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Led Zeppelin - The Songs Remain the Same ?


Steven Jezo-Vannier, le 13/10/2014

Release party des rééditions en présence de Jimmy Page (Olympia 21.5.14)

par Alan Beyer et Steven Jezo-Vannier Live report de la soirée de lancement mondial de la campagne de réédition et de remastérisation des trois premiers albums de Led Zeppelin qui s'est tenue le 21 mai 2014 à l'Olympia, en présence de Jimmy Page.




20h30 tapantes, salle de l'Olympia. Les lumières s'éteignent, les retardataires s'installent précipitamment. La sono est poussée au maximum, la furie du zeppelin de plomb résonne dans le théâtre, quarante-cinq ans après que le groupe légendaire y ait fait ses premiers pas, en octobre 1969. Le choix de l'Olympia pour cet événement « historique » — ce n'est pas moi qui le dis, mais le maître de cérémonie – n'est pas anodin. Comme l'expliquera Jimmy Page en cours de soirée, le concert donné par Led Zeppelin en octobre 1969 fut le premier donné en France et le tout premier enregistré en multipistes (grâce à Europe n° 1). “L'énergie avait été grandiose ce soir-là, se souvient le guitariste. Il y avait une sorte de communion entre le public et les musiciens et entre les membres du groupe eux-mêmes." Les fans, et notamment les fans français, connaissent bien ce bootleg ; il sort désormais de l'ombre et, passé entre les mains expertes de Page, il servira de "disque bonus" ou "disque compagnon", comme il préfère le dire, à la remastérisation de Led Zeppelin I.


Après quelques vidéos de présentation montées pour l'occasion — on retrouve quelques éléments du fameux double DVD publié en 2003 — le traducteur s'avance et coupe-court aux minces illusions, aux maigres espoirs qui demeuraient chez certains : "Jimmy ne prendra pas sa Les Paul ce soir, il ne vous parlera pas avec sa guitare, mais avec ses propres mots pour vous présenter son travail de remastérisation." Jimmy Page, chérissant depuis toujours sa créature, s'est remis au travail, vingt ans après qu’il ait lui-même contrôlé la première remastérisation, nécessaire à la sortie en compact disc. Cette fois encore, il a orchestré lui-même le traitement du son, à partir des pièces originelles, pour "s'adapter aux avancées technologiques et aux nouveaux supports". Il souligne encore : "C'est aussi l'occasion de parvenir à un niveau supérieur de qualité, de mettre en avant la précision et la puissance du duo guitare-batterie". Il a également fouillé ses archives, ouvert quelques cartons, dont un, sans inscription, qui conservait précieusement des pièces d'exception, "ma plus belle trouvaille" confiera-t-il au cours de l'interview. Ce "bijou" date des enregistrements de l'épique Achilles Last Stand de 1976. Mais il n'en dira pas plus, il faudra attendre les remastérisations des autres albums pour en découvrir le contenu – un avenir qui reste encore flou, aucune date n'ayant été dévoilée.


Le traducteur ayant d'emblée déçu les faux espoirs de l'assistance, il peut enfin annoncer l'arrivée de notre hôte. Le public exulte, standing ovation de circonstance, lorsque s'avance le maître, cheveux d'argent réunis en catogan, tenue noire impeccable, conforme à l'élégance qu'on lui connaît. Les hourras du public acclament Jimmy Page durant quelques longues minutes, avant que ce dernier ne prenne la parole. Quelques mots en français, pour séduire le public, puis il commence la présentation de son travail et des extraits qu'il nous propose de découvrir en exclusivité. Quelques pistes de chaque album remastérisé et des éléments de bonus : prises alternatives, lives, et inédits. Page disparaît, les oreilles du public s'affûtent, la tension monte. La lumière s'éteint de nouveau, et la rage du quatuor Plant-Page-Jones-Bonham reprend, accompagnée d'un montage vidéo de qualité.


