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Critique d'album

Witchcraft


The Alchemist


(01/10/2007 - Rise Above Records - Stoner/Doom - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Walk Between The Lines / 2- If Crimson Was Your Colour / 3- Leva / 4- Hey Doctor / 5- Samaritan Burden / 6- Remembered / 7- The Alchemist Pt. 1/2/3
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Un quatuor suédois ombrageux, frère honteux et occulte de Wolfmother."
Maxime, le 02/11/2007
( mots)

Tandis que le stoner rock américain a l’odeur de la gomme qui brûle sur l’asphalte et le goût d’une râpeuse lampée de whisky, son équivalent suédois ondule en de rougeoyantes flammèches dans l’âtre d’une cheminée. Aux uns les joies des jams sous un soleil de plomb, aux autres les délices des processions sous les premières lueurs de l’aurore. Répertoire de Black Sabbath période Ozzy maîtrisé sur le bout des ongles, connaissance ample et déférente de l’œuvre de Kyuss, enregistrement en analogique pratiqué avec ferveur, riffs pachydermiques fermement moulinés, tels sont les traits distinctifs de la swedish touch. Une scène prolifique qui cultive une fâcheuse tendance à tourner en rond, obstinément appuyée sur son dogme revival seventies. Face à cette apparente uniformité, il en devient d’autant plus aisé d’en distinguer les outsiders, ces derniers se révélant souvent plus intéressants que le reste du troupeau.

Ceci nous amène à nous pencher sur le cas Witchcraft, une jeune meute formée au début des années 2000 dans la région d’Örebro, composée de chevelus au teint blême, frères difformes et honteux des australiens décomplexés de Wolfmother. A ses débuts, le quatuor n’est qu’un tribute band reprenant des morceaux des cultes Pentagram, qui sont au doom ce que les Clash furent pour le punk. Rapidement repéré par le label anglais Rise Above, spécialiste incontesté dans ce domaine, le groupe sort son premier album en 2004 et se voit salué par la presse spécialisée. Mais il montre bien vite son véritable visage sur son opus suivant, l’injustement méprisé Firewood, un des meilleurs disques post-Black Sabbath avec The Electric Sleep des canadiens de Sheavy . Pauvres Witchcraft… Pas assez burnés et/ou psychédéliques pour se faire aimer des stoners, pas assez gutturaux pour convaincre les amateurs de doom, leur trajectoire se trouve condamnée à se dérouler à la marge. C’est que les plaisirs que procure ce combo ne sont pas accessibles au péquin moyen. Pour s’abandonner à Witchcraft il faut croire aux puissances occultes, il faut aimer pratiquer les clairières brumeuses, les sentiers obscurs. Il faut se délecter du son sourd, étouffé, lointain de leurs guitares, comme échappées d’un grimoire qu’on aurait découvert dans le grenier d’un nécromancien reclus dans une forêt tortueuse.

Le projet de ce groupe est entièrement morbide, il tourne le dos au présent et au futur et se délecte des chimères du passé. Tandis que tant d’autres prétendent redonner un nouveau souffle aux groupes seventies en ne faisant finalement que les singer sans imagination, les Witchcraft, eux, y vont franchement et enregistrent des morceaux comme en 1969, comme si le temps s’était arrêté depuis et que les quarante années musicales qui ont suivi avaient eu lieu dans une autre dimension. The Alchemist comporte ainsi 7 titres et dure un peu plus de quarante minutes, soit le format standard des disques hard rock de l’époque. Mais le groupe frappe fort cette fois-ci en ayant la bonne idée de ne plus se focaliser uniquement sur le grand Sab’ (même si "Hey Doctor" jette de lourds clins d’œil à "Wheels of Confusion"). "Walk Between The Lines" déploie ses ailes, avec son rythme alerte faussement apaisé, lourd de secrets enfouis et d’ombres fuyantes. Magnus Pelander sonne le tocsin en fin de piste. Cette randonnée champêtre n’était finalement qu’une marche vers la tombe. On pense à toute cette jungle de combos aussi formidables qu’illuminés qui fusionnèrent psychédélisme et guitares heavy dans un immense chaudron bouillonnant, Atomic Rooster, Peacepipe voire Irish Coffee. Le voyage continue de plus belle avec le formidable "If Crimson Was Your Colour", sorti en vinyle il y a quelques mois, chevauchée hallucinante et hantée, zébrée de sons malsains. Un orgue strident fait son entrée et Witchcraft devient alors le plus digne descendant de Warhorse. Des imprécations soutenues par des guitares reptiliennes enserrent "Leva", rituel dément conduisant aux confins de la folie.

Toute aussi menaçante, la face B se montre toutefois plus progressive, alternant ciel rouge sang et douce lumière hivernale, "Samaritan Burden" revisite les premier Jethro Tull avec morgue tandis que "Remembered" s’achève sous les assauts d’un saxophone surgissant comme une excroissance monstrueuse. L’épique "The Alchemist" clôt le parcours, épopée de plus de 10 minutes parfois rébarbative en comparaison des quelques brûlots qui l’ont précédé mais qu’importe, Witchcraft s’est déjà emparé de notre âme et l’ont emporté dans une contrée reculée où le soleil ne darde jamais ses rayons. Pas un disque pour tout le monde, donc, mais il obsédera longtemps les quelques illuminés qui savent goûter à ce genre d’hymnes païens.

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