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Critique d'album

Uriah Heep


Return to Fantasy


(13/06/1975 - Bronze Records - Hard Rock / Progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par Gerry Bron

1- Return to Fantasy / 2- Shady Lady / 3- Devil's Daughter / 4- Beautiful Dream / 5- Prima Donna / 6- Your Turn to Remember / 7- Showdown / 8- Why Did You Go / 9- A Year or a Day
Note de 4/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"La désillusion est cent fois plus poétique que l’illusion..."
Daniel, le 05/07/2025
( mots)

L’homme du Derbyshire

Family, King Crimson, Roxy Music, Asia, UK, Wishbone Ash… 

John Kenneth Wetton (1949 – 2017) aura décidément mis sa Fender Precision Bass (et sa voix) au service de ce que le rock britannique a fait de plus classieux.

Comment un pareil génie a-t-il pu échouer dans un groupe à la dérive et proche de son implosion (du moins dans sa version "classique") ?

Mystère rock.

On sait que l'excellent Gary Thain (basse) a quitté Uriah Heep en janvier 1975. Souffrant des suites d’une électrocution sur scène et d’une lourde dépendance à l’héroïne, il meurt d’overdose et de dépression le 8 décembre de la même année.

Lee Kerslake (batterie) et David Byron (chant) sont amis avec John Wetton qui apprécie les prestations scéniques dynamiques du Heep. Le bassiste accepte de remplacer Gary Thain. Il débarque aux Landsdowne Studios de Londres au printemps alors que tous les titres de l’album à venir sont déjà composés. Il devra se contenter de poser ses fabuleuses lignes de basse (et quelques chœurs) sur les enregistrements du groupe.

Promesses au clair de Lune

On a déjà lu par ailleurs que les différends entre David Byron et Ken Hensley (claviers) avaient amplement alimenté les lyrics de Sweet Freedom en 1973.

Les deux hommes ne se réconcilieront pas sur le décevant Wonderworld qui sortira l’année suivante.

Et Return To Fantasy marquera leur ultime tentative de renouer des liens amicaux.

C’est qu’il y a ici un paradoxe étonnant dans la mesure où l’album est formidablement générique et fort peu inspiré alors que sa plage titulaire (un chef-d’œuvre résultant d’une collaboration Byron / Hensley) figure définitivement parmi les titres favoris des fans du groupe.

"Return To Fantasy" est monumental. Inspiré, créatif, magnifié par des claviers somptueux, une ligne de basse exceptionnelle et une performance vocale bénie par les Dieux du rock. Le titre, astucieusement posté en première plage, fait figure de classique absolu. Une apogée du hard-rock pompier. Il fait également office d’écran de fumée pour masquer la misère de ce qui suit.

Chaque ligne des lyrics est un appel crypté à la réconciliation et à la fraternité.

Nuit après nuit
Sous les rayons de Lune
Ils nous observeront 
Chevauchant côte à côte
Et ceux qui savent observer
Comprendront que c’est notre retour 
Au merveilleux
A la vitesse de l’éclair
Plus unis que jamais
Nous allons continuer 
A vous emmener au plus près 
Des légendes et des mystères

Tout est dit. 

A ceci près que les promesses faites au clair de Lune tiennent rarement plus tard que la fine pointe de l’aube.

Bric à brac

Usés par les tournées, les excès et les exigences incessantes du business, les quatre musiciens du Heep sont à cours d’inspiration. 

Ken Hensley qui a composé tous les titres phares de l’âge d’or du groupe peine à retrouver la flamme. Outre la co-composition titulaire, il ne proposera par ailleurs que deux œuvres personnelles pour Return To Fantasy : le joliment désabusé "Your Turn To Remember" et le plus progressif "A Year Or A Day".

Justement, "A Year Or A Day" aurait mérité un sort meilleur que de conclure un album aussi médiocre. Parce que, au-delà des terribles désillusions de son auteur, le très beau titre évoque (musicalement du moins) certaines heures parmi les plus progressives et les plus glorieuses du Heep. 

Le jour de notre création 
Fut notre heure la plus glorieuse
Nous aurions dû en prendre soin
Mais nous avons tellement abusé 
Depuis ce premier moment de lumière
Qu’il n’en subsistera aucune gloire

Créditées à un hypothétique collectif Kerslake / Box / Byron / Hensley, les autres compositions sont, pour l’essentiel, extrêmement génériques et peu inspirées. "Shady Lady" et "Showdown" sont simplement horribles, tandis que le pesant (et déjà très old school) "Devil’s Daughter" peinerait à convaincre un fan même indulgent. 

Le plus primesautier "Prima Donna" (qui, à l’origine, était également le titre de travail de l’album) propose une orientation rock’n’roll un peu plus commerciale mais loupe sa cible faute d’être mémorable (malgré un solo exubérant du génial saxophoniste Mel Collins).   

Englué dans cet ensemble hétéroclite, "Beautiful Dream" se montre un peu plus ambitieux, sans échapper à ce curieux sentiment général de désillusion.

Nous vous ferons naviguer 
Sur une mer de rosée
Où tout le monde est semblable
Où personne ne connaît votre nom
Et là, vous comprendrez
Qu’il est possible de vivre pleinement sa vie
Un si beau rêve...

Malgré une nouvelle tournée de douze mois (où il se raconte qu’un million de personnes verront le groupe sur scène), Return To Fantasy sera un échec commercial cuisant. 

Ken Hensley déclarera plus tard : "Je dois bien avouer que je n’écoute plus jamais cet album..."  (1)

Ça en dit long sur certains états d’âme. 

Comme si les heures sombres prenaient plaisir à accumuler inexorablement leurs lots de misères...

Artwork et tutu

L’illustrateur Dave Field est connu pour avoir dessiné le verso de la pochette de It’s Only Rock ’n Roll des Rolling Stones (petite touche ironique de gai savoir) de même que quelques artworks classiques (et souvent ampoulés) pour Status Quo, Nazareth ou SAHB. 

Son travail pour Return To Fantasy est, à mon sens, l’œuvre la plus aboutie de sa carrière. Un modèle du genre. Le seul problème – et c’est comme ça que s’écrit la petite histoire – est que le groupe lui avait commandé une illustration pour un album intitulé Prima Donna

Et voilà pourquoi la Fantasy de Byron et Hensley porte tutu...


(1) A titre personnel, je l’écoute souvent mais mon intérêt se limite à la merveilleuse plage titulaire. 

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