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Compte-rendu de concert

The Rolling Stones


Date : 13/06/2014
Salle : Stade de France (Saint-Denis)
Première partie : The Struts
Alan, le 16/06/2014
( mots)
Ils étaient attendus de pied ferme : à l’exception de leurs concerts surprises au Trabendo et au Théâtre Mogador en octobre 2012, les Rolling Stones ne s’étaient plus produits dans l’hexagone depuis maintenant sept ans. Beaucoup s’accordent pour dire qu’il s’agissait probablement de la dernière opportunité pour les fans français de voir ces mastodontes du rock en concert, aussi ceux-ci ne se sont pas fait prier et se sont littéralement rués sur les places. C’était donc face à un Stade de France plein à craquer que les Stones venaient se produire ce vendredi, les plus optimistes étant venus en masse jusque sur le parvis dans l’espoir de pouvoir acheter une place à la sauvette.

C’est donc suite à des pérégrinations rocambolesques dans les transports, causées par les grèves de ces chers cheminots, que le public a finalement pris place pour prêter une oreille attentive aux Struts, jeune groupe anglais à qui revenait la lourde tâche de faire patienter les innombrables fans venus voir leurs idoles. Dans une veine typique de rock à la sauce anglaise, The Struts venaient défendre leur album à paraître cet été, délivrant un set convainquant marqué par une reprise du désormais célèbre "Royals" de Lorde. L’impitoyable planning les a néanmoins rattrapés, les roadies investissant la scène avant la fin de "Where Did She Go" et la production allant même jusqu’à honteusement couper la sonorisation pour mettre fin aux festivités. The Struts s’en tirent malgré tout avec les applaudissements du public, celui-ci s’étant visiblement délecté de l’amuse-bouche qui lui était proposé avant l’arrivée en grande pompe de Sir Mick Jagger et ses comparses.

50 ans de tubes

Lorsque les Stones débarquent enfin sur scène, c’est avec "Jumpin’ Jack Flash" que la gasoline prend feu et que le set démarre. D’emblée, Mick Jagger fascine avec ses pas de danse si atypiques et son timbre de voix intact malgré les années. "Jack" reste néanmoins entaché par quelques cafouillages au niveau de la sono, cafouillages qui ôtent de la saveur à ce titre emblématique du répertoire des Stones. Il faudra attendre "It’s Only Rock ’n’ Roll" pour que l’alchimie opère et que la sono soit parfaitement fonctionnelle. Entretemps, Jagger n’hésite pas à interpeler le public dans un français impeccable, avec une dose d’humour du plus bel effet. Ainsi, les mots « On va vous zlataner ce soir ! » résonnent encore dans l’enceinte du Stade de France.

Au travers des 19 titres qui composent le set, les Rolling Stones revisitent 50 années de succès, de "Satisfaction" jusqu’au tout récent "Doom and Gloom", en passant par "Miss You" et "Start Me Up". Quelques titres moins connus viennent rythmer la soirée, à l’image de l’excellent "Out of Control" qui chauffe le public à blanc et durant lequel Jagger empoigne son harmonica avant un "Honky Tonk Women" mémorable, ou de "Bitch", morceau choisi par les fans par l’entremise du vote Stones by Request mis en place sur les réseaux sociaux.

Keith Richards s’octroie la part belle en se substituant à Jagger sur deux titres en milieu de set : "You Got the Silver", blues honorifique rendant hommage aux grands noms qui l’ont inspiré, et "Can’t Be Seen" qui remet les pendules à l’heure avant le bouquet final qui démarre avec un "Midnight Rambler" durant lequel Mick Taylor monte sur scène pour épauler ses anciens collègues à la guitare lead. Viennent en suivant "Gimme Shelter", indéniablement le point d’orgue de la soirée, avec une Lisa Fischer généreuse soutenant Jagger au travers de ses vocalises époustouflantes, puis "Sympathy for the Devil", rythmé par les « woo woo » du public qui épaulent un Jagger vêtu d’un manteau de plumes rouges et noires pour incarner Lucifer, entouré par la puissance de feu de la pyrotechnie scénique. 

