Sanhedrin
Lights On
Produit par
Nous avons parfois eu des mots durs contre certains grands noms de la presse rock, mais nous espérons ne pas avoir été mal interprétés. Si nous brocardons certaines plumes surmédiatisées - pour leur culture de surface, leur fainéantise avérée, leurs compromissions qui ont rendu risibles les magazines auxquels ils participent, et souvent leur comportement caricatural, nous ne nous sentons pas en concurrence avec la presse papier spécialisée quand elle faite avec passion et talent. Au contraire, il y a même de nombreux lecteurs au sein de la rédaction, et c’est toujours avec plaisir que nous parcourons certaines revues installées ou autres parutions à la limite du fanzine. Je pense ici à Rock Hard qui fait de son mieux pour se maintenir à flot, afin de proposer un objet soigné et intéressant, avec des éléments pointus pour chaque scène de la galaxie Hard-Metal. Il est rare de ne pas découvrir une nouvelle formation à se mettre sous la dent et bien souvent, vous en avez un écho sur Albumrock.
C’est ainsi qu’en lisant un des derniers numéros de cette revue, je suis tombé sur une interview de Sanhedrin, un trio new-yorkais qui venait de sortir son troisième album. Le visuel de la pochette et les déclarations d’Erica Stoltz, chanteuse et bassiste du groupe, m’ont fortement incité à jeter une oreille sur cette nouvelle production … Que n’étais-je pas tombé sur Sanhedrin plus tôt ?!
Sanhedrin offre une musique très référencée, dont les diverses inspirations sauteront aux oreilles des amateurs du Heavy des 1980’s, mais le chant féminin d’une part, et l’intelligence avec laquelle le trio navigue dans ces différents répertoires d’autre part, font de Lights On un album de belle facture.
Entre Satan et Saxon, "Correction" ouvre les hostilités en expliquant la marche à suivre, très britannique et très NWOBHM pour un groupe américain : "Lights On" regarde d’ailleurs vers la Vierge de Fer, sans compter les chœurs à la Kiss et le pont arpégé pour permettre de respirer un peu. Sauf que Sanhedrin peut à la fois se montrer plus moderne, quand on pense au riff de "Lost at Sea", suite à l’introduction rushienne ou au solo de "Death Is a Door", et puiser dans les 1970’s, tel l’imparable "Change Takes Forever" qui semble revisiter Led Zeppelin ("Immigrant Song").
Les grands moments se multiplient, l’ambiance plus tamisée de "Code Blues", qui pourrait parfaitement fermer un set, entre le riff typé Accept sur lequel on verrait bien le groupe s’adresser au public ou lors du solo au jeu de batterie taillé pour glorifier les dernières minutes avant de quitter la scène. Epiques, "Scythian Women" s’essaye au Power Metal dans les mélodies, let chœurs ou le solo (Running Wild n’est pas loin, sans le déluge de notes), et "Hero’s End" qui gagne en consistance par son mid-tempo doomesque et ses variations entre les passages éthérés et ceux plus lourds (voire très Heavy en conclusion, pas loin du growl pour le chant).
Entre renouveau Heavy/Doom et célébration des racines 1980’s, quel jugement pour le Sanhedrin nouveau, si ce n’est la reconnaissance pour une Passion mise en scène avec autant de talent ?
A écouter : "Lights On", "Scythian Women", "Code Blue", "Hero’s End"