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Hellfest 2016, deuxième dimanche de sabbat
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Introduction
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- La Vallée, refuge des étrangers
- Enfer et damnation
- La fin de Sabbath
La Vallée, refuge des étrangers
Je ne vais pas épiloguer à nouveau sur les très bonnes conditions d’accueil du Hellfest, tout a déjà été dit en 2014. Il y a toujours autant de monde (peut-être même plus), toujours autant de voitures garées sur les bas côtés à des kilomètres à la ronde (quelques parkings ne seraient pas de trop, monsieur Barbaud), l’organisation est toujours au top, les festivaliers toujours aussi sympathiques. Ce qui m’a le plus épaté par rapport à d’autres festoches, et je l’ai noté particulièrement cette fois-ci, c’est la douceur de ceux qui veulent passer devant vous dans la foule. Une main posée sur l’épaule, un geste d’excuse, un sourire, c’est quand même plus classe que les sempiternels abrutis qui vous bousculent en faisant la tronche sans même vous adresser la parole ni un regard. Bref, big up pour les headbangers : les rockers lambda peuvent en prendre de la graine.
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Fort de mon expérience passée, j’ai pu calibrer mon trajet automobile, ma recherche d’une place de stationnement et mon trajet à pattes jusqu’à la cathédrale des enfers au quart de seconde près, et j’exagère à peine. Ce que j’avais oublié d’anticiper, en revanche, c’est la file d’attente de la sécurité à la cathédrale elle-même, quinze minutes à faire le poireau malgré un impressionnant dispositif de filtrage. Les conséquences, sans doutes, des tragiques événements du Bataclan. Quoi qu’il en soit, j’avais tout fait pour arriver pile au début de la prestation de Gojira, et j’ai finalement pu les attraper sur leur morceau d’entame, ce qui est plutôt pas mal. Gojira, je ne connais pas, mais d’une Étienne m’en a dit le plus grand bien, et de deux je voulais vraiment voir à quoi ressemblent ces français en passe de devenir des stars du metal mondial. Sauf que la réalité m’a bien vite rattrapé. Gojira, aussi sympathiques que soient les frères Duplantier, ça reste du metal extrême, c’est très lourd, très violent, très agressif à la batterie, très guttural au chant. Même si parfois quelques riffs retiennent mon attention, même si la voix de Joe s’élève à l’occasion au-dessus des abysses, j’ai bien du mal à accrocher. Néanmoins, il faut le reconnaître, le groupe assure : la présence est là, l’attitude aussi (parfois surjouée dans un discours qui sonne outrancièrement hargneux), ça cogne, ça avoine, et la foule apprécie. Tant pis pour mes mœurs hermétiques, au bout de trente minutes, je choisis de jeter l’éponge. Dans quelques années, peut-être…
Crédit photo : © Trexsound
De toute façon, j’avais prévu de lâcher avant la fin, histoire d’aller me porter vers mon lieu de prédilection, la tente The Valley, sanctuaire du stoner et du rock lourd extérieur au metal. Eh quoi, on ne se refait pas. Petit aparté sur ces tentes qui, depuis 2014, ont bien changé : beaucoup plus vastes et hautes sous chapiteau, elles permettent enfin un accueil des festivaliers dans des conditions décentes. Sans parler du fait que des écrans géants ont été installés à l’entrée, en haut de la poutre principale, ce qui fait que l’on peut tout de même goûter au concert même si la tente se retrouve pleine (ce qui n’a jamais été le cas) et qu’on peut avoir un aperçu du groupe sur scène sans avoir à plonger dans la nasse, un plus pour ceux qui errent sans but et qui voudraient se laisser tenter par des formations leur étant inconnues. Bref, la plus-value est immense. Revers de la médaille : ces tentes béantes laissent échapper le son bien plus qu’avant, et les musiques se mélangent parfois l’une avec l’autre - exemple typique avec l’infâme black metal de Mgla qui parasite le set de Gojira en Main Stage 1, forçant les festivaliers à se porter le plus possible vers le milieu ou la gauche de la zone d’écoute pour ne pas pâtir d’un double concert. Ceci dit, à choisir entre l’ancienne et la nouvelle formule, la nouvelle montre bien plus d’avantages. Bravo au Hellfest pour enfin offrir des conditions d’accueil décentes aux formations plus confidentielles.
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The Valley, donc. La tente, désertée lorsque j’arrive, attend la venue des allemands de Kadavar. J’en profite pour m’asseoir, boire un bon coup et économiser mon dos, car la soirée promet d’être longue. Un quart d’heure de repos plus tard, les berlinois entrent dans la place, et ça dépote. Le trio s’est aligné bien en avant de la scène, guitariste à gauche, bassiste à droite, batteur au centre, et bastonnent d’entrée de jeu sur un blues rock métallique des plus vicieux. Efficace et rentre dedans, Kadavar se montre beaucoup plus incisif sur scène qu’en studio, et j’apprécie de pouvoir prendre mon pied dès le début ou presque de la journée. Mais très vite, la machine commence à tourner à vide. Mêmes riffs fuzzés, même basse gloutonne, même batterie d’infanterie lourde, même chant erraillé, mêmes soli de guitare. C’est bon mais académique, scolaire même. Pas de temps faible, pas de respiration, toujours ces mêmes morceaux interchangeables qui nous sont proposés jusqu’à l’indigestion. Je commence à m’ennuyer sec, lorsque le niveau remonte d’un cran, les teutons ayant réservé leurs meilleurs morceaux, ceux de leur premier album, en fin de set. Plus posée, plus lourde, plus riche en riffs, mieux dotée en mélodie, cette conclusion ne fait que souligner absurdement l’évidence : Kadavar est un groupe d’individus doués sur leurs instruments, qui ont bien assimilé leurs modèles (Blue Cheers ou Sabbath) mais qui n’arrivent pas à franchir un cap et qui tournent actuellement en rond, condamnés, probablement, à s’éteindre à petit feu. En tout cas ils quittent la tente sous les vivas, leur concert ayant visiblement ravi les amateurs de rock heavy à l’ancienne. Et moi aussi, quand même.
Crédit photo : © Download
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Retour vers la Mainstage pour laisser sa chance à Slayer. Je déteste Slayer, c’est viscéral. Metallica, j’adore. Megadeth, c’est pas mal à petite dose. Anthrax, ça se laisse écouter à la rigueur. Mais Slayer… Trop agressifs, trop provocateurs, trop poseurs, trop tout. Or je savais déjà que leur prestation serait un naufrage. Depuis le départ de Jeff Hanneman, le “massacreur” n’est plus que l’ombre de lui-même, en témoigne un Repentless recyclant à vide un idiome qui ne fonctionne plus. Sur scène, c’est la catastrophe. Kerry King (cette tête à claque, franchement) et Gary Holt ont beau grimacer comme de beaux diables, la sauce ne prend pas. Le son est terne, les compositions déballées sans surprise, et Araya fait peine à voir, fatigué, comme perdu au milieu de ses acolytes. La rythmique ne bouge pas d’un iota, et c’est là qu’on se rend compte à quel point le thrash peut être mécanique et pénible. Déballé avec hargne et énergie par de jeunes vingtenaires (ça se dit, ça ?) vigoureux et prêts à en découdre, pourquoi pas, et en ce sens, Slayer devait certainement valoir quelque chose il y a trente ans. Mais s’acharner à vouloir jouer les jeunes premiers quand on n’a plus la niaque, ça ne rime à rien, et pire : c’est pathétique. Bref, il est temps d’aller manger et de laisser Slayer s’envaser dans son marasme.