Chimaira

Chimaira, précurseur de la fusion entre métal (pour les riffs) et hardcore (pour le chant), vient ébranler de bien belle manière l'univers de la musique extrême en ce début d'année 2007 avec son nouvel opus, Resurrection.

Le titre de l'album n'est ici nullement vide de sens : résurrection avant tout comme le retour d'un batteur en la personne de Andols Herrick, qui avait fait grandement défaut à l'album éponyme du groupe par son jeu époustouflant ; résurrection également synonyme de changement de label pour la formation, depuis trop longtemps embourbée au sein de Roadrunner, et qui passe à présent chez Nuclear Blast ; mais résurrection surtout comme un esprit de groupe retrouvé (après que Mark et Chris aient voulu quitter Chimaira) et un album tout à fait exceptionnel en conséquence, à des lustres de son fade prédécesseur.

Bien que la mouvance metalcore, qu'a notamment initié le groupe, prenne une tournure déjà critiquable pour certains (avec des groupes comme Bullet For My Valentine misant sur l'aspect emo, mouvement à la mode, afin de vendre plus aisément, ce qui reste bien entendu contestable...) les membres de Chimaira se sont efforcés de garder leur propre ligne directrice au fil de leurs albums, évoluant toute fois vers un style toujours plus métal que hardcore ; ainsi, cet album regorge de nouveautés telles que la présence d'un chant parfois à la limite du death métal de la part de Mark Hunter et un nombre bien plus important de solos signés Rob Arnold. Le temps du hardcore aux teintes d'indus de Pass Out Of Existence est donc déjà bien loin... Pour palier à ces nouvelles exigences, les 6 se sont octroyés les services de l'excentrique producteur en chaise roulante, Jason Suecof, qui possède son propre studio en Floride et est déjà bien habitué au milieu métalcore en général puisqu' ayant travaillé avec Trivium et autre God Forbid.

Le titre éponyme de l'album met le feu aux poudres ; première constatation, le son est nettement plus puissant que sur les précédents opus : les riffs dévastateurs des deux guitaristes s'enclavent à la perfection avec la double de Andols et les samples apocalyptiques à la Fear Factory (Mark Hunter n'ayant jamais caché sa goût pour l'ancien groupe de Dino Casares). La production de Jason Suecof joue évidemment aussi son rôle ici... Le ton est donc plus que donné en ce début d'album par les paroles de Mark : "We have become... so goddamn powerful !". "Pleasure in Pain" ne fait véritablement figure que de piste de transition, intéressante toutefois, vers l'homonyme du premier titre qu'est "Worthless". L'intérêt de l'album réside plus que jamais dans "Six", car "Six" est un titre auquel Chimaira ne nous a justement pas habitué : un chef d'oeuvre absolu de presque 10 minutes où s'entrecoupent sonorités exotiques, riffs de toute beauté orchestrés par Rob et Matt, et passages hurlés par Mark, Andols étant quand à lui très inspiré sur la fin de la piste. "Killing the Beast" est un titre au sein duquel Mark nous dévoile ses talents de compositeur unique et nous livre un chant groovy étonnement entraînant juste avant "The Flame" qui, après une intro sévèrement glauque, renoue avec des riffs puissants et les solos travaillées de Rob qui vont avec. A écouter également la violente "Needle" qui contient véritablement LE riff de l'album.

Voila une bien jolie surprise en ce début d'année incarnée par Resurrection. Chimaira, dont la notoriété n'est plus à prouver, évolue vers un style toujours plus dantesque pour le bonheur de nos cages à miel et la Chimère semble renaître de ses cendres à l'instar d'un autre animal légendaire. L’album marquera sans conteste l'année 2007... voir ces 5 dernières années...