Dead Poet Society
!
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1- ! / 2- .futureofwar. / 3- .burymewhole. / 4- .getawayfortheweekend. / 5- .AmericanBlood. / 6- .intoodeep. / 7- .georgia. / 8- -JU- / 9- I Never Loved Myself Like I Loved You / 10- .SALT. / 11- .CoDA. / 12- .loveyoulikethat. / 13- -gopi- / 14- .lovemelikeyoudo. / 15- .beenherebefore. / 16- .haunted.
Dead Poet Society, soit littéralement : "La société du poète mort". Une preuve supplémentaire que ça n'est jamais une bonne idée de traduire les noms de groupe. Les Dead Poet Society sont de jeunes Américains, originaires de Boston (le groupe s'est formé sur les bancs de la prestigieuse université de Berklee) et ! (prononcez The Explanation Album) constitue leur premier véritable opus après un EP 7 titres Axiom en 2015, passé complètement inaperçu ; y compris au sein de la rédaction d'albumrock.
Depuis, le groupe a acquis une jolie réputation outre-atlantique, en tournant notamment aux côtés de BadFlower.
On passera rapidement sur l'idée faussement fantasque d'appeler son album !, ou sur la coquetterie inutile (et infernale pour la base de données du site) de libeller ses chansons sous le format suivant ".futureofwar." ou avec des tirets à la place des points, avec parfois des mots en majuscules et d'autres sans. Nous allons plutôt nous attarder sur ce qui fait le sel de ce pour quoi vous lisez normalement cette chronique : la musique. Et la musique des Américains est tout bonnement excellente. Pas exempte de défauts, ni outrageusement originale, nous y reviendrons, mais elle foutrement efficace.
Alors oui évidemment, la première écoute du single ".getwayfortheweekend." vous évoquera fatalement Royal Blood. Mais comme Royal Blood ressemble aussi à énormément d'autres formations (sans que ce soit forcément une critique...du moins pas pour le premier album), cela ne fait pas beaucoup avancer le schmilblik.
Gageons que pour les aficionados du Sang Royal (la traduction ne fonctionne pas davantage ici), ce ! peut toutefois être un excellent produit de substitution en attendant enfin ce fameux troisième disque. Vous noterez mon total manque de timing puisque le nouveau Royal Blood arrive dans une semaine, après 4 longues années de silence radio.
Le premier défaut du disque réside dans ces spoken words placés ici et là, qui n'apportent pas grand chose (c'est d'ailleurs rarement le cas, n'est pas Songs for the Deaf qui veut), et qui peuvent potentiellement décourager des auditeur·trice·s qui verraient d'un mauvais oeil le trop grand nombre de titres (16 !) au programme de l'album.
! débute réellement avec ".futureofwar", instrumental inquiétant et angoissant piochant du côté de Slipknot, époque "Subliminal Verses". Et si on n’est absolument pas en présence de métal extrême, ces sonorités différentes, issues du néo-métal auront quelques résonances plus loin dans l’oeuvre. Mais ce premier riff aigu, dissonant et abrasif est déjà une première curiosité, gourmande et remarquable.
La rupture avec « .burymewhole. » est d'autant plus abrupte, puisqu’après une intro aux cordes bluesy, la chanson se mue en une sorte de rock saillant et vrombissant, portée par un refrain très reconnaissable, quelque part entre le stoner et le rock alternatif, aboutissant sur un pont aux reflets une fois encore néo-métal. Curieux, déstabilisant, mais on a envie d’aller voir plus loin ce que la galette a dans le ventre.
Et c’est le moment que choisi le groupe pour nous asséner le premier single «.getawayfortheweekend.», parfait hybride entre Royal Blood pour la rythmique ronde et martiale et Nothing But Thieves pour la voix très aérienne. La production est massive, carrée, et ce titre est finalement très représentatif de la "couleur" de !. La voix de Jack Underkofler y est pour beaucoup dans l’analogie avec Nothing But Thieves, même si celle de Conor Mason est sans doute bien plus singulière et plus acrobatique.
".AmericanBlood." aurait pu tout autant faire office de single tant la recette est payante : grosse batterie, refrain fédérateur, avec même une esquisse de solo de guitare. Le morceau a d’ailleurs le défaut de se qualités : il ressemble à s’y méprendre à plusieurs autres titres du disque, et c’est là un autre grief que l’on peut émettre au sujet de l’album. Rien de rédhibitoire ceci étant car l’ensemble sonne furieusement bien. La catalogue des références est bon, très bon même, puisque qu’après Royal Blood et Nothing But Thieves, c’est au tour des Arctic Monkeys de défiler lors des refrains de ".intoodeep" et ses accents R’n’B évoquant fortement le dernier vrai bon disque de la bande à Alex Turner.
Et si l’on regarde abondamment du côté de l’Angleterre quant à leur univers musical, Les Dead Poet Society ont semble t-il été biberonnés par la vague néo-métal américaine, que ce soit sur le titre instrumental déjà évoqué, sur les riffs massifs de ".georgia" qui évoquent les Deftones (une référence que l'on retrouvera sous d'autres aspects, sur certaines inflexions de voix à la Chino Moreno), et surtout sur ".SALT." qui nous vient directement des Nineties, coincé quelque part entre Korn et Coal Chamber. Mais la touche "néo-métal" ne doit pas être un frein aux plus réfractaires car les Américains parviennent à diluer ces éléments au milieu de morceaux parfois presque "power-pop" comme sur le très bon ".I Never Loved Myself like I Loved You", voire en réponse à des couplets presque "Rival Soniens", toutes proportions gardées, ".CODA." étant le meilleur exemple de ce mélange de genres (quel refrain !).
! bouffe un peu à tous les râteliers et c'est un peu le reproche que l'on peut faire à cette livraison. Si tout cela est parfaitement exécuté, avec une fraicheur et une énergie très communicative, difficile d'y retrouver une véritable identité et une vraie cohérence. On aurait sans doute aimé un peu plus de nuances sur la longueur, et si le titre ".haunted" est en soi très agréable, il est aussi un peu trop caricatural des fins d'albums qui proposent irrémédiablement un "guitare-voix" gorgé de reverb, un peu trop démonstratif et qui veut montrer (prouver ?) qu'il existe une autre facette du groupe.
Mais ne boudons pas notre plaisir, ! est une belle surprise, et saura ravir les oreilles des amateur·trice•s du genre dans un début d'année finalement assez pauvre d'un point de vue musical. En attendant le carton supposé du prochain Royal Blood ?