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Top10 - Hors série #20 - Atomic


Daniel, le 18/08/2025

Automne 1962. A la table du petit déjeuner, le silence se fait. C’est l’heure des informations à la radio. Dès les premiers mots du "bulletin", je remarque que les mains de mon père se crispent sur son bol de café au lait.

 

Cela fait quelques jours que la "Crise de Cuba" occupe tout l’espace médiatique. Je suis bien trop minot pour y entendre quelque chose. Mais les paroles paternelles résonnent en boucle dans ma petite tête de gamin : "S’il y en a un qui pousse sur le bouton, on va tous mourir !"

 

Je demande naïvement : "Quel bouton ?"

 

A peu près à la même heure, Roger Waters interroge sa mère : "Mother, do you think they’ll drop the bomb ?" Dix-sept années plus tard, il en fera un concept album majeur.

 

Été 1945, les premières bombes atomiques sont larguées sur Hiroshima et Nagasaki.

 

Depuis, calme plat… Cela fait quatre-vingts ans ("Un joyeux anniversaire, mon cher !") que l’on prophétise qu’un jour ou l’autre un gugusse, qu’il soit agent orange de télé-réalité, parodie de tsar rouge autoproclamé ou simplement petit péril terroriste autodidacte, ordonnera d’en balancer une autre. Quelque part. Pour montrer ses petits muscles et donner une leçon au monde.

 

Question de patience. Certainement.

 

En attendant, le sujet a déjà été abordé à de multiples reprises par les rockers et la hantise d’un grand hiver nucléaire a alimenté les imaginaires les plus divers.

 

AlbumRock propose dix titres prémonitoires(1) à écouter en boucle pour se changer un peu les idées dans son bunker, à dix mètres sous la surface de la Terre, en attendant que le taux de radiation diminue un peu…

 

La Playlist de l’Apocalypse...

 

 

10.- "Enola Gay" – Orchestral Manœuvres In The Dark (1980) – Même si certains réseaux sociaux couillons et conservateurs (pléonasme) effacent désormais le "Gay" pour éviter toute publicité au profit de la Pride, Enola Gay était simplement le prénom composé de la gentille maman de Paul Tibbets, l’homme qui a balancé la première bombe atomique de l’histoire. Il est plaisant de constater que celui qui a tout « déclenché » n’avait pas, malgré ses trente ans accomplis, résolu son complexe d’œdipe. OMD ajoute un soupçon d’ironie pour emballer un titre un peu trop festif et synthétique si on compare la légèreté de son propos avec l’importance tragique du moment qu’il est supposé illustrer.

 

Échelle INES : degré 2 – incident (de boîte à rythme)

 

 

9.- "Russians" - Sting (1985) – Gordon Matthew Thomas Sumner a toujours eu un petit côté "fleur bleue" (en Français dans le texte). Peut-être est-il héritier du flower-power des sixties quand quelques fleurs et un mégot qui fait rire pouvaient arrêter une guerre. Ou, à tout le moins, aider à en oublier les abominations. "Comment sauver mon rejeton / Du jouet mortel d'Oppenheimer / Nous partageons la même biologie / Quelle que soit notre idéologie / J’espère que les Russes aiment aussi leurs gosses"

 

Échelle INES : degré 1 – anomalie (si l’on considère qu’il suffit d’aimer ses enfants pour ne pas pousser sur "le bouton")

 

 

8.- "The Manhattan Project" - Rush (1985) – Einstein, pacifiste dans l’âme, a dit que s’il avait su que le Troisième Reich finirait par capituler, il ne se serait jamais investi dans le Projet Manhattan. Mon petit Albert, tu nous as déçus sur ce coup-là ! Pour quelqu’un qui a théorisé la relativité, tu aurais pu être relativement mieux inspiré dès le début, non ? Le reste est chanté par Geddy Lee : "Le Big Bang a secoué le monde / Il a éclipsé le soleil levant /  Ce fut le début de la fin / La réaction en chaîne / Les idiots tentent de nier la réalité / Les optimistes rêvent d’un monde éternel / Quoi qu’en disent ceux qui désespèrent"

 

Échelle INES : degré 5 – accident avec contamination des tympans

 

 

7.- "A Hard Rain’s a-Gonna Fall" – Bob Dylan (1963) – Malgré les dénégations de son auteur, le titre et ses références apocalyptiques a été écrit durant le fameux épisode dit "des missiles de Cuba". De là à penser que la pluie est  nucléaire, il n’y a qu’un pas que nous franchirons allègrement en filant dans notre abri avec notre guitare folk.

