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Critique d'album

Manfred Mann's Earth Band


Manfred Mann's Earth Band


(00/01/1972 - - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- California Coastline / 2- Captain Bobby Stout / 3- Sloth / 4- Living without you / 5- Tribute / 6- Please Mrs Henry / 7- Jump Sturdy / 8- Prayer / 9- Part Time Man / 10- I'm Up and I'm Leaving
Note de 3.5/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Franchir les 1970's, s'affranchir des 1960's"
François, le 24/09/2022
( mots)

Finalement, peu nombreux furent les groupes des années 1960 qui parvinrent à franchir la décennie suivante avec pertinence – je ne parle évidemment pas des formations qui apparaissent à la fin des 1960’s et qui anticipèrent les 1970’s. Finis les Beatles et les Animals, les Kinks poursuivent leur carrière avec une persévérance stakhanoviste qui fait un peu de peine à l’écoute du résultat, seuls les Rolling Stones parviennent à négocier le virage mais déclinent vite artistiquement parlant, accompagnés des Who à un rythme assez soutenu d’un album tous les deux ans et demi en moyenne. C’est sans parler des multiples formations pop-rock, rhyhtm and blues et du mouvement mods disparues au profit du hard-rock ou du rock progressif.


Manfred Mann, claviériste sud-africain exilé au Royaume-Uni, a eu le nez plus fin. Le groupe qui portait son nom avait un peu marqué son époque dans le style rhyhtm and blues joyeux ("Ha ! Ha ! Said the Clown") et avec ses reprises de Dylan ("The Mighty Queen"), mais la transition jazz-rock au sein du Manfred Mann Chapter Three ainsi que les évolutions esthétiques de la scène anglaise donnent au musicien une idée de la façon dont il doit se transformer. C’est ainsi qu’en 1971 est formé Manfred Mann Earth’s Band (le nom définitif met quelques mois à s’imposer, le premier single sortant sous celui de Manfred Mann). En dehors de Mick Rogers au chant et à la guitare et de Colin Pattenden à la basse, on trouve Chris Slade à la batterie, dont on connait la carrière par la suite (avec ACDC, si jamais vous n'aviez pas la référence, mais pas seulement).


Manfred Mann’s Earth Band marquera l’histoire du rock par ses reprises, notamment celles titrées du répertoire de Spingsteen qu’il sublima à plusieurs reprises. L’aventure du combo commence d’ailleurs sur une interprétation de "Please Mrs Henry" de Bob Dylan, premier single sorti qui est également présent sur l’album, interprété à la sauce soul-rock riche en chœurs. Ce n’est pas la seule cover délivrée, puisque l’opus comporte également "Jump Sturdy" de Dr John, aux accents funky et gospel, "Captain Bobby Stout" de Lane Tietgen, qui possède également cette touche negro spiritual et dont on retiendra surtout les expérimentations aux claviers, comme sur l’introduction de "Living Without You", dernière reprise empruntée à Randy Newman, dans un registre country-folk.


Autant le dire sans détour, ces titres ont beau être sympathiques, ils ne dévoilent rien de l’avenir prometteur du groupe, et ce premier album est bel et bien … un premier album ; il ne possède pas encore l’identité définie qui fera les grandes heures du groupe, même si la place accordée aux divers synthétiseurs est une piste qui sera judicieusement creusée (on mentionnera le spatial "Slot" pour mémoire) dans l’esprit de leur pop-progressive synthétique. De plus, le groupe réussit quelques bons coups, comme "California Coastlin", titre bien nommé puisqu’il évoque le Spirit de la grande époque (c’est-à-dire de Twelve Dreams of Dr. Sardonicus) sur lequel on sent que le travail sur les claviers est au centre de la composition. L’instrumental "Tribute" propose également une belle ambiance aussi apaisante qu’inquiétante. Globalement, la seconde face laisse à désirer, et empire au fil des morceaux, entre "Part Time Man", titre pop marqué par un ton flegmatique à la Lou Reed et par une flûte volontairement fausse et "I’m Up and I’m Leaving", d’un ennui consternant. Seul le Heavy "Prayer", dans la veine d’Atomic Rooster, avec ses dissonances expérimentales et sa dernière partie jazzy, mérite un peu d’attention.


Il est parfois rassurant de s’intéresser aux débuts de groupes appelés à un bel avenir, pour se rendre compte que l’édifice se construit pierre après pierre, et que les premières étapes furent parfois marquées par des hésitations, des choses moins pertinentes … Qu’on puisse être génial sans être un génie.


A écouter : "California Coastline", "Prayer"

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