5 sur 5 - Episode 4 (Chrysostome)
1965, 1975, 1985, 1995, 2005, 2015, 2025 : Rétrospective des albums qui ont marqué les membres de la rédaction.
Pour chaque année, je me suis retrouvé face à un choix cornélien entre le chef-d’œuvre absolu, mais parfois trop évident et qui sera déjà probablement moult fois cité par les autres membres de la rédaction, l’album qui m’avait le plus marqué quand je l’ai découvert mais que je n’écoute quasiment plus aujourd’hui, celui dont je ne me lasse jamais, et l’outsider que j’aimerais vous faire découvrir. Alors même si j’ai tranché, je n’ai pas résisté à l’envie de mentionner ceux qui étaient mis en balance.
1965 – The Yardbirds - Having a Rave Up With The Yardbirds

Le choix évident, difficilement contestable, pour l’album de l’année 1965 est Rubber Soul des Beatles. Il marque le début de la deuxième partie de carrière des Fab Four qui commencent à expérimenter en studio à écrire des compositions de plus en plus ambitieuses, avec notamment un travail sur les harmonies vocales assez incroyable. Globalement, 1965 est une année faste pour les groupes de Rock, puisque c’est aussi l’année de sortie de Help et du single "We Can Work It Out / Day Tripper" pour les Beatles. Le groupe que j’ai choisi de retenir est moins connu mais vit une année toute aussi riche en innovations et en créativité, puisque les Yarbirds sortent eux aussi deux albums en 1965. Ces albums sont en vérité principalement des compilations hétéroclites de titres déjà sortis précédemment en singles ou en EP, raison pour laquelle il est difficile d’en retenir un plutôt que l’autre. En effet, malgré le départ de Clapton en mars 1965 remplacé par Jeff Beck, vous trouverez des morceaux avec l’un ou l’autre des guitaristes sur les deux albums. "Dieu" a mis les voiles après l’enregistrement de "For Your Love", passionné de Blues il n’était pas en accord avec ce titre pionnier de la Pop Psychédélique, où un clavecin et des percussions remplaçaient la guitare, reléguant son intervention au seul pont. Mais puisqu’il ne faut en choisir qu’un, c’est Having a Rave Up With The Yardbirds qui met le mieux en valeur les deux visages du groupe. Sur la face A, les Yardbirds poursuivent leurs nouvelles explorations stylistiques, Beck, contrairement à son prédécesseur, y voyant une excellente opportunité pour expérimenter de nouveaux sons (le solo de "Heart Full of Soul" où il émule un sitar à la guitare est mythique). L’influence sur le psychédélisme et le hard à venir est grande, en témoigne notamment leur version de "Train Kept a Rollin’" qu’Aerosmith reprend fidèlement depuis plus de 50 ans. La face B reprend 4 des 10 titres du mythique premier album enregistré en concert avec Clapton, Five Live Yardbirds, une décharge brûlante de Rhythm’n’Blues qui met toute la concurrence de l’époque à genoux.
Autres albums considérés mais non retenus pour cette place : The Beatles - Rubber Soul, The Yardbirds - For Your Love, The Zombies - Begin Here, The Who - My Generation.
1975 – Supertramp – Crisis ? What crisis ?

Le choix évident, difficilement contestable, pour l’album de l’année 1975 est Wish you Were Here de Pink Floyd. Il n’empêche, la concurrence est rude cette année dans le monde du rock et le champ des possibles est vaste dès lors qu’on s’autorise à ne pas sélectionner l’évidence. C’est un autre groupe qui sait être Prog tout en plaisant au grand public que j’ai retenu pour cette année. J’y tiens d’autant plus que j’entends souvent dire que cet album est moins inspiré que leur précédent et les deux suivants, ce qui n’est pas du tout mon avis. Il ne contient, certes, aucun gros tube. Il y a de fortes chances qu’à la lecture des titres, aucun ne vous évoque quelque chose. Pourtant, l’album s’écoute d’une traite, sans temps morts, il regorge de mélodies magnifiques et d’excellente idées d’arrangements. C’est peut-être aussi l’album de l’âge d’or du groupe où Rick Davies exprime le plus ouvertement ses influences Blues, Soul et Jazz aux dépends du Prog, ce qui a son charme pour peu qu’on y soit sensible.
Autres albums considérés mais non retenus pour cette place : Pink Floyd - Wish you Were Here, Taï Phong - Taï Phong, Soft Machine - Bundles, Black Sabbath - Sabotage.
1985 – Kate Bush – Hounds of Love

