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Critique d'album

King Garcia


Hamelin


(18/04/2025 - ViciSolum Records - post-rock avec une clarinette - Genre : Autres)
Produit par

1- Prelude: Rats! / 2- Anise / 3- Sweat / 4- Magnolia / 5- Hamelin / 6- We Echo / 7- Closer / 8- The Day We Lost Everything
Note de /5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"La flûte enchantée "
Quentin, le 10/12/2025
( mots)

La flûte, en particulier traversière, n’est pas un instrument complètement marginal dans l’histoire du rock puisqu’elle participe à l’identité sonore de plusieurs courants dont le plus évident est celui du rock progressif. Son utilisation emblématique par King Crimson, Genesis ou Focus mais surtout par Jethro Tull a largement popularisé l’instrument dans ce contexte musical tout en suivant ses évolutions jusqu’à son importation dans les nombreuses variations metal progressives plus récentes (on pense notamment à son emploi chez Opeth pour sublimer les passages acoustiques). Et si on en retrouve également quelques traces dans la mouvance post-rock instrumentale (on pense à Sigur Rós ou Mono), elle contribue davantage à alimenter la palette sonore et les textures atmosphériques de ces groupes sans constituer pour autant la pièce fondamentale des compositions.


La démarche engagée par le quartet grec King Garcia est dès lors d’autant plus atypique qu’elle crée un univers musical assez singulier reposant sur l'alliance des cuivres et des bois et en particulier sur le jeu d’Alex Orfanos à la clarinette qui confère une coloration détonante à ce premier opus entre sonorités folkloriques, post-rock, stoner et metal. L'album s'inspire de la légende du joueur de flûte qui libéra en 1284 la ville allemande d'Hamelin des rats qui l’avaient envahie et que le groupe présente comme une métaphore sociale et politique dénonçant les oppresseurs, patriarches et faux sauveurs qui gangrènent les communautés. De fait, la référence au charmeur de rats popularisé par les frères Grimm annonce la couleur : Hamelin est tout simplement envoûtant. Le groupe décline sur huit pistes des lignes mélodiques hypnotisantes et des montées en puissance à forte teneur émotionnelle avec le jeu virevoltant de son frontman, bien épaulé par une section rythmique qui sait alterner entre subtilité et puissance, une guitare insaisissable qui décoche des riffs abrasifs et l'incorporation d'instruments traditionnels des Balkans (gaida, kaval).


Le court prélude et ses cornemuses nous invite ainsi à embarquer dans un voyage définitivement marqué par le folklore et le métissage des influences. Ce dernier bat son plein dès l'entame de l'album avec le renversant "Anise" introduit par des chœurs exaltés et son thème central dansant à souhait, enrichi d'influences balkaniques. Loin de la douceur pastorale et bucolique à laquelle la flûte est souvent associée, cette dernière vibre ici d'une énergie irradiante et guerroie aux côtés d'une guitare tranchante et d'une rythmique basse-batterie surpuissante pour mettre le feu sur un "Sweat" dopé aux hormones. La complémentarité entre les musiciens contribue à porter la dynamique irrésistible de ce premier album qui atteint son paroxysme sur le titre éponyme et son motif de clarinette sombre et ensorcelant porté par un intense crescendo darkwave à la The Cure avant d'exploser littéralement sur un break terrassant.


Lorsque les bois cèdent leur place aux cuivres, le résultat est tout aussi enivrant. On retrouve une dimension très cinématographique et post-rock sur "We Echo", titre militant dédié aux femmes réfugiées et pensé comme un étendard contre l'oppression (on peut y entendre un extrait de la conférence de presse du rappeur Killer Mike au lendemain des émeutes d'Atlanta liées au décès de Rayshard Brooks). La noirceur et la puissance des riffs mêlée à celle des cuivres amène une coloration jazz-metal qui rappelle Panzerballett tandis que la trompette injecte une solennité grandiose au final triomphant, particulièrement chargé en intensité émotionnelle. Le sommet de l'album est certainement atteint sur "Magnolia" et "Closer", assurément deux des plus beaux titres instrumentaux de l'année 2025. Véritable respiration dans un album dense, le premier titre délivre une partition de trompette à la lenteur mélancolique qui se transforme par la suite en véritable charge héroïque. Quant au second, il prolonge le thème déjà entendu dans le prélude dans une montée en puissance fulgurante et implacable lorsque la douce mélodie jouée à la guitare est reprise victorieusement par les bois et les cuivres dans une explosion celtique jouissive. Enfin, les bruits lointains d'un orage introduisent la plus longue pièce de l'album, le conclusif "The Day We Lost Everything" porté par l'écho d'une guitare cristalline et un nouvel air de clarinette aussi majestueux qu'élégiaque tandis que la section rythmique imprime une lourdeur grave. Le titre alterne les passages grondants et plus intimistes et s'offre une dernière chevauchée épique et frondeuse.


Il est rare qu'un groupe produise un coup de cœur aussi immédiat, dès la première écoute, et ce d'autant plus pour un premier album. Les Grecs réalisent un véritable tour de force avec un rock instrumental qui ne ressemble à aucun autre, mariant à la perfection le classique trio guitare-basse-batterie à d'autres instruments plus traditionnels. La place accordée aux bois et aux cuivres et l'alchimie fascinante qui en résulte laisse songeur quand au potentiel du groupe pour le futur. En attendant, King Garcia signe un des tous meilleurs albums de 2025.

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