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Critique d'album

Wild Pink


A Billion Little Lights


(19/02/2021 - Royal Mountain Records - Indie Folk - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- The Wind Was Like A Train / 2- Bigger Than Christmas / 3- The Shining But Tropical / 4- Amalfi / 5- Oversharers Anonymous / 6- You Can Have It Back / 7- Family Friends / 8- Track Mud / 9- Pacific City / 10- Die Outside
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Bande-son d'une odyssée américaine"
Diego, le 13/05/2021
( mots)

Centrée autour du frontman John Ross (à la composition, au chant et à la guitare), la formation Wild Pink sort début 2021 son troisième opus, après un premier album éponyme en 2017, et un deuxième effort, Yolk in the Fur, en 2018.
Première observation : le bonhomme a pris son temps pour soigner cette troisième réalisation. A Billion Little Lights a en effet bénéficié de la contribution de nombreux musiciens hors du microcosme new-yorkais de son frontman. Citons par exemple Mike Brenner, membre non officiel du groupe qui œuvre à la pedal steel guitar, et David Greenbaum, producteur sur l’album, et collaborateur de Beck ou U2.

Le temps consacré à la composition et à la collaboration a également été une formidable occasion pour Ross de revoir ses classiques. Rappelons ici que l’incorporation des sources d’inspiration dans la création originale est un exercice périlleux : en témoigne le débat autour de Greta Van Fleet, dont le dernier album, s’il ne fait pas l’unanimité au sein de notre rédaction, suscite clairement l’attention et le débat. Si les jeunes américains ont semblé se détacher avec un certain talent de leurs sources d’inspirations 70s, cela n’a pas vraiment été le cas pour Taylor Swift et son folkore, qui suintait le Lana Del Rey jusque dans le phrasé de lèvres option collagène. L’opus proposé par Wild Pink est ici une formidable réussite de l’alchimie entre des filiations clairement revendiquées et leur insertion dans un univers musical à l’identité sincère.

On pense de prime abord à la pop expérimentale planante de Bon Iver sur "The Wind Was Like A Train", dont le titre seul constitue une invitation au voyage, qu’il soit musical ou physique. Tout au long de l’album, c’est également la folk soyeuse et le chuchotement de velours de Sufjan Stevens qui sont invoqués comme un fil rouge.

L’idée de la navigation au sein des grands espaces est un thème sous-jacent qui rythme l’album. Des incursions dans l’Americana version Tom Petty nous mèneront dans une ambiance Midwest que l’on imaginait mal coexister de manière aussi harmonieuse avec le reste des choix stylistiques. Les morceaux "Oversharers Anonymous" ou "Die Outside" en sont de bonnes illustrations. Si des groupes comme The War On Drugs s’étaient déjà aventurés sur ces terres aux racines coutry/folk, Wild Pink pousse l’exercice en mêlant cette promenade équestre à une réelle approche moderne et subtile.

La référence à la navigation ne s’applique d’ailleurs pas qu’à la géographie ou aux styles musicaux visités, mais également à l’expérience d’écoute de cette œuvre, dont les transitions entre les chansons sont d’une fluidité remarquable. On nous balade d’un titre à l’autre presque de manière invisible, rendant presque caduque la notion de single, tant il paraît dommage de sortir une chanson de ce cocon harmonieux. C’est en particulier le cas sur l’enchaînement entre "Bigger Than Christmas" et "The Shining but Tropical", où la caisse claire nous prend la main pour nous accompagner d’un titre à l’autre. Autre exemple: "Amalfi" et ses synthés n’auraient pas dépareillé sur le dernier Phoenix, Ti Amo, pour autant, il laisse sa place au résolument country "Oversharers Anonymous" et sa guitare slide omniprésente.

Savoir jouer avec talent les cartes que l’on a en main est évidemment un atout considérable, dans le domaine musical comme ailleurs. Car il nous faut bien l’avouer: la voix de John Ross est à peu près l’équivalent d’un sept et d’un deux non assortis, tant elle se fait palote et légère. C’est une limite évidente de la palette musicale du groupe, mais le disque n’en souffre pas réellement. Le doublage des pistes voix avec l’apport de la chanteuse Julia Steiner (The Ratboys) permet d’apporter du relief et de la consistance à ce coffre vocal qui ferait passer Etienne Daho pour une chanteuse à voix québécoise.
L’élégance et la finesse du songwriting sont également pour beaucoup dans cette compensation d’un manque de souffle au final peu dommageable. "You Can Have it Back" est une version édulcorée de "tu peux te le mettre où je pense", faisant référence à l'offrande d’un amour insincère. "The Shining But Tropical" est à prendre littéralement : le titre a pour inspiration une maison de retraite en Floride dans laquelle résidait l’oncle de Ross et dont le caractère glauque très kubrickien a nourri la créativité de l’artiste.

Wild Pink ratisse large musicalement, mais également dans ses références : celles-ci balaient donc les aspects personnels, tout comme la vulgarisation scientifique de Carl Sagan (toujours sur "The Shining But Tropical"), ou encore les classiques modernes, sur l’excellent "Pacific City", citant le -génial- film Heat, de Michael Mann.

Avec un nouvel album accompli, apaisé et extrêmement bien ficelé, Wild Pink confirme le talent d’arrangeur et de compositeur indéniable décelé sur les précédents exercices. On peut regretter le fait que le groupe reste aujourd’hui largement sous les radars, mais, après tout, cette chronique l’aura peut-être fait glisser dans votre champ de vision.

Commentaires
Alexx, le 09/07/2021 à 09:01
Bonne petite découverte. Particulièrement apprécié par mes collègues dans les moments de stress :-)