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Critique d'album

Anna Calvi


One Breath


(07/10/2013 - Domino Records - Rock flamenco - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Suddenly / 2- Eliza / 3- Piece by Piece / 4- Cry / 5- Sing to Me / 6- Tristan / 7- One Breath / 8- Love of my life / 9- Carry me over / 10- Bleed into me / 11- The bridge
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Entre désir de renouvellement et hésitations, Anna Calvi peine à convaincre."
Pierre D, le 23/10/2013
( mots)

C'était il y a plus de deux ans maintenant. Anna Calvi avait débarqué de nulle part avec un premier album absolument sidérant. Certains n'avaient que les mots Jeff Buckley et PJ Harvey à la bouche (les paresseux) tandis qu'elle parlait de Jimi Hendrix, Debussy et David Lynch. Ce disque homonyme avait été une claque monumentale dont on garde encore les séquelles aujourd'hui, alors qu'arrive One Breath attendu comme le Messie. Anna Calvi était un disque génial mais pas parfait, des titres comme "The Devil" ou "Morning Light" étaient pertinents comme pistes d'ambiance au sein de l'ensemble cohérent que constituait l'album mais ne tenaient pas forcément la distance quand écoutés hors de ce contexte. One Breath sera-t-il le disque parfait d'Anna Calvi ?

Ça commence pourtant bien. Avec l'inaugural "Suddenly" on est en terrain connu. Une atmosphère d'outre-tombe portée par une simple guitare et le lyrisme mesuré de la chanteuse construisent à eux-seuls une mélodie sublime. Il y a donc de quoi être ravi. Sauf que dès "Piece By Piece" ça se gâte. Qu'est-ce que c'est que cette batterie aux sonorités électroniques ? Et ces grondements boueux de guitare ? On est d'autant plus surpris que la chanson se tenait plutôt bien au départ. Idem pour "Cry" entaché d'une basse saturée du plus mauvais effet. Les titres se suivent, ne se ressemblent pas mais paraissent pollués par trop d'envolées vocales en forme d'onomatopées, comme si la Miss Calvi avait eu un instant de paresse la dispensant d'écrire des paroles. Le comble de l'horreur devient réalité avec la deuxième partie de "One Breath", un instrumental dégoulinant de violons sirupeux accolé à la va-comme-j'te-pousse à une première partie qui laissait augurer une chanson crépusculaire parfaite. Où sont passés les superbes espaces sonores ouverts par la production sans faute de Anna Calvi assurée par Rob Ellis ? On sait maintenant que ce dernier a été remplacé par le Texan John Congleton mais sa production pisseuse n'explique pas tout. Échec donc.

Face à un disque d'Anna Calvi il cependant convient de laisser du temps au temps. Et après avoir fait le deuil de la merveilleuse cohérence du premier album, des choses sublimes apparaissent. Il faut d'abord revenir à la note d'intention de la musicienne pour ce disque : "Je voulais jouer avec les extrêmes de la beauté et de la laideur". Qu'on ait connaissance ou pas de cette phrase, on appréhende mieux au fil des écoutes le caractère schizophrène de One Breath. "Eliza" a beau labourer les terres défrichées deux ans auparavant, ce solo épique de très mauvais goût l'en éloigne irrémédiablement. Qu’Anna Calvi ait voulu jouer avec la beauté et la laideur, soit, mais elle ne mène pas le processus jusqu'au bout. One Breath est par conséquent un disque frustrant. Aussi frustrant que "Cry" où les idées nouvelles faites de ratures de guitare et de distorsions monstrueuses en restent à l'état d'esquisses, quand on aurait aimé une apothéose construite dessus. "Tristan" fait intervenir une guitare sèche (une première chez Anna Calvi), la chanson est de bonne tenue mais finalement trop convenue pour séduire totalement.

Là où Anna Calvi développait avec détermination un univers totalement cohérent, des références à la production en passant par les paroles, One Breath dévoile des failles et des hésitations. Parfois cela fonctionne très bien. On finit par se délecter des virages à 180° de "Piece By Piece" négociés entre une rythmique proche du trip-hop, des violons lumineux et une voix qui répète avec obstination son mantra hypnotique "I will forget you piece by piece". On se surprend même à aimer "Love Of My Life", le titre le plus incongru du disque, un rock ultrasaturé, braillard et étouffant qui rappelle étrangement les Pixies et le rock indé américain du début des années 90. Tant pis pour la sobriété et l'élégance intemporelle de Anna Calvi, tant mieux pour le déchaînement de ce solo totalement hendrixien. Le sommet du disque appartient à "Carry Me Over", surprenant de bout en bout. Les nouveautés, tant au niveau de la structure que des instruments utilisés, fonctionnent car il ne s'agit pas (comme pour "One Breath") de parties collées maladroitement entre elles. Le long panoramique de "Carry Me Over" se déploie par progressions et transitions qui donnent toute leur place aux arrangements inédits et aux irruptions de violons psychotiques avant de s'achever dans l'apaisement. À l'écoute de cette chanson cinématographique on se prend à rêver de ce que One Breath aurait pu être si les pistes nouvelles avaient été suivies jusqu'au bout. Si tel avait été le cas, le disque aurait peut-être bénéficié d'une conclusion autre que l'indigent "The Bridge".

Coincé entre la fidélité déclarée aux formes établies par Anna Calvi et le désir de se renouveler, One Breath peine à convaincre totalement malgré des réussites incontestables ("Suddenly", "Carry Me Over"). Il est certain que le grand disque de l'Anglaise reste son premier album, en espérant que la suite éventuelle nous fera mentir.

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