
Amplifier
Gargantuan
Produit par
1- Gateway / 2- INVADER / 3- Blackhole / 4- King Kong / 5- Pyramid / 6- Entity / 7- Guilty Pleasure / 8- Cross Dissolve / 9- Long Road


Après les épopées progressives de Steven Wilson et Gleb Kolyadin prenant pour thème l'immensité de l'espace, qui mieux désormais qu’Amplifier pour faire décoller la fusée shoegaze en direction des cieux ?
Avec ce huitième album qui succède au décevant Hologram, le chanteur-guitariste Sel Balamir poursuit dans la continuité de son œuvre avec un space rock cérébral et barré qui fait à nouveau exploser le mur du son à coup d’uppercuts sonores flirtant avec le stoner et le shoegaze. Toujours doté d’un mauvais goût à nul autre pareil en matière de visuels pour les pochettes, le mancunien a en revanche ressorti sa plus belle pédale d’effets et est une nouvelle fois accompagné du cogneur en chef Matt Brobin, chargé de dynamiter les neuf compositions de ce nouvel opus de sa frappe pachydermique et ravageuse.
Adepte de science-fiction, Balamir nous embarque dans une épopée interstellaire aux relents psychédéliques, tel l'astronaute David Bowman traversant le vortex lumineux ouvert par le fameux monolithe de Stanley Kubrick ou plus récemment celui empruntant la faille spatio-temporelle dans le trou noir du même nom imaginé par Christopher Nolan. L’entame martelée de "Gateway" nous propulse ainsi sans préliminaire en plein cœur du déluge sonore avec des sonorités de claviers spatiales envahissantes et des refrains qui évoquent avec bonheur les rebondissements épiques d'un space opera. Le début de l’album est ainsi tout simplement dantesque, profitant d’un enchainement de titres puissants et accrocheurs, du lancinant et oppressant "Invader", basé sur la répétition supersonique d'une boucle de powerchords, à l’hypnotisant "Blackhole" qui captive l’auditeur au son d’un orgue débarqué d’une autre dimension entre deux salves de coups matraqués à la batterie. Toute la puissance du son d’Amplifier se voit résumée dans ces trois excellents morceaux introductifs, la multiplication des couches d’effets épaississant la matière sonore dans un magma exaltant.
Cette triade passée, le reste de l’album est cependant moins enthousiasmant. Si les murs de guitares de "Guilty Pleasure" nous lézardent les tympans avec bonheur, Balamir fait la part belle à un trip psychédélique quasi chamanique un peu déroutant sur "Pyramid" et "Cross Dissolve". Avec ses chœurs récitant des incantations mystiques, le mariage entre transe tribale et space rock musclé s’avère un peu trop dissonant pour qui n’est pas en phase de montée hallucinogène (ceux qui ne sont pas redescendus depuis Space Ritual d’Hawkwind apprécieront peut-être). Si la brièveté torturée de "Entity" lui confère un aspect plus percutant, la lourdeur et la longueur des compositions s’avère assez lassante puisqu’elle n’alimente pas toujours la force mélodique de l’ensemble. Force est de constater qu’Amplifier sait jouer fort mais n’a pas toujours quelque chose à dire. Vous l’aurez compris, si le groupe nous a gratifié d'étonnantes ballades par le passé, aussi somptueuses qu’inattendues, celles-ci ne sont pas au programme sur ce dernier opus. Les deux hommes nous assomment plutôt avec le massif "King Kong", mid-tempo sombre et anxiogène avec ses sonorités de synthés distordues où la guitare s’étouffe dans sa propre saturation. En conclusion, "Long Road" offre un visage plus lumineux et résolument tourné vers l’inconnu, le crescendo épique de fin de morceau renvoyant plus que jamais à l’imaginaire de l’exploration et à l’immensité du cosmos.
Amplifier nous offre en définitive un bon album, marqué par un départ canon, qui perd néanmoins de son intérêt au fil de l’écoute à cause de sa redondance et du manque d’accroche de ses mélodies. Voilà quoiqu’il en soit une année bien riche pour tous les musiciens qui se rêvent astronautes. 2025 l’odyssée de l’espace ?