Camel
Stationary Traveller
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1- Pressure Points / 2- Refugee / 3- Vopos / 4- Cloak and Dagger Man / 5- Stationary Traveller / 6- West Berlin / 7- Fingertips / 8- Missing / 9- After Words / 10- Long Goodbyes
Les années 1980 ont été dévastatrices pour bon nombre de groupes de rock, notamment pour ceux qui s’adonnaient au rock progressif durant la décennie précédente. Rien de très novateur que de dresser ce constat, mais il faut le rappeler quand la nostalgie tend à réhabiliter les pires productions de Jethro Tull, de Yes et de Genesis. Insistons aussi pour remettre en cause les mythes du rock néo-progressif, qui bien que né des années 1980 ne s’est épanoui que lors de la décennie suivante, et du Metal progressif qui n’a réellement pris forme qu’à la fin des 80s.
Camel n’échappe pas à la règle même si finalement, le groupe s’en tire avec un bilan assez peu honteux : Nude (1981) était plutôt bon, The Single Factor (1982) était raté mais malencontreusement attribué au combo puisque c’est un album solo de Latimer. Ce dernier est également maître à bord pour Stationary Traveller, accompagné du virtuose néerlandais Ton Scherpenzeel, leader de Kayak, et de Paul Burgess (ex-10cc), deux profils peu rassurants.
L’ambition est pourtant bien présente, puisque Camel s’offre un nouvel album-concept - en 1984, il fallait tout de même oser. Le thème est très politique, abordant les migrations illégales entre l’Est et l’Ouest de Berlin – le Mur était encore solide et peu de visionnaires pensaient qu’il allait tomber cinq ans plus tard.
À l’écoute de l’ouverture "Pressure Points", il est clair que les sonorités 80’s se feront envahissantes, des synthés à la batterie, mais la guitare floydienne de Latimer projette des mélodies agréables – elle représente la plus grande qualité de l’opus. Cette orientation 80’s est oppressante sur l’indigne "Cloak and Dagger Man", passable sur le slow "Fingertips" (ce saxophone…) ou sur "West Berlin", assez kitsch sur "Long Goodbye" et peu convaincante sur "Refugee", un titre à la super Supertramp garni d’une guitare bluesy et sautillante.
Heureusement, cette esthétique est intelligemment mise en place sur le sombre mais dynamique "Vopo’s", ainsi que sur les sympathiques instrumentaux "Missing" et "After Words" (où s’affiche le fameux accordéon de Scherpenzeel), qui demeurent tout de même loin de "Rhayader". Mais miracle, les lignes acoustiques et les mélodies de "Stationary Traveler" évoquent légèrement l’âge d’or du groupe.
Loin d’être un chef-d’œuvre, Stationary Traveler est peut-être ce qu’un groupe de rock progressif des années 1970 pouvait faire de moins pire dans les années 1980. Rien que pour cela, il mérite une écoute curieuse.
À écouter : "Vopo’s", "Stationary Traveler"