
Wucan
Axioms
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Avec quatre albums studio au compteur, Wucan peut être considéré comme une formation qui compte au sein de la scène Heavy revival. Si l’esthétique hard-rock classique demeure le grand trait commun de sa discographie, le groupe allemand a su faire évoluer son style, diminuant la part réservée aux élucubrations Krautrock et progressives pour épouser des horizons plus inattendus, ceux du disco, de la pop ou du funk – des innovations qui, comme nous allons le voir, se poursuivent heureusement sur Axioms en 2025.
Dix ans séparent cette sortie de celle de leur premier album, mais celle-ci est dotée d’une pochette toujours aussi étrange : une sorte d’antagoniste tiré de vieux comics, sous les traits d’un Ed Gein pétrochimique, qui pourrait être une variation du personnage intrigant illustrant Sow the Wind.
Dix ans séparent cette sortie de celle de leur premier album, mais une fois encore, Wucan met à l’honneur son goût pour le rock Heavy à fioritures tulliennes, et ce dès l’ouverture ("Spectres Of Fear"), puisque la présence de flûte est un des marqueurs forts de la musique du groupe, aux côtés du chant féminin puissamment interprété par Francis Tobolsky. Hélas, sa maîtrise laisse à désirer sur ce premier titre loin d’être mémorable. Fort heureusement, le niveau monte avec le très bon "Irons In The Fire", nouvelle composition hard-rock bien plus entreprenante et aboutie. À plusieurs reprises, l’album met l’accent sur la dimension saturée du groupe, non sans jouer sur les sonorités électroniques ("Pipe Dreams"), quitte à glisser vers une forme de post-punk 70s gorgé de décorations synthétiques rappelant le Krautrock ("KTNSAX"). La musique du groupe confine au stoner psychédélique rudimentaire sur "Holz Auf Holz", qui évoque les belles heures des premiers Blues Pills - le chant allemand en plus.
Là où le registre disco était introduit sur Heretic Tongue (2023), la funk vient enjouer "Wicked, Sick And Twisted" : la basse est cadencée et dansante, la prestation est magnifiée par l’aisance de Francis Tobolsky qui semble être comme un poisson dans l’eau dans ce registre, et le thérémine apporte un léger côté Krautrock à la pièce. La dimension progressive s’affirme dans la dernière partie de l’album avec "Axioms", assez surprenant par la douceur de ses superbes lignes de chant et par la subtilité du jeu des musiciens, dont un ultime solo de flute crimsonien. Alors que le groupe était capable de s’étendre sans fin, le plus long titre de l’album, "Fountain Of Youth", n’atteint pas les 8 minutes et s’avère moins progressif que folk, pop, puis soul-rock quand il gagne en saturation – il n’en reste pas moins un bon morceau.
En consolidant le style de Wucan tout en se déployant dans de nouvelles directions esthétiques, Axioms propose donc exactement ce que l’on était en droit d’attendre d’un quatrième album de la part d’un groupe désormais installé.
À écouter : "Irons In The Fire", "KTNSAX", "Axioms"