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La Nu-Rave comme ère postmoderne du rock. Le cas Late Of The Pier


Maxime, le 21/02/2009

Historiographie rapide du rock : de l'âge primitif à l'ère postmoderne


Revenu dans les sphères plus étroites de cet art mineur qu’est le rock, cela peut donner ceci : on a connu avec la naissance du genre (situons donc, pour aller vite, avec Elvis), sa période primitive. Une distraction de masse, promise sans lendemain par bien des observateurs de l’époque (tout comme le cinéma le fut à ses origines foraines), uniquement destinée à divertir une jeunesse tout juste sortie de la guerre. Puis le rock s’est peu à peu sophistiqué et a atteint son âge classique à partir de la seconde moitié des années 60. Il ne s’agissait plus d’égayer le quotidien des adolescents, mais de proposer quelque chose de plus construit, de moins éphémère. Ce n’est pas renier leur génie de dire que les Beatles, les Doors ou Jimi Hendrix doivent leur statut de références éternelles, bien sûr à leurs talents de compositeurs et de musiciens avant tout, mais également parce qu’ils sont apparus à une époque où les techniques d’enregistrement et de diffusion du son avançaient à pas de géants et une certaine idéologie libertaire tendait à façonner un homme nouveau, libéré du carcan familial, terreau propice à toutes les audaces. Pas de Sgt Pepper’s sans une conception de la pop comme art moderne, pas de The Doors sans invention du huit-pistes, pas de Voodoo Child sans pédales wah-wah et fuzz pour pousser la guitare électrique dans ses derniers retranchements. Progrès technologiques et idéologiques marchaient main dans la main. On n’écoutait plus une succession de singles, on se mettait à écouter des albums. On exigeait de l’auditeur un investissement beaucoup plus important qu’auparavant, il devait entamer une relation personnelle et intime avec une œuvre pendant une quarantaine de minutes. Le rock se mettait à revendiquer sa place dans le champ de l’Art, chose impossible à concevoir dix ans plus tôt au temps des premiers Chuck Berry et Little Richard. Les Who furent l’expression la plus outrancière de cette mutation, avec leur conception un brin pompière de l’opéra rock. Le rock ayant une gamme d’expressions beaucoup plus réduites et moins pénétrantes que la littérature ou la peinture, sa période classique fut de courte durée, 10 ans tout au plus.


Au cours de la moitié des années 70, le rock vécut son époque baroque. Les albums devinrent doubles, puis triples. Les compositions s’allongèrent. La virtuosité technique pris le pas sur tout. Le punk tenta de s’opposer à cette tendance, se faisant le véhicule d’une idée finalement très réactionnaire : revenir aux fondamentaux primitifs de cette musique. Vite récupéré, le mouvement échoua après avoir produit quelques beaux brasiers. L’ère baroque continua de plus belle, le synthétiseur fit son apparition, quelques activistes de la cause post-punk tentèrent d’intellectualiser le genre en instaurant une espèce de néo-classicisme. Peine perdue, car bientôt, après avoir épuisé tous les possibles, utilisé tous les instruments disponibles, surfé tant qu’il a pu sur la vague du progrès technique, le rock se trouva devant un vide béant : il n’avait plus rien de neuf ou d’original à porter. Point extrême de cette tendance : le grunge, trou noir absolu, ne signifiant rien, n’ayant rien à dire, portant ses maux avec le poids d’un cheval mort sans les traduire par des mots, s’abîmant dans une débauche physique sans sens. C’est les yeux bleus de Kurt Cobain perdus sur l’infini du néant. Epoque apparemment mûre pour le rock passé du côté postmoderne de la force, et qui a paradoxalement produit avec le frontman de Nirvana la dernière de rock star de type moderniste : une figure fédératrice, soudant derrière elle toute une génération sans pour autant, et c’est son originalité, se ranger derrière un quelconque slogan unitaire. Cobain n’avait rien à nous dire, mais on entendait quand même (ou croyait entendre) ce qu’il nous disait.

Et puis les années 90 s’installèrent, et l’électro s’invita au festin. Dans le monde du binaire, le numérique fut accueilli par les ayatollahs progressistes et les déclinistes chroniques d’une même clameur. Les uns percevaient dans l’ordinateur l’électrochoc qui manquait au rock, les autres y virent la mort du songwriting, de la mélodie, du musicien, et donc de la musique. Aucun des deux n’eut raison, car personne ne comprit tout de suite ce qu’impliquait le numérique. L’ordinateur n’est pas un nouvel instrument, il ne reconduit pas le cliché romantique de la création ex nihilo mais il simule les pratiques artistiques préexistantes. Il n’invente pas une nouvelle pratique, il hybride les pratiques antérieures ou contemporaines, fond les gestes dans un Gestalt unique. Guitares stridentes, beats hip-hop, claviers électro, tous se voient neutralisés et imposés à coexister sous le régime d’égalité du sampler. Règne de l’échantillonnage généralisé.


An 2000, et le postmodernisme s’invite de tout son poids à la table du rock. Il avait déjà fait son incursion dans le domaine de la musique via des expérimentateurs comme Philip Glass ou Steve Reich (on pourrait remonter à Stockhausen ou John Cage, précurseurs lointains de la techno), il investit cette fois le champ de la musique populaire. Puisqu’on ne peut rien créer de neuf, jouons avec les codes du passé et prétextons qu’ils ont toujours cours. Poussent Strokes, Vines… groupes vieux dans un monde moderne. Des formations non pas postmodernistes dans la musique qu’elles jouent mais dans la manière dont elles singent le passé sans dialoguer avec lui, en faisant mine qu’il n’existe pas, jouant avec les clichés sans les dialectiser. Les compteurs redeviennent vierges, on est dans les années 00, et on fait semblant d’évoluer sur une page blanche.
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