Volbeat

Il y a des groupes qui ont notre sympathie mais ne nous sont que trop superficiellement familiers. De ceux qui, si leurs albums étaient vendus en cave, seraient proposés comme des "groupes des copains" ou des "groupes glou-glou", qui accompagnent de joyeux moments de convivialité, apportent de la bonne humeur, qui font l‘unanimité mais peinent à proposer des expériences aussi mémorables qu’un grand cru. Dans mon univers musical, Clutch ou Volbeat s’apparentent à ce genre de formations qui s’écoutent d’une oreille et offrent un fond musical propice à la camaraderie.

Pas de quoi acheter un disque donc, mais la curiosité et la volonté d’être à jour des sorties font qu’il n’est pas inutile d’écouter un nouvel album produit par un de ces combos. En l’occurrence, God of Angels Trust de Volbeat qui, avec son bouc en couverture, adresse un clin d’œil sataniste et évoque immédiatement Venom ou Witchfynde.

Et j’aurais eu tort de ne pas obéir à mon devoir de veille musicale, tant God of Angels Trust s’affirme immédiatement comme l’album de l’étouffant été 2025.

La recette des Danois est méticuleusement suivie sur ce neuvième opus, assez carré et efficace, à savoir un savant dosage de Heavy/Thrash Metal, de mélodies accrocheuses (notamment sur les refrains) et de rock plus classique à l’esprit quasi rock’n’roll. Il y a aussi ce léger tropisme pour l’atmosphère des westerns qui demeure dans la première partie de (respirez avant de lire) "In the Barm of the Goat Giving Birth to Satan's Spawn in a Dying World Of Doom" (le titre s’engage ensuite dans des paysages plus saturés aux mélodies Accept-iennes).

"Devils are Awake" ouvre ainsi l’opus avec une rugosité Thrash (réaffirmée lors du pont), parfois plus proche du Heavy véloce à la Satan, alors que son refrain redouble d’intentions mélodiques au chant comme à la guitare. Un petit chef-d’œuvre de contraste qu’on retrouve sur le tout aussi bon "By a Mother's Hand" (où un riffing à la Metallica est contrebalancé par un refrain pop) et sur le midtempo orientalisant "Lonely Fields", qui bascule au format slow lors du refrain tandis que son pont horrifique rappelle Ghost.

Une même attraction s’opère lors des titres à la l’orientation plus FM comme "Acid Rain" ou, dans une approche plus 2000s, "Time Will Heal", qu’on observe dans son versant plus incisif sur "At the End of the Sirens"(qui peut aussi évoquer le Queensrÿche actuel).

Dans ses aspects les plus metalliques, le parallèle avec Satan mérite d’être dressé tant Volbeat semble être un héritier plus ou moins conscient de la légende de la NWOBHM.  C’est ce qui ressort à l’écoute de "Demonic Depression" (un peu plus brutal que l’original), du plus rock’n’roll "Better Be Fueled than Tamed", du reste assez classique jusqu’à son beau solo – exactement comme "Enlighten the Disorder (By a Mother's Hand Part 2)" dans un registre plus Thrash.

Du très bel ouvrage donc que ce God of Angels Trust, au point de nous conduire à proposer une véritable interrogation, énoncée ici sous la forme d’une petite provocation : et si Volbeat faisait avec talent et intégrité ce que beaucoup attendaient de Ghost ?

À écouter : "Devils are Awake", "By a Mother's Hand", "In the Barm of the Goat Giving Birth to Satan's Spawn in a Dying World Of Doom", "Lonely Fields"