Les années 80 sont compliquée pour l’amateur de Rock. A moins d’être féru de NWOBHM, de Thrash ou de Death, difficile de trouver quelque chose qui n’ait pas très mal vieilli à cause des modes de l’époque. J’ai ressorti Brothers in Arms de Dire Straits et Be Yourself Tonight de Eurythmics que je considérais bons fut un temps, et j’ai vite été obligé d’admettre que c’était beaucoup moins honorable que dans mon souvenir. Il fallait le génie de Kate Bush pour réussir ce tour de force : elle prend pleinement possession de la technologie et des sonorités de l’époque et arrive à en faire quelque chose de classe et intemporel. Avec une face pour les tubes (dont l’immense "Running Up That Hill") et une face conceptuelle, Bush marrie habilement ambition artistique et succès grand public. L’album est assez unanimement considéré comme son meilleur, et même s’il y a de la concurrence tellement sa discographie est qualitative, c’est un choix tout à fait justifié.
Autre album considéré mais non retenu pour cette place : Megadeth - Killing is My Business… And Business is Good !.
1995 - Porcupine Tree - The Sky Moves Sideways

1995 correspond à l’année de mes 15 ans, à savoir l’année où ma passion pour la musique a vraiment pris toute sa démesure. Alors forcément, le choix est plus que vaste en ce qui me concerne. Difficile de trancher parmi les 10 albums auxquels j’ai attribué une note de 5/5 lorsque je les ai découverts, j’ai donc choisi de mettre en avant un album que j’ai considéré comme le plus mauvais de Porcupine Tree pendant des années… avant de complètement revoir mon opinion et de lui attribuer un 5 ! Le morceau fleuve en deux parties (36 minutes au total) me paraissait trop vide d’idées pour sa durée et trop ouvertement floydien. Ma révélation a été de comprendre que c’est ce côté épuré qui faisait sa force : écouté sur un bonne chaîne hi-fi en stéréo, l’univers sonore de ce disque est juste magnifique ! C’est un album trippant avec des moments chill, parfois apaisant, parfois dérangeant comme un voyage psychédélique sous LSD. Quant à l’empreinte Pink Floyd, si elle est indéniable, il serait réducteur de réduire l’album à ça, ne serait-ce que pour l’influence Psytrance que l’on retrouve dans "The Sky Moves Sideways Phase 1" qui témoigne du fait que Steven Wilson restait ouvert aux nouvelles tendances.
Autres albums considérés mais non retenus pour cette place : Blind Melon – Soup, Faith No More - King for a Day... Fool for a Lifetime, Monster Magnet - Dopes to Infinity, Mr. Bungle - Disco Volante, The Presidents of the United States of America - The Presidents of the United States of America, Red Hot Chili Peppers - One Hot Minute, Mad Season – Above, Spacehog - Resident Alien, Ron Thal - The Adventures of Bumblefoot, Death - Symbolic.
2005 - Queens of the Stone Age - Lullabies to Paralyze

Deadwing de Porcupine Tree aurait été un choix évident pour moi à cette place, mais devant la quantité d’albums méritants, j’ai décidé de ne pas représenter deux fois le même groupe. Lullabies to Paralyze est peut-être le meilleur album des Queens of the Stone Age, match serré tellement la discographie du groupe est qualitative (même si elle décline sur les deux derniers albums). Loin du Stoner de ses débuts, Josh Homme propose ici une sorte de Blues Rock de déglingo sous stéroïdes particulièrement créatif et original.
Autres albums considérés mais non retenus pour cette place : Porcupine Tree – Deadwing, Supergrass - Road to Rouen, Soulfly - Dark Ages
2015 - San Fermin - Jackrabbit

Là encore, le chef-d’œuvre de la carrière solo de Steven Wilson Hand.Cannot.Erase aurait été le choix évident pour moi, mais celui-ci étant déjà représenté avec un album de son groupe Porcupine Tree, je saisis l’occasion pour parler d’un groupe d’Indie Pop génial mais bien trop méconnu. San Fermin a un concept avec une identité forte : les compositions sont chantées à tour de rôle par un homme et une femme et accompagnées par un orchestre. Les orchestrations sont écrites par le leader du groupe, ce qui les rend bien plus personnelles et originales que ce qu’aurait produit une commande à un orchestrateur. San Fermin propose un bel équilibre entre Pop catchy et arrangements ambitieux à conseiller aux fans de The Polyphonic Spree et de Chamber Pop de manière générale.
Autres albums considérés mais non retenus pour cette place : Steven Wilson - Hand.Cannot.Erase, 6:33 - Deadly Scenes, Die Verboten – 2007.
2025 – Mammoth – The End

Pour faire le parallèle avec ce que je disais sur 1995, après 30 d’écoute intensive et à la chaîne de musique, il est devenu beaucoup plus rare pour moi de découvrir de nouveaux groupes qui m’enthousiasment vraiment. Le son, l’énergie, les mélodies et la virtuosité de Mammoth offrent un cocktail qui m’a immédiatement embarqué et rappelé cet âge d’or du rock que représente pour moi mes années adolescentes. Plus moderne et original, j’ai également adoré le cocktail du premier album du groupe français Walter Astral dont les ingrédients sont l’électro, le psychédélisme et un banjo !
Autres albums considérés mais non retenus pour cette place : FFF - U Scream, Walter Astral - Eclipse, Steven Wilson - The Overview.