 

Échelle INES : degré 6 – accident grave (létal pour ceux qui n’ont pas un parapluie en plomb ou qui supportent mal la voix monocorde du barde)

 

 

6.- "Atomic" - Blondie (1979) – Les lyrics évoquent une banale histoire sentimentale mais le clip décrit un monde post-atomique plutôt délirant et déluré. C’était tellement lourd de sens que la BBC a banni le titre de ses antennes. On y voyait en guest la sulfureuse top-model Gia Carangi (une des premières victimes du sida en 1986). Puis Debbie n’était vêtue que de débris de sacs poubelle et d’un panty couleur chair. Le débat, alimenté par un Georges Lang alors fort excité, consistait à savoir si notre petite (fausse) blonde préférée portait ou non une culotte sous ses bas. Nous avons perdu beaucoup de temps (et d’acuité visuelle) à scruter nos téléviseurs. En vain. Rien ne permet aujourd’hui encore d’avoir une absolue certitude ni sur notre futur atomique, ni sur les petites culottes (même si j’ai ma petite théorie personnelle sur le sujet).

 

Échelle INES : degré 6 – accident grave (impliquant le port de lunettes de vue)

 

 

5.- "London Calling" - The Clash (1979) – Les échos dramatiques de l’incident de Three Mile Island n’étaient pas tombés dans les grandes oreilles d’un sourd. Joe Strummer avait le sens de la formule en résumant la fin de notre civilisation en trois petits mots : "A nuclear error". Pour faire plus court, il reste seulement "Boom " ("Boum" en français).

 

Échelle INES : degré 6 – accident grave

 

 

4.- "Radioactivity" - Kraftwerk (1976) – Si, à l’origine, le texte laissait une certaine place à une aimable ambiguïté, le groupe a ensuite passé sa vie à remanier les lyrics pour en faire un manifeste anti-nucléaire désormais sans équivoque possible. Tout est question de nuance. Là où l’aspect synthétique édulcore le propos d’OMD, le caractère électronique du titre de Kraftwerk génère, écoute après écoute, une atmosphère pesante qui évoque forcément le cinéma expressionniste allemand quand il explorait le monde à venir et la condition humaine, misérable et paranoïaque. 

 

Échelle INES : degré 7 – accident majeur (aucun espoir de survie par la grâce de Madame Curie)

 

 

3.- "Breathing" - Kate Bush (1980) – Encore bien au chaud dans le ventre de sa maman (qui partage avec elle la nicotine roborative de ses cigarettes quotidiennes), une demoiselle fœtus s’interroge sur ce que sera son monde quand elle naîtra au cœur d’un hiver nucléaire. Une sublime mini-symphonie de cinq minutes, conclue par un accouchement plein de (dés)espoir et portée par un clip troublant. Artiste complète, Catherine Bush exprime, par ses étranges mouvements de danse contemporaine, ce que le monde peut attendre ou non de demain. Pourvu que l’on puisse respirer...

 

Échelle INES : degré 5 – accident avec contamination (à la nicotine et à l’atome)

 

 

2.- "Eve Of Destruction" - Barry McGuire (1965) – Barry serait probablement devenu un monstre absolu des charts si Petit Jésus n’avait pas fait appel à lui pour devenir prosélyte. Avant de s’en aller prêcher dans les déserts urbains, l’homme avait chanté la phrase ultime : "Si quelqu’un pousse sur le bouton, il n’y aura plus aucun refuge..." Et sa conviction – portée par une voix d’une raucité à faire trembler les murs – était vraiment extraordinaire.

 

Échelle INES : degré 7 – accident majeur (si quelqu’un pousse sur le bouton)

 

 

1.- "Mother" - Pink Floyd (1979) – Le plus grand double album rock conceptuel du siècle passé débute par la mort du père et la terreur du fils qui cherche le réconfort dans les bras de sa veuve de mère. Et, pour apaiser son petit, Maman lui promet d’exaucer tous ses cauchemars, de lui communiquer toutes ses phobies et de le garder bien au chaud sous son aile bienveillante et étouffante… Pour les complétistes, le moins populaire "Two Suns In the Sunset" (sur The Final Cut - 1983) aurait été un choix alternatif pertinent.

 

Échelle INES : degré 7 – accident majeur (pense-bête : interdire à Maman tout accès à l’abri antiatomique)

 

 

 

(1) Choisir, c’est renoncer... Il existe en effet une kyrielle d’autres titres qui auraient pu figurer dans ce Top10. Mais, comme le nom de l’exercice l’indique, il ne peut y avoir plus de dix titres dans la sélection finale. Parmi les injustement oubliés figurent évidemment "Two Minutes To Midnight" d’Iron Maiden, "99 Lufballons" de Nena, "Gimme Shelter" de The Rolling Stones, "In The Year 2525" de Zagger & Evans,  "Atomic Punk" de Van Halen, "Two Tribes" de Frankie Goes To Hollywood (c’est du rock, ça?), "La Java des bombes atomiques" de Boris Vian (ça, c’est clairement du rock dans l’âme), "La bombe humaine" de Téléphone, "Nuclear Device" de The Stranglers, ...

 

 

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