La soirée touche à sa fin lorsque le groupe remonte sur scène pour interpréter "You Can’t Always Get What You Want" avec l’aide de la chorale Vocal Allegri de Reims, avant de clôturer avec un "Satisfaction" de circonstance durant lequel les 75.000 spectateurs s’en donnent à coeur joie, savourant jusqu’à la dernière seconde ce qui sera sûrement le chant de cygne des Stones à l’intérieur de nos frontières.

Forever young

Cinquante années de carrière impliquent un âge avancé, voire même canonique dans les sphères impitoyables du rock ’n’ roll. Connaissant les vies débridées qu’ont vécu les quatre larrons, il était impossible de ne pas céder à l’appréhension de voir des grabataires débarquer sur scène à grand renfort de déambulateurs. Et lorsque Keef & co. font finalement leur entrée, il est difficile de faire abstraction de ces visages creusés par l’usure du temps et l’abus de substances.

Et c’est effectivement de manière fébrile que démarre le concert, l’ombre funeste de la sénescence planant au-dessus des têtes des papys rockeurs. À défaut d’assister à un concert d’anthologie, on se dit qu’on aura au moins pu voir les légendes de nos propres yeux. Soit : Sir Jagger et Keef marient les couleurs de leurs tenues comme le ferait une orgie de tubes de peinture dans un atelier, Ronnie Wood tente désespérément de paraître djeunz' malgré une coupe de cheveux inchangée depuis ses années Faces (ce qui lui vaudra d’ailleurs un magnifique « Quand on va faire les courses, toi tu vas chez Tati. » de la part de Jagger), et Charlie Watts s’en fout, fidèle à lui-même et arborant un simple t-shirt uni derrière son kit de batterie.

Pourtant, Jagger se déhanche avec aisance, parcourant la scène en long, en large et en travers tout en chantant avec la justesse qu’on lui connaît. Keef et Ronnie prennent un malin plaisir à faire s’entremêler leurs parties de guitare respectives tout en grillant une clope ici et là, et Charlie Watts, toujours aussi précis qu’un métronome, arbore un sourire jusqu’aux oreilles. Les minutes passent, et la magie opère peu à peu : après cinquante années de rock ’n’ roll lifestyle, les Rolling Stones jouent toujours avec la même passion, et délivrent une performance captivante et détonante aux antipodes du pathétique. Bien loin de l’image des vieillards séniles incapables d’assurer décemment un concert, les Stones brillent ici de mille feux et illuminent le Stade de France de leur aura légendaire jusqu’au salut final soutenu par les acclamations unanimes d’un public au septième ciel.

Malgré une ouverture en demi-teinte, les Rolling Stones ont su délivrer une performance triomphale à la hauteur de leur légende. Entre un "Wild Horses" poignant et un "Sympathy for the Devil" sulfureux, loin de sombrer dans la caricature d’eux-mêmes, les Stones ont clairement prouvé qu’ils étaient toujours dignes de leur statut. Épique, grandiose, magistral, ce concert de tous les superlatifs restera dans les mémoires et laissera à beaucoup une empreinte indélébile de la grandeur des Rolling Stones, groupe qui a su opérer sur tous les fronts et reste encore à ce jour et à très juste titre le plus grand groupe de rock de tous les temps.

Setlist : 1. Jumpin’ Jack Flash - 2. You Got Me Rocking - 3. It’s Only Rock ’n’ Roll (But I Like It) - 4. Tumbling Dice - 5. Wild Horses - 6. Doom and Gloom - 7. Bitch - 8. Out of Control - 9. Honky Tonk Women - 10. You Got the Silver - 11. Can’t Be Seen - 12. Midnight Rambler - 13. Miss You - 14. Gimme Shelter - 15. Start Me Up - 16. Sympathy for the Devil - 17. Brown Sugar

Rappel : 18. You Can’t Always Get What You Want - 19. (I Can’t Get No) Satisfaction
 
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