↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Tigercub


As Blue As Indigo


(18/06/2021 - BLAME Recordings - Alt rock - Genre : Rock)
Produit par

1- As Blue As Indigo / 2- Sleepwalker / 3- Blue Mist in My Head / 4- Stop Beating on My Heart (Like a Bass Drum) / 5- Funeral / 6- Built to Fail / 7- Shame / 8- As Long as You're Next to Me / 9- Beauty / 10- In the Autumn of My Years
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (5 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 3.5/5 pour cet album
"Tigercub propose un étonnant jeu de superposition des couleurs"
Julien, le 10/08/2021
( mots)

C’est une affiche qui a de la gueule : sur les prochaines dates de leur tournée Britannique les gars de Royal Blood invitent en première partie le trio qui nous intéresse aujourd’hui, Tigercub. Si cette programmation fait autant saliver c’est parce que le groupe venu de Brighton, et emmené par Jamie Hall, a largement de quoi contenter les fans de la première heure du duo Kerr-Tatcher au vu de la qualité indéniable de leur dernière production intitulée As Blue As Indigo.  


Il faut dire que Royal Blood a laissé pas mal de monde sur le carreau avec sa dernière sortie Typhoons, bien loin (trop loin) de la fureur des riffs dantesques de leur premier album éponyme. Le bienfait dans l’affaire est qu’en délaissant leur registre mi stoner mi hard rock, dont ils étaient les initiateurs, Mike Kerr et Ben Tatcher ont donné les clés à d’autres qui, reprenant le flambeau avec brio ont ajouté, bien sûr, une patte sonore toute personnelle à l’ensemble : on pensera particulièrement ici à l’excellent -!- de Dead Poet Society et ses relents punks. 


Revenons à Tigercub et ce second opus As Blue as Indigo.
Le point marquant à l’écoute des premiers titres c’est la reprise de cette recette faite de riffs rageurs et rugissants, pareils à un électrochoc, qui viennent se mêler à des lignes mélodiques brillantes d’ingéniosité et couplées à une voix aérienne et puissante : le titre “Blue Mist In My Head” en est la parfaite illustration.
Calqué sur la même architecture de composition avec cette énergie toujours si massive, “Sleepwalker” se charge de dérouler le propos lyrique de l’album que son leader Jamie Hall résume ainsi :
I try to be happy in my helpless mind. My depression is an illness that seems to sleepwalk into my consciouness” (“J’essaie de faire de mon mieux pour être heureux bien que mon esprit soit sans défense. Ma dépression est une maladie qui se promène dans ma conscience comme un somnambule”). Un lyrisme fait d’un fil mélancolique déroulé tout du long de l’album et qui aborde les thèmes de la dépression donc, mais aussi de l’anxiété ou encore la perte des êtres chers. 


Ces sujets génèrent un écho des plus rationnel avec la signature musicale voulue par Tigercub et qui forme le principal intérêt de cet album. En effet, le trio de Brighton a une capacité assez incroyable à superposer les styles. Une pure audace qui voit les genres et influences être assimilés et cousus ensemble au sein de l’album, mais aussi et surtout à l’intérieur même des morceaux. 


Ainsi le titre éponyme “As Blue as Indigo”, chargé d’ouvrir l’album, démarre discrètement en empruntant un étrange chemin à la fois doux et langoureux où malgré la délicatesse dans la mélodie chantée par Jamie Hall sur fond d’arpèges hypnotiques, sonne une harmonie menaçante, prête à s’effacer pour laisser place à un glorieux tonnerre sonore. “Stop Beating on My Heart (Like a Bass Drum)” avance également dans le registre du calme avant la tempête : la combinaison introductive basse-batterie (c’est marqué dans le titre) se charge d’accompagner une voix caressante avant le déchainement des enfers sur un refrain d’une justesse chirurgicale, mélodiquement parlant.


Cet assemblage des ambiances et couleurs musicales atteint son point culminant sur la piste de clôture dont le titre est empreint d’une si charmante mélancolie : “In the Autumn of My Years” (littéralement : “A l’automne de mes années”). Là encore la fragilité prévaut dans les intentions vocales dévoilées par le chanteur Britannique qui maintient le cap, malgré la lourdeur des guitares en arrière-plan qui gagnent peu à peu en épaisseur avant de définitivement s’emparer du morceau. Comme si la quiétude tant recherchée n’était qu’un propos illusoire parce que les démons se cachent même dans les rares instants d’apaisement en attendant patiemment leur tour pour imposer la loi de l’obscurité. 


Plus on avance dans l’album plus les influences tournent. Là où les premières pistes regardaient très clairement du côté de Royal Blood, un morceau comme “Beauty” a une sonorité détonante avec celle de Queens Of The Stone Age, la faute (en partie) à la voix de Jamie Hall qui, lorsque qu’elle va chercher quelques octaves dans les hauteurs, renvoie immédiatement à celle de Josh Homme. Un constat similaire peut être dressé sur l’un des autres temps forts de l’album : “As Long As You’re Next To Me” et ses délicieuses teintes de blues chaleureuses qui viennent se mêler à une mélodie une nouvelle fois entêtante, avant de se noyer en se jetant du rebord d’un pont instrumental tonitruant. 


La seconde production de Tigercub, pêche en revanche en son cœur, bâti autour de trois titres voulus plus contemplatifs et apaisés. Si “Shame” traine en longueur, sa construction et une musicalité qui peuvent, par instants, rappeler celle d’un groupe comme Girls In Hawaii, le morceau finit par s’imposer malgré un concept au sein duquel le groupe peine à convaincre. C’est d’autant plus vrai lorsque que l’on se tourne sur le titre “Funeral”. Un morceau qui s’oriente volontairement sur l’émotion déchirante de la perte d’un être cher. Presque trop impudiquement. Un peu plus de quatre minutes intimistes où s’invitent les instruments à cordes pour n’apporter qu’une impression encore plus pompeuse dans un ensemble qui jure trop au sein des dix pistes que forment As Blue as Indigo.


Ces quelques écueils n’empêchent pas l’album d’être globalement convaincant. On pourra même parler de franche réussite si on se réfère au premier effort la bande de Brighton sorti en 2016 : Abstract Figures in the Dark. Le cru de cette année 2021 démontre une saisissante amélioration, en particulier sur le chant tant la progression technique de Jamie Hall en 5 ans est impressionnante.
As Blue as Indigo brille par sa capacité à maintenir un équilibre parfait : entre lumière et obscurité, les mondes semblent se heurter à l’intérieur de chacune des compostions de l’album de sorte que force et fragilité s’unissent pour le meilleur.
Placé dans une belle lignée entre Royal Blood et Queens Of The Stone Age, Tigercub dévoile un registre qui semble offrir au groupe de nombreuses possibilités et propose une ouverture sonore à explorer dans les prochains chapitres de son aventure musicale (comme l’approche acoustique même si cette dernière se doit de gagner plus en maitrise pour être tout à fait convaincante). C’est sûr, il reste à ces Anglais beaucoup de facettes à dévoiler. 

Si vous aimez As Blue As Indigo, vous aimerez ...
Commentaires
JulienAR, le 11/08/2021 à 13:55
Merci beaucoup Diego !
DiegoAR, le 11/08/2021 à 10:43
Belle découverte grâce à une chronique tout aussi réussie !
Dragovan, le 10/08/2021 à 20:03
J'ai en effet beaucoup aimer cet album qui m'a rappelé Royal Blood, une belle découverte de 2021