Children of the Sün
Roots
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Quand en 2019 Children of the Sün avait publié son premier album chez The Sign records, label défrichant avec goût la scène retro suédoise, il y avait des raisons de voir dans ce nouveau groupe un réel espoir : Flowers, dans un style rock mâtiné de folk et de soul, comportait de belles compositions et témoignait d’un savoir-faire indéniable et fort louable pour une formation dans sa prime jeunesse. Néanmoins, pour se singulariser au sein d’une scène aussi pléthorique et globalement talentueuse, il fallait que les espoirs ici suscités s’actualisent par la suite voire même, que les Enfants du Soleil franchissent un nouveau palier en proposant un album à la fois plus original et plus spectaculaire, même si leur spécifité vient d'une inclinaison penchant davantage vers les 1960’s que les 1970’s.
Vint un single à la fin de l’année 2021, "Gaslighting" qui frôle l’excellence en agençant l’ensemble des substrats esthétiques du groupe (soul, hard-rock …) avec des superbes mélodies sur le refrain. Une mise en bouche exaltante à laquelle répondent ensuite le soin porté à la pochette et le titre de l’album, Roots, qui laissaient supposer la volonté de créer une œuvre complète qui se déclinerait tout au long de leur discographie ; le bleu et les racines répondent au rouge solaire et à la fleur du volet inaugural. Ce sont peut-être des détails mais cela en dit long sur l’ambition portée par la formation.
Alors parlons racines.
Groupe inscrit dans la vague revival, affichant un style néo-hippie des vêtements aux cheveux, Children of the Sün trouve évidemment ses racines dans l’histoire profonde du rock. Néanmoins, ce sont aussi des enfants du siècle, qui avaient déclaré haut et fort leur flamme à Rival Sons, à travers une reprise de "Where I’ve Been" (Great Western Valkyrie, 2014). Cette influence était à peine perceptible sur Flowers, mais elle s’affirme complétement sur Roots, réinvestie avec à-propos puisqu’elle permet au groupe de contraster ses approches en mêlant le folk à des passages plus saturés, exactement comme les frères rivaux (notamment sur Feral Roots). Ainsi vont le somptueux "Reflection", tout en progression, avec un chant surpuissant, "Leaves" et "Thunder" dans un hard-rock 1970’s assumé, "Roots" servant un blues psychédélique (et un beau solo). Mais une version féminine de Rival Sons, absolument convaincante, avec bien sûr ses propres particularités.
Le penchant folk appuyé d’abord, avec "Eden", tout en simplicité, qui fait la part-belle au piano, "Man in the Moon" brumeux et aérien, "In Silva", déclaration d’amour aux zones arborées, entre picking et dialogue des chants féminin et masculin. Une orientation soul ensuite, associée au blues sur "Blood Boils Hot" (quels chœurs !), et sublimée sur "The Soul" évidemment, diablement entêtant. L’hypnotique "Reaching fo the Sun" parvient à mêler habilement ces deux esthétiques pour conclure cet opus remarquable.
Children of the Sün gagne indéniablement en consistance avec ce deuxième album qui ne peut que susciter un consensus parmi les amateurs de rock, voire au-delà. On saluera la performance et le chemin qui a été si rapidement parcouru, la barre est haute désormais mais le groupe a les moyens pour relever, le moment venu, les défis qui s’imposent aux plus grands.
A écouter : "Reflection", "Gaslighting", "Man in the Moon", "Thunder"
