / 9- William Powers / 10- Seventeen Hands / 11- Bag Of Bones
The Maccabees sont tragiquement méconnus en France, malgré leur statut de stars indie au Royaume-Uni. Pourtant, difficile de faire groupe plus excitant aujourd’hui. Il est vrai que leur premier disque relevait d’un punk goguenard pas franchement original bien qu’incroyablement efficace. Mais, ami lecteur amoureux de rock britannique, cette seconde cuvée cimente cette base déjà solide avec la fulgurance d’un génie indie comme il s’en fait peu.
The Maccabees sont la nouvelle figure de proue d’un post-punk grand genre. Ils sont beaux, ils sentent le sable chaud, mais surtout ce sont des dieux de l’alternatif bien produit. Ils en font parfois légèrement trop, avec ce pont un peu grandiloquent sur "Love You Better" ou avec l’intro de "Dinosaurs", mais on ne peut que leur pardonner tant leurs compositions bénéficient d’une extraordinaire cohérence. Les membres sont en symbiose et se révèlent tous subtilement inventifs.
Wall Of Arms est plus froid que Colour It In, les Maccabees ont la maturité triste. Loin des hymnes de jeunots assénés comme des bourrades ("First Love" ou "Toothpaste Kiss"), les ambiances sont moins colorées, portées par des paroles désabusées. Mais la voix d’Orlando Weeks reste à tomber à la renverse, tendance Morrissey en goguette ("Young Lions"). Enveloppée dans son écho, elle participe à l’ambiance plus noire et profonde, appuyée par le premier single "No Kind Words" : sa basse monocorde déployée en envolée punk se pose comme un surprenant coup de génie, entêtant à s’en gratter le crâne, voué à devenir un tube incontestable. "Love You Better", "William Powers", "Wall Of Arms" et leur mélancolie déchirante contrebalancée par l’énergie des instruments, ou "One Hand Holding" et "Can You Give It" en forme de sursaut du dernier espoir, valent à elles seules l’acquisition de l’album.
Avec Marcus Dravs (producteur d’Arcade Fire également) aux manettes, l’album souffre quelque peu d’un côté épique. La force de Wall Of Arms est aussi sa faiblesse. Certaines chansons présentent une trop grosse production qui les empêche d’être résolument punks ("Kiss And Resolve", un peu fastidieux), et fait parfois basculer le groupe dans la pop mélancolique et grandiose ("Dinosaurs").
Mais sans vouloir tomber dans les phrases débilement surfaites et exagérées (du genre : "Wall Of Arms devrait être remboursé par la Sécurité Sociale", ou "Cet album, c’est le son de Dieu") ce disque paraît hautement indispensable, malgré ses (rares) défauts. Et un jour quand on sera très vieux et que le soleil menacera un peu plus de manger la Terre, les adolescents les trouveront sûrement un peu ringards. Mais aujourd'hui, The Maccabees s’imposent à la France comme l'un des nouveaux meilleurs groupes inconnus à découvrir d'urgence.