↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Yes


Relayer


(28/11/1974 - Atlantic - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- The Gates Of Delirium / 2- Sound Chaser / 3- To Be Over
Note de 5/5
Vous aussi, notez cet album ! (54 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.5/5 pour cet album
"Au-delà du délire"
François, le 10/02/2024
( mots)

Tout change. Après avoir débordé d’hybris, et surtout débordé les 18 minutes de "Close to the Edge" en composant quatre pièces d’environ vingt minutes pour constituer Tales from Topographic Ocean, Yes est bouleversé dans sa formation. Déçu par la direction empruntée sur le dernier album, Rick Wakeman décide de continuer son chemin en solo, gonflé du succès rencontré par The Six Wives of Henry VIII. C’est le Suisse Patrick Moraz qui prend sa suite, apportant une dimension internationale à ce combo pourtant so british, dimension qui aurait pu être conférée par Vangelis si la collaboration avait pu avoir lieu. Bien qu’helvète, Moraz n’est pas complétement inconnu dans la scène britannique pour avoir joué au sein de Refugee (un rhizome des Nice). En outre, son orientation jazz-rock aura une influence sur certaines parties de Relayer.


Tout recommence. Pour qui connait bien l’œuvre de Yes, la structure de Relayer ne peut être lue qu’en écho avec celle de Close to the Edge : la première face comporte une seule longue piste, "The Gates of Delirium", et la seconde se découpe en deux pièces d’environ dix minutes. C’est un décalque trop évident pour être accidentel. En outre, l’illustration de Roger Dean reprend l’idée du monochrome, passant du vert au gris/blanc, mais là où la pochette de Close to the Edge ne jouait que sur la couleur, celle de Relayer est parsemée de détails visuels : nous voici transportés dans un univers où se mêlent la science-fiction et la fantasy, où des cavaliers quittent un royaume troglodyte sans se préoccuper d’un serpent menaçant.


En 1974, l’Antre de la folie ouvre ses portes au rock progressif : en France, Ange envisage les confins de la déraison, Au-delà du délire, pendant que Yes se déplace à nouveau "au bord du précipice", juste avant de tomber sur "The Gates of Delirium". On voyage à bord de la nef des fous, secoué par un dédale de notes qui se manifestent par grappes, sans qu’aucune structure ne se dégage immédiatement : l’introduction tortueuse finit néanmoins par nous mener vers des mélodies plus abordables, si bien que le morceau en vient à épouser des cadences très rock voire funk - premier geste artistique de Moraz au sein de Yes. Une transition symphonique assez typique du groupe lance le développement instrumental virtuose et très audacieux dans son ambition de mettre en musique le "délire" qui donne son titre au morceau : c’est brillant, parfois très expérimental et exigeant, mais c’est peut-être ce que Yes a proposé de plus intense. D’autant plus qu’après l’excellent pont qui conclut l’échange soliste, le final, bientôt isolé sous l’intitulé "Soon", est une démonstration émouvante de pedal steel accompagnant Anderson au sommet de son art. À se demander si le rock progressif, en tant que genre musical, était capable d’aller au-delà de "The Gates of Delirium" ?


Ce ne sera pas le cas sur la seconde face, où l’influence de Patrick Moraz se fait davantage sentir en adoptant son tropisme jazz-rock. "Sound Chaser" en particulier, est en grande partie une pièce de jazz-rock expérimentale, dans laquelle se déversent des notes avec vélocité (on notera une démonstration de virtuosité de la part de Steve Howe) et qui évoque parfois The Nice. C’est impressionnant mais le titre manque de structure et de direction claire. Plus proche de la geste yessienne, "To Be Over" n’atteint pas la splendeur des pièces similaires (plus proches de la ballade, plus apaisées) qui parcourent leur répertoire – encore une fois, la six-cordes relève la performance générale


Pour certains, Relayer serait le dernier grand album de Yes : d’autres très belles productions suivront (Going for the One en 1977, c’est une évidence) sans jamais retrouver la splendeur d’un âge d’or révolu. Cette vision des choses a le mérite de s’intégrer dans l’histoire officielle du rock progressif, parenthèse esthétique qui se serait refermée en 1974 - la brève séparation de Yes après la tournée Relayer résonne comme un épisode significatif de cette perte de vitesse.


À écouter : "The Gates of Delirium"

Commentaires
Yessongs, le 19/02/2024 à 08:59
C'est vrai que la musique de Genesis est plus accessible. Avec cet album (et d'autres) de Yes, on s'engage avec envie dans des contrées certainement moins balisés.
DanielAR, le 17/02/2024 à 20:32
Objectivement, on peut aimer une œuvre d'art sans forcément chercher absolument à la comprendre. Chacun(e) peut entendre une signification différente dans la musique de Yes. On peut évidemment y trouver un "sens" au fur et à mesure (ou au hasard) des écoutes (en fonction de ses émotions du moment) mais ce n'est pas indispensable en soi pour en profiter pleinement. Bonne chance avec cet album ! C'est un vrai moment suspendu.
Sebastien, le 17/02/2024 à 17:36
Je n'ai jamais rien compris à Yes. Ça part trop dans tous les sens pour moi. Je préfère de loin Genesis. Mais il faudrait quand même que je donne sa chance à cet album.
Yessongs, le 11/02/2024 à 16:55
Le final "Soon" dans "The Gates of Delirium" est juste majestueux !