
Castle Rat
The Bestiary
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En 2024, le petit monde du heavy revival est bousculé par l’apparition d’un nouveau groupe de Doom épique à tendance Heavy traditionnel : Castle Rat. L’esthétique et l’univers sont très travaillés si bien que leur premier album, Into the Realm, devient rapidement un phénomène relativement massif à l’échelle de la scène. Les clips sont soignés, les protagonistes carnavalesques suscitent la curiosité, l’univers est bien développé et mis en scène lors des concerts qui se sont multipliés en très peu de temps. Une opiniâtreté qui permet de faire taire les pisses-froids qui, sur fond de misogynie à l’égard de Riley Pinkerton (la leader connue sous le titre de Rat Queen), brocardaient un produit marketing aguicheur et faussement enraciné dans le True Heavy Metal. Hélas, les gatekeepers sont souvent les défenseurs d’un pré carré masculin.
De notre côté, nous avions écouté Into the Realm sans lui trouver suffisamment d’originalité pour lui accorder quelques lignes, mais nous avons fini par être rattrapé par le phénomène : les premiers singles promouvant leur second album – The Bestiary – se sont avérés très prometteurs au point de nous inciter à traiter cette nouvelle sortie en temps venus. La rapidité avec laquelle le groupe est parvenu à sortir ce deuxième opus s’explique par le soutien financier d’une communauté de fans solide et capable de rassembler les moyens nécessaires à sa production.
L’occasion est donc donné à Castle Rat de développer un peu plus son univers, qui reste la grande force du combo, avec un bestiaire fortement teinté d’heroïc-fantasy, comme en témoigne la pochette de l’album illustré avec un sens du kitsch toujours aussi assumé. À la licorne, s’ajouteront la sirène, le serpent, le phœnix ou le dragon – ainsi que le sorcier, drôle d’animal s’il en est.
Puisqu’il s’agit presque d’un "album dont vous êtes le héros", le groupe mise sur des jeux d’ambiance avec des intermèdes atmosphériques ("SUMMONING SPELL", "PHOENIX II"), mélodieusement épiques ("PATH OF MOSS"), inquiétants (l’introduction martiale "PHOENIX I" décorée de reverse tape effect). "CRYSTAL CAVE" pourrait être associé à ces pistes par ses aspects très cinématographiques, qui insistent un peu plus sur les claviers et adoptent une esthétique orientalisante dont on entend un écho sur l’éthéré "WOLF II", dans un style médiéval folk.
Du reste, The Bestiary est principalement un album de Heavy Doom aux paroles incantatoires, dont le midtempo "WOLF I", aux guitares lancinantes mais agressives, fait office de parangon en affichant toute la mystique du combo. Le dynamique "SERPENT", aux belles lignes de guitare anguleuse, ainsi que "WIZARD", appréciable par ses variations et son côté psyché façon Coven saturé, sont également de belles compositions et des moments forts de l’album.
Néanmoins, l’exercice atteint vite ses limites par une trop grande uniformité du fait de titres répétitifs et trop rarement originaux. Il en va ainsi de "DRAGON", de "UNICORN" et de "SUN SONG" qui atteste qu’au-delà du décorum, Castle Rat propose principalement du Doom très académique. En outre, la superposition des lignes mélodiques à la guitare et au chant, qu’on retrouve sur "SIREN" par exemple, est une facilité à laquelle cède trop souvent le groupe : cela apporte certes une ambiance de rituel ésotérique, mais cela appauvrit du même coup les compositions quand le gimmick est trop répété.
Castle Rat est donc un projet séduisant à bien des égards, qui aurait la capacité de dépasser son seul statut d’attraction – obtenu grâce à des efforts remarquable – en proposant à l’avenir des compositions un peu moins convenues.
À écouter : "WIZARD", "SERPENT", "WOLF I"