La diffusion débute avec quelques pistes des bonus de Led Zeppelin I, tirées du live de L’Olympia de 1969. Les premières notes de "Good Times Bad Times" débouchent vite, comme souvent, sur l'incontournable "Communication Breakdown". Le riff qui sort des enceintes tranche l’air à un volume digne de la furie du Zeppelin. À l’écoute de cette version, exécutée avec hargne et maîtrise, on parvient presque à ressentir l’ambiance sulfureuse qu’a connue la salle quelque quarante-cinq années auparavant. Il devient difficile de discerner l'engouement présent des applaudissements passés, préservés par l'enregistrement.


Savoureuse anecdote : pendant l'écoute de la première chanson, vos deux reporters sont dérangés par la lumière des ouvreuses qui viennent asseoir deux personnes au balcon, juste derrière eux. Un coup d'œil rapide révèle la présence de Jimmy Page en personne, venu apprécier le spectacle, son spectacle, parmi l’audience. On échange un signe de tête et un sourire avec le guitare hero et l’on se laisse porter par l'événement et la musique. Jimmy Page agite les épaules et la tête tout au long des quarante minutes d'écoute, il prend du plaisir, sa bouche se pince, ses yeux s'ouvrent et se referment, ses doigts s'agitent discrètement, il sent la musique, il la ressent, il la revit et c'est lui-même qui semble revivre. Jimmy Page n'a qu'un rêve connu, la reformation de Led Zeppelin, il n'en sera pas question ce soir, pas question d'évoquer le refus obstiné de Robert Plant, malgré le plaisir immense procuré, aux musiciens comme au public, par la reformation exceptionnelle de décembre 2007 à l’O2 Arena de Londres, en hommage à la mort d'Ahmet Ertegün, patron historique du label Atlantic qui avait lancé le groupe. Pas question non plus d'évoquer la (vieille) polémique autour du plagiat prétendu de "Taurus" du groupe Spirit, qui aurait servi à la création du mythique "Stairway to Heaven" ; polémique relancée très récemment par l'avocat de Randy California, qui menace de porter plainte pour empêcher la sortie remastérisée de Led Zeppelin IV, à moins que le groupe accepte de mentionner aux crédits son défunt client, compositeur de "Taurus".


L'écoute se poursuit avec le live de 1969 : un "You Shook Me" fidèle à la version studio, une réinterprétation du titre de Muddy Waters qui restitue à merveille le climat relaxé et libidineux si caractéristique du blues, puis vient le culte "Heartbreaker". C’est à un engouement collectif que succombe le public à l’écoute des premières notes du riff. "Heartbreaker" et son groove unique font remuer les têtes au rythme de la frappe percutante de Bonzo, jusqu’au solo diabolique de maître Page. De l'avis de beaucoup, cette version du titre est la meilleure existante.

Suit une alternate tape de "Whole Lotta Love", tirée des bonus du deuxième album. Mis à disposition du public sur la chaîne YouTube du groupe depuis quelques jours, ce prémix du morceau le plus emblématique de Led Zeppelin II, si ce n'est de toute la carrière du groupe, se voit malheureusement amputé de son solo, le break n’étant mené que par la section rythmique. Qu’à cela ne tienne, le public ne boude pas son plaisir et se laisse embarquer par ce gargantuesque morceau, entonnant en chœur l'intégralité des paroles.


Les extraits des bonus de Led Zep III sont plus copieux. On enchaîne avec un nouveau prémix, la reprise du traditionnel "Gallow Pole", calquée sur sa version standard. Exemptée de certains instruments, cette variante met toutefois en avant la richesse des arrangements de Page et Plant, entre folk traditionnel et rock zeppelinien. Véritable pépite chérie des fans, "Since I’ve Been Loving You" captive le public par sa richesse et la précision de son exécution. Ce dernier prémix nous rappelle surtout à quel point la version originale est définitivement l’une des plus belles réussites de Led Zeppelin. Avec "Immigrant Song", l'audience découvre un mix alternatif. Encore plus sauvage et percutante que sa version originale, "Immigrant Song" fédère le public qui reprend en chœur les hurlements de Plant, se délectant de chaque seconde de ce titre, point culminant de l'écoute.

La séance s'achève sur une surprise de taille, un titre totalement inédit : "Key to the Highway/Trouble in Mind". C'est l'une des véritables nouveautés de ces remastérisations. Ce medley de "Key to the Highway" de Charlie Segar, déjà repris maintes fois par Clapton et les Stones, et de "Trouble in Mind" de Thelma La Vizzo et Richard M. Jones, est un vibrant "hommage au country blues du Delta du Mississippi" auquel Led Zeppelin doit tant, comme le rappellera plus tard dans la soirée le guitariste. Cette nouvelle chanson est aussi un clin d'œil à l'osmose du duo Page et Plant. On y retrouve les deux hommes seuls, sans accompagnement, Jimmy menant l'affaire sur une guitare slide acoustique, et Robert alternant entre chant et harmonica. Il s’en dégage une atmosphère mystique, conférée par la voix lancinante de Plant qui passe ici au travers d’un ampli Vox. En résulte un blues lancinant au climat presque vaudou et lugubre, digne des maîtres du Delta tels Charley Patton ou Robert Johnson.


La lumière revient, Page et son traducteur font leur retour sur scène, applaudis vigoureusement. Ils s'installent sur deux confortables fauteuils et entament un échange – rappelons-le, cette soirée privée réservée aux professionnels français et à quelques gagnants de concours radiophoniques n'est ni plus ni moins qu'une grande conférence de presse mondiale retransmise en direct sur le site du groupe. Les deux hommes débutent l'entretien par une présentation des éléments concernés par la sortie mondiale du 2 juin prochain : les trois premiers albums (puisqu'il ne s'agit que de ceux-ci pour le moment) retraités seront accompagnés chacun de leur « disque compagnon ». Il était hors de question de polluer l'album original en insérant des bonus sur le même disque, comme le font trop de labels. Chaque album-bonus est pourvu d'une nouvelle jaquette, un « négatif » du modèle initial (Page préfère l’appellation de pochette "inversée", chaque disque compagnon offrant une image inverse de son original). Chacun d'eux offre un contenu en lien avec son LP de référence. Les disques II et III seront donc composés d’enregistrements alternatifs et de rares inédits ; quant au premier, il sera uniquement constitué du live de l'Olympia 1969, Jimmy Page avouant que "tout le matériel sonore a été utilisé à l’époque pour Led Zep I, on a enregistré très vite et sans surplus", du coup, aucune autre piste alternative de qualité ne subsiste des sessions d’enregistrement de l’automne 1968. Le tout sera évidemment – recherche de profits oblige – décliné en CDs, vinyls, Blu-Ray audio, et coffrets supercollectors, vendus, on l'imagine, à prix d'or.



La présentation du coffret débouche sur une courte interview du guitariste d’une vingtaine de minutes. Basée sur des questions de fans reçues via le Facebook du groupe et, cela va de soit, triées à l'avance, elle ne nous apprendra guère de choses.

Après une heure quarante, la soirée se conclut avec une diffusion de la même alternate tape de "Whole Lotta Love", cette fois-ci accompagnée de la vidéo promotionnelle officielle, une somme d'extraits de concerts rassemblés spécifiquement pour la campagne de rééditions.



On attend avec impatience et gourmandise la sortie des albums et surtout de leurs bonus qui, contrairement à tant d'autres, promettent de vrais frissons, notamment du côté des inédits qui, certes rares, n'en seront pas moins de grande qualité. L'écoute de "Key to the Highway/Trouble in Mind" porte à croire qu'il ne s'agit pas de titres écartés à l'époque pour leur médiocrité, mais pour leur style, en décalage avec le reste des disques. La conférence n'a pas révélé l'intégralité des contenus, les spéculations sont donc toujours de mise. On espère notamment découvrir les deux titres inédits chantés par John Paul Jones qui ont été récemment retrouvés par Robert Plant, et que Jones avait toujours refusé de voir publiés. On raconte qu'il aurait même « supplié » Page de ne pas les sortir, le guitariste tiendra-t-il ses promesses ou cédera-t-il à son envie et celle du public ? Réponse le 2 juin.